Du M.L.N.J. au M.L.P.N. ?

Dettes souveraines… Merkozy… Sofitel et Carlton… Printemps arabe… Guerres tribales… On amuse le peuple avec des broutilles pour l’empêcher de se scandaliser devant les vrais problèmes, ceux qui perturbent, voire empoisonnent sa vie quotidienne.

Le glorieux M.L.N.J. (Mouvement de Libération des Nains de Jardin) de jadis oeuvra avec ferveur et efficacité pour délivrer des milliers de créatures pacifiques (pacifisme allant parfois jusqu’’à une totale passivité) odieusement captives de jardins et jardinets urbains ou péri-urbains. Nul, jusqu’à l’éveil de quelques consciences plus lucides et plus passionnées de justice que les autres, ne s’était jusque-là offusqué de ce très choquant déni de l’un des droits humains les plus fondamentaux : la liberté. N’oublions jamais que leur action courageuse a permis non seulement le retour de nos frères les nains dans les profondeurs sylvestres d’où ils n’auraient jamais dû être arrachés, mais aussi l’intégration de ceux qui le désiraient dans tous les rouages de nos sociétés modernes. L’un d’eux a même fini par accéder à la fonction politique suprême de notre pays.

Ce combat admirable fait maintenant partie de l’Histoire. Ceux qui l’ont mené sont fatigués, démobilisés, plus ou moins retirés de tout activisme militant. Il appartient donc aux générations montantes de reprendre le flambeau de la contestation et de la lutte. Aujourd’hui un autre scandale éclabousse chaque jour la surface trop lisse de nos bonnes consciences.

Il suffit de lever les yeux dans les rues de nos villes, de nos banlieues, de nos villages. Et que voyons-nous ? Des milliers de Père Noël, plus ou moins grands, plus ou moins beaux, qui essaient désespérément de s’échapper des milliers de façades où ils ont été lâchement ligotés. Et que dire des rennes, des traîneaux, des bonhommes de neige et des sapins en guirlandes lumineuses multicolores qui essaient vainement de cacher leur détresse derrière une gaieté parfaitement factice ?

Ils n’ont rien à faire là. Certains même leur reprochent leur épouvantable laideur, incapables qu’ils sont de replacer cette laideur dans le contexte qui la justifie : la souffrance et ses stigmates. Leur statut d’esclaves, pour ne pas dire d’Untermenschen, les humilie d’autant plus qu’ils ne sont même plus habilités à symboliser autre chose que la pire des vulgarités.

Laisserons-nous longtemps perdurer ce scandale récurrent ?

Il est temps que des âmes courageuses se dressent devant l’injustice et se constituent en M.L.P.N.

Le M.L.N.J. a donné à la France un président de la République. Le M.L.P.N. nous donnera-t-il en 2012 un Père Noël qui nous fera croire en lui ?

Maurice Claqueboudin