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Les miniers chinois violent la législation du travail en Zambie

Publié le 09 décembre 2011 par Sequovia

Les miniers chinois violent la législation du travail en ZambieL’ONG Human Rights Watch a publié un rapport, basé sur le témoignage de plus de 170 mineurs, sur les conditions de travail dans les exploitations minières chinoises en Zambie. Leur constat : les normes nationales et internationales du travail y sont bafouées, et ce depuis plusieurs années, par les multinationales chinoises implantées en Zambie pour l’exploitation du cuivre.

  • Le rapport de Human Rights Watch

Human Rights Watch est une organisation indépendante dont l’objet principal est la protection et la défense des Droits de l’Homme à travers le monde.

Human Rights Watch a récemment publié un rapport de 122 pages consacré au viol de la législation du travail dans les mines de cuivres chinoises en Zambie. Le rapport est intitulé : « You’ll be fired if you refuse : Labor abuses in Zambia’s Chinese State-owned Copper Mines ».

Selon ce rapport, les compagnies chinoises d’extraction du cuivre implantées en Zambie ne respecteraient pas la législation zambienne du travail, censée garantir la sécurité des travailleurs et les normes internationales du travail. Le président Michael Sata a annoncé vouloir mettre un terme à ces pratiques en améliorant la réglementation gouvernementale relative à l’industrie minière.

Dans son rapport, l’organisation décrit en détail les abus commis par les entreprises chinoises, en particulier les mauvaises conditions d’hygiène et de sécurité, les horaires de travail (12 à 18 heures par jour) et les activités antisyndicales.

Il faut savoir que l’exploitation du cuivre compte pour 75% des exportations en Zambie et deux tiers du revenu du gouvernement central.

Selon Daniel Bekele, responsable de la division Afrique de Human Rights Watch : «Les mineurs travaillant dans les compagnies dirigées par des Chinois sont soumis depuis longtemps à des conditions violant leurs droits en matière de santé, de sécurité et de travail, dans l’indifférence du gouvernement».

Les quatre compagnies mises en cause sont toutes des filiales de la China Non-Ferrous Metals Mining Corporation, qui est une entreprise relevant du plus haut organe exécutif chinois.

Le rapport a été établi grâce aux travaux de recherche de trois missions sur le terrain entre novembre 2010 et juillet 2011 et plus de 170 entretiens avec des mineurs zambiens employés par les compagnies chinoises incriminées et par d’autres multinationales qui exploitent le cuivre à titre de comparaison. Selon un mineur de la NFCA (Non-Ferrous China Africa) : «Parfois, quand vous vous trouvez dans une situation dangereuse, ils vous disent de poursuivre le travail. Ils ne pensent qu’à la production, pas à la sécurité. Si quelqu’un meurt, il peut être remplacé le lendemain. Et si vous signalez le problème, vous perdrez votre emploi».

  • Les mauvaises conditions d’hygiène et de sécurité

L’enquête a fait état de conditions d’hygiène et de sécurité déplorables comme par exemple le manque de ventilation pouvant entraîner de graves maladies pulmonaires, le non-remplacement du matériel défectueux et des menaces de licenciement aux travailleurs refusant de travailler sous terre dans des endroits dangereux. En effet, l’extraction du cuivre est une activité par nature dangereuse, dans des conditions de chaleur extrême et à proximité de produits dangereux. De plus, des pressions sont exercées sur les mineurs pour ne pas reporter les accidents au Département zambien de la sécurité des mines.

Toujours selon Daniel Bekele : «Bon nombre des mauvaises pratiques que nous avons constatées en matière d’hygiène et de sécurité dans les mines de Zambie dirigées par des Chinois rappellent de façon frappante les abus que l’on constate en Chine. Respecter la législation du travail et assurer la sécurité des travailleurs devraient être des pratiques d’exploitation habituelles aussi bien en Chine qu’à l’étranger, et elles ne devraient pas être considérées comme de fâcheux obstacles à des profits plus importants».

  • Horaires de travail illégaux

Les horaires imposés aux mineurs dépassent largement ceux imposés par la législation. En effet, les employés de la Sino Metal doivent effectuer 5 postes de 12h d’affilé par semaine, avec un poste supplémentaire de 18h lors du roulement entre l’équipe de jour et l’équipe de nuit. Ils doivent aussi travailler toute l’année sans un seul jour de congé.

Ces horaires difficiles facilitent d’autant plus la survenue d’accidents. Sans compter que les heures supplémentaires ne sont pas bien payées, et que le salaire des mineurs de ces entreprises est largement inférieur à celui des mineurs des autres entreprises d’extraction.

  • Activités antisyndicales

Plusieurs mineurs ont entamé une grève suite à l’élection du nouveau gouvernement, en espérant une amélioration de leurs conditions de travail. A la suite de cela, la NFCA a licencié plus de 1 000 grévistes. Ils ont été réintégrés suite aux pressions du gouvernement, mais l’entreprise minière chinoise a déclaré que les «fauteurs de trouble» seraient tenus à l’œil et punis.

Les entreprises chinoises usent de menaces et intimidations pour empêcher les travailleurs zambiens d’exercer leur droit d’adhérer à une organisation syndicale. Plusieurs représentants syndicaux ont été victimes de représailles pour avoir osé s’exprimer haut et fort (comme des retenues sur salaire ou des refus de renouvellement de contrat).

  • La responsabilité du gouvernement zambien

Quelques améliorations dans les conditions de travail ont pu être constatées depuis 2003, mais la situation n’est toujours pas acceptable puisque les normes nationales et internationales du travail ne sont pas respectées.

Selon Human Rights Watch, c’est au gouvernement zambien d’agir puisqu’il n’est pas capable de faire appliquer la législation du travail, pourtant assez stricte sur le papier. C’est le Département de la sécurité des Mines (au sein du Ministère des Mines et de l’exploitation des ressources minérales) qui est en charge de cette question. Mais ce département, qui manque d’effectifs et de fonds, est accusé par les mineurs d’être corrompu. En effet, peu d’inspections sont effectuées et le montant des amendes qu’il peut infliger est très bas et n’a aucun effet dissuasif.

Pour conclure sur cette question, Daniel Bekele déclare : «Plutôt que de se contenter de blâmer les entreprises dirigées par des Chinois, le Président Sata doit veiller à ce que son gouvernement protège véritablement les droits des travailleurs. Il faut que des mesures plus rigoureuses soient prises à l’encontre de toutes les firmes qui bafouent la législation du travail et les réglementations en matière d’exploitation minière».

  • Avis Sequovia

Les entreprises minières chinoises sont particulièrement prospères en Zambie, et le gouvernement chinois se défend des accusations de Human Rights Watch en affirmant travailler en parfaite coopération avec les pays africains. Or, plusieurs plaintes ont été déposées contre des entreprises chinoises dans d’autres pays d’Afrique, au Zimbabwe et en RDC.

Il est vrai que les investissements chinois ont offert des opportunités à des pays très pauvres, et que les employés zambiens sont souvent prêts à travailler à n’importe quel prix. Mais cela n’excuse pas la violation des normes nationales et internationales du travail, et les entreprises incriminées continueront ces pratiques tant qu’elles n’auront pas de représailles du gouvernement zambien. Human Rights Watch a promis de rester vigilant sur cette question, suite aux promesses du nouveau président par rapport à la réglementation.


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