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Les vergers de Marpha

Publié le 05 juillet 2007 par Yvan

116.jpg Pommiers en fleurs dans la région de Marpha, à l'arrière plan Nilgiri North (7061 m)
Jomosom est une grosse bourgade dénuée de charme qui s'étend de part et d'autre de la Kali Gandaki. La rive gauche est essentiellement occupée par des parcelles cultivées, tandis que sur la rive droite file la rue principale bordée de commerces, de petits hôtels, d'agences de voyage, de bâtiments officiels et même d'établissements bancaires. C'est en effet la capitale administrative du district de Mustang.
Un casernement, laid comme le sont tous les casernements, est établi en plein milieu de la localité et participe grandement à la défigurer avec son enceinte grise surmontée de rouleaux de barbelés. "No photo, Sir !", avise d'un sourire bienveillant l'un des deux plantons postés devant l'entrée lorsque Jussi fait mine de sortir son Nikon. Ce terrain parsemé de bâtiments disgracieux fait sans nul doute partie des sites sensibles du Népal qu'il est strictement prohibé de photographier. A sa lisière nord, se dresse une falaise dont la face est barrée d'un tag géant la désignant comme un climbing wall. Une école d'esacalade !... Mais exclusivement réservée à l'entraînement des militaires, nous précise la sentinelle. Dommage, j'aurais bien fait un petit stage d'escalade dans ce bled...
La situation géographique de Jomosom, ultime localité d'importance sur la piste du Nord Mustang qui  se poursuit jusqu'à la frontière chinoise, lui confère un rôle stratégique de contrôle... Or, cette implantation militaire ferait-elle le poids s'il prenait un jour à la Chine l'idée d'envahir le Mustang ? ironisons-nous face aux dérisoires moyens de protection et de défense dont elle dispose.
Le nord du district recouvre le Mustang proprement dit, ancien royaume himalayen indépendant et quasiment autarcique, enfoncé comme un coin dans le territoire "chinois". Son ouverture aux étrangers date d'à peine cinquante ans (cf. l'ouvrage de Michel Peissel Mustang : royaume interdit), tandis qu'aujourd'hui il faut dépenser des sommes fabuleuses pour obtenir un permis qui permet de pousser jusqu'à Lo Manthang, la "capitale" historique du Royaume, dans le cadre exclusif de circuits organisés par des agences. Tourisme élitiste, à l'instar du Bouthan...
A sortie sud de la ville se trouve l'aéroport, dotée d'une piste de cinq cents mètres, desservi par des vols réguliers au départ de Kathmandu et de Pokhara. C'était, au coeur de cette région au relief tourmenté, l'unique site propice à accueillir une telle infrastructure - où pourrait-on trouver ailleurs cinq hectares de terrain plat ?
Nous n'éprouvons aucun désir de nous attarder à Jomosom mais nos estomacs criant famine, nous nous octroyons pourtant une pause lunch dans l'un des nombreux hôtels restaurants qui se succèdent le long de la grand'rue.
122.jpg A l'entrée de Marpha, un verre de jus de pommes pour le trekker assoiffé
Le trek se poursuit en terrain plat et facile. La marche y est plutôt relaxante, par comparaison aux journées précédentes. Bientoôt se dévoilent vers le sud de nouvelles montagnes, le massif des Nilgiri (Montagnes bleues), culminant à plus de sept mille mètres.
Nous commençons de croiser des touristes qui remontent la vallée, des caravanes de mules et... des motocyclettes ! Ainsi que des saddhu (ascète hindouiste) se rendant en pélerinage à Muktinath afin d'y révérer la flamme sacrée qui brûle à l'intérieur de Jwala Mai Temple, à la fois sur les eaux, les pierres et la terre.
A l'approche de Marpha, voici qu'apparaissent les premiers vergers où les pommiers sont en floraison et égayent le paysage de taches roses. Face à ce paysage ô combien apaisant, j'ai peine à imaginer qu'hier encore j'évoluais au sein d'un univers de glace et de rocs. Quel incroyable contraste ! Mais le Népal est ainsi étagé qu'en quelques heures on passe des sublimes pentes des sommets himalayens, inhumaines sous bien des aspects, aux collines et vallées accueillantes occupées par les forêts, les cultures et les hommes. Et je sais déjà que dans deux jours, j'aborderai la zone tropicale où croissent bananiers, orangers et bambous, sous une chaleur qui sait parfois se faire torride.
Nombre de parcelles cultivées se tiennent sur la rive droite de la Kali Gandaki, mais la spécialité locale c'est bien la pomme, dont la réputation s'étend à l'ensemble du pays. Les fruits sont généralement bienvenus lorque l'on vient de trekker plus d'une semaine en altitude sans avoir eu la moindre possibilité d'en goûter. Aussi les pommes de Marpha sont-elles particulièrement mises en valeur auprès des touristes et figurent-elles au menu de tout lodge qui se respecte, sous forme par exemple de succulents apple-pies ou de boissons rafraîchissantes telles le cidre ou le jus de pommes.
A l'entrée du village, mes compagnons et moi nous séparons, je décide de faire étape pour goûter à la douceur de vivre que m'inspire le lieu, tandis qu'eux poursuivent leur route. A la première auberge venue, je me délecte naturellement d'un bon jus de pommes, ce qui me change un brin des sempiternelles tasses de thé.
125.jpg Rencontre à Marpha


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