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Nos dettes, notre croix, comment s'en débarrasser?

Publié le 10 décembre 2011 par Rcoutouly

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Un récent article de Thibaut Schepman sur les alternatives à la crise actuelle mérite qu'on le commente. Dans cet article, il est cherché des solutions à nos problèmes. Fidèle à la démarche de Terraéco, le journaliste ne cherche pas à isoler crise économique et écologique, il sait que les deux sont liées : la crise écologique nécessite des investissements, la crise financière est une crise de la dette. On n'investira pas dans l'économie "verte" si on n'a pas régler le problème de la dette. 

Mais les deux solutions qui sont présentés sont des outils purement économiques; où est passé l'écologie? Et puis, ces deux outils sont très discutables, l'auteur le reconnaît volontiers, puisqu'il explique et détaille les inconvénients de ces deux démarches qui sont mal-aimés de la majorité des économistes.

De quoi s'agit-il? Première proposition:  faire tourner la planche à billets, suivant en cela les propositions de Grandjean et Jancovici qui estiment que la crise écologique mérite une réponse à la hauteur des enjeux et qui proposent d'utiliser la création monétaire, comme l'ont fait les alliés pendant la seconde guerre mondiale, pour répondre aux défis du réchauffement climatique. Deuxième proposition: annuler les dettes pour repartir à zéro, faire table rase du passé, en ruinant au passage les riches qui y laisseront des plumes.

Ces deux démarches économiques sont vieilles comme le monde: elles furent utilisées par la Révolution Française et par Napoléon, elles furent utilisées par les rois de France et d'Angleterre pendant la guerre de cent ans : comment auraient-ils pu, sans cela, financer plus d'un siècles de désastre? Mais ils pouvaient le faire dans des cadres économiques nationaux.

Ces deux démarches ont en commun la nécessité de "casser" le cadre économique autour duquel nous avons su bâtir notre prospérité dans la seconde moitié du XXéme siècle: pas d'inflation, une stabilité qui donne confiance aux investisseurs. Dans une économie mondialisée comme celle que nous vivons, l'inflation et l'annulation des dettes peuvent facilement faire "partir en vrille" nos économies qui se retrouveraient déclassifiées et décrédibilisées sur la scène mondiale. Pensons à l'Argentine qui, en 1998, a connu cette crise et qui a mis péniblement  dix ans à remonter la pente.

La seule situation dans laquelle ces démarches extrêmes ont leur intérêt, c'est quand la crise est généralisée, en cas de guerre par exemple. La comparaison de Jancovici et Grandjean avec la seconde guerre mondiale est crédible, si on veut bien considérer que la planche à billets utilisées par les Européens et les Américains à la fin de la guerre venait après une guerre mondiale : on peut alors effacer l'ardoise à tout le monde, puisque tous les peuples ont souffert.

La conséquence de cette politique risque donc de faire de l'Europe une puissance de second rang, -ce qu'est devenu l'Argentine- pendant que le Brésil lui passait allègrement devant. Et cela, sans résoudre la crise écologique puisque, ruinée, l'Europe n'aurait plus les moyens de mener la transition vers une économie décarbonée.

Alors, gardons ces politiques extrêmes en réserve, elles serviront peut-être si les crises économiques et écologiques se conjugent et se généralisent  à l'ensemble de la planète, ce qui est une éventualité plausible dans les années qui viennent.

Que faire alors aujourd'hui? Comment trouver de l'argent pour à la fois relancer nos économies et entamer la transition écologique? Je propose, pour ma part, d'utiliser pour cela la fiscalité environnementale.  En instaurant des contributions écologiques progressives, en utilisant cet argent exclusivement pour investir dans l'économie verte, en instaurant, en parallèle, une taxation des flux financiers  dont l'unique utilité sera de rembourser le capital de nos emprunts, on déclenche une dynamique positive, un cercle vertueux. 

Cette démarche présente l'avantage de donner un avantage à celui qui se lance le premier. Les Européens sont pénalisés par la nécessité d'avancer ensemble. La double démarche fiscale, que je propose, est unilatérale et fait de son promoteur un précurseur qui sera suivi par les autres. Cette méthode ne détruit pas le cadre économique qui est le nôtre, elle le transcende et permet d'ouvrir des perspectives pour sortir par le haut des crises qui nous plombent. Elle réconcilie la résolution de notre crise financière et la nécessité d'avancer sur le terrain de la transition écologique.

En effet, les contributions incitatives écologiques ont un autre avantage : elles permettent de donner un prix au carbone et donc d'entamer la sortie de l'économie carbonée. Elles fournissent, dans le même temps, les moyens financiers de payer les investissements nécessaires, en rendant aux acteurs économiques concernés, les produits de la taxation carbone. 

Sortir des pièges financiers et environnementaux dans lesquels nous nous sommes englués nécessite une stratégie globale, une politique volontariste qui utilise de nouveaux outils politiques innovants : la fiscalité environnementale a un rôle déterminant à jouer dans cette révolution économique.


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