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Médiatisation de l’e-paper, exemple de L’Express

Par Lorenzo Soccavo

Médiatisation l’e-paper, exemple L’ExpressUn dossier à lire : Le livre numérique pour les nuls, par Guillaume Grallet dans L'Express Livres. Force est de constater depuis quelques semaines une multiplication, en tout cas dans la presse papier, des articles et dossiers consacré à l'avenir du livre en général à l'ère de la numérisation, et donc souvent aux implications de la technologie e-ink/e-paper.

A quoi tient cet engouement ? Effet Kindle ? Je ne pense pas. Le reader d'Amazon a été lancé (et seulement aux États-Unis) en novembre 2007 et nous sommes en mars 2008.
A mon avis et d'après les informations dont je peux disposer, davantage qu'à ce qu'il s'est déjà passé, cet engouement tient bien plus de la communication et de la "pédagogie", entre guillemets, par rapport à ce qu'il se prépare à court terme.

Extraits du dossier de L'Express : « ... «Pour l'instant, nous en sommes encore au stade du Minitel par rapport à l'ordinateur : des objets coûteux, en noir et blanc, et sans véritable ergonomie. Mais d'ici à cinq ans, tout au plus, nous devrions disposer d'appareils aptes à séduire les jeunes générations», diagnostique Stéphanie Van Duin, directrice stratégie et développement du groupe Hachette (Grasset, Fayard, Lattès...). [...] Pourquoi les éditeurs français sont-ils si frileux ?
On ne peut pas dire que l'émergence de l'e-book déchaîne l'enthousiasme à Saint-Germain-des-Prés. Il est vrai que trois piliers immémoriaux de l'économie des lettres risquent, avec son essor, de disparaître : la fabrication du livre, sa distribution vers les librairies et la problématique gestion des invendus. «La dématérialisation du livre pourrait être une catastrophe pour quelques maisons prestigieuses», confie même un observateur. Et cela en raison d'une spécificité bien française : nombre de gros éditeurs, comme Hachette, Gallimard ou Flammarion, contrôlent en effet également les circuits de distribution du livre. Du coup, ces maisons pourraient perdre sur les deux tableaux... » Un dossier à lire ici dans son intégralité...

Un point sur lequel je voudrais apporter ma pierre... On peut lire aussi dans ce dossier de L'Express ce qui suit : « "Mais pour lire les 1 400 pages des Bienveillantes à la maison, rien ne vaudra jamais un Folio" [sic], assure Bruno Rives. Et puis, il y a toute la dimension «sentimentale» de la lecture: un petit écran noir pourra-t-il jamais remplacer le parfum de papier si particulier de ces Liaisons dangereuses en Livre de poche dévorées dans le grenier d'un manoir normand... »
Par expérience personnelle de lecteur, je ne partage pas cet avis.
Il s'avère que j'ai lu Les Bienveillantes, ce fameux roman de Jonathan Littell, Prix Goncourt et Grand Prix du roman de l'Académie Française 2006, sur... mon reader Iliad d'Irex Technologies.
L'expérience est intéressante je trouve, surtout mise en perspective par rapport au dossier de L'Express précisément.

Les faits sont les suivants : j'ai acheté 25 euros le livre papier des éditions Gallimard à la Fnac, puis la rumeur comme quoi une version numérisée pirate circulait sur le Web est venue à mes oreilles, par curiosité et par intérêt professionnel, j'ai recherché, trouvé et téléchargé ce fameux PDF pirate. Je l'ai reformaté au format ebook de Mobipocket puis transféré sur mon reader.
Résultats : certes j'ai bien observé quelques anomalies désagréables dans la gestion des sauts de paragraphes et de pages notamment, mais, par rapport aux pesantes 910 pages de l'exemplaire papier, les 300 grammes et des poussières de ma tablette Iliad et la possibilité d'augmenter la taille de la police de caractère quand mes yeux fatiguaient, ont vraiment fait la différence.
Je suis rentré dans cette histoire, pour le moins troublante, avec les mêmes sensations de révoltes et de malaises, sur papier que sur e-paper.
Dans les deux cas mon expérience de lecteur a été la même. A eu la même intensité.
Conclusion : si je suis content d'avoir le livre papier dans ma bibliothèque, je suis cependant satisfait de l'avoir lu sur ma tablette e-paper.

Aujourd'hui je lis sur ma tablette e-paper, Le juif errant, le roman fleuve d'Eugène Sue, avec le même plaisir. Je l'ai téléchargé gratuitement et en toute légalité (œuvre dans le domaine public) sur le site http://www.ebooksgratuits.com/ et je suis pour ma part fort satisfait de la "mise en e-paper".

N.B. : Il est vrai que Bruno Rives apporte depuis cette précision sur son blog : « L'Express se penche sur le livre électronique [...] Petit complément. J'ajouterais que si j'ai effectivement dit, en voyant la version poche ultra compacte des Bienveillantes, que rien ne vaudra jamais un Folio, je pense que ce n'est vrai qu'en l'état actuel de la technologie et des modèles de distribution de l'encre électronique, et tant que l'édition ne profitera pas de ses bienfaits. »

En conclusion : s'il est indéniable que la technologie e-ink doit s'améliorer (elle le fait et le fera) et si, surtout, la chaîne du livre doit s'adapter, nonobstant, en l'état actuel, la lecture sur ces premiers dispositifs e-paper est déjà... un plaisir.


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