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Banderille n°378 : P.S, maison close

Publié le 12 décembre 2011 par Toreador

Vive François Hollandix, notre chef !

Il y a un peu plus d'un mois, le Parti Socialiste mettait la dernière main à l'exercice d'auto-promotion censé forger une légende dont on fait les mythes : la primaire socialiste et citoyenne, grande réussite de la Gauche, avec, acclamé par la France, le nouveau champion de Solférino : François Hollande.

Je n'étais pas convaincu. Je le suis encore moins aujourd'hui : à croire que le Parti adore démolir ce qu'il a patiemment contribué à édifier pendant plusieurs mois. Ainsi, on aura remarqué que Martine Aubry semble avoir décidé de "prendre en main" les investitures aux législatives, ce qui a contribué à raidir les Hollandais, en imposant un "pack" de députés réputés proches d'elle. Pendant ce temps-là, Montebourg, autre grand prédateur de la primaire, s'est mis à publiquement flinguer Jack Lang. Enfin, le déballage fait par DSK contribue à alimenter la psychose politique ordinaire. 

Au milieu de tout ce bazar, Hollande s'est retiré sur son Aventin. Il dialogue "avec la France", et pas avec le parti. Certes, c'est une posture qui est légitime, mais qui traduit surtout le fait qu'il n'a pas du tout la main sur la machine socialiste. Les camarades se comportent un peu comme leurs collègues Verts : après avoir porté sur le grand pavois l'un des leurs, ils s'ingénient à le déséquilibrer pour le faire chuter. 

A la soupe (ou à la gamelle)

En réalité, deux mouvements puissants sont à l'oeuvre : premièrement, l'incapacité congénitale qu'a le parti socialiste d'accepter que la présidentialisation n'est pas un exercice de démocratie collective mais un sacre individuel, qui débouche fondamentalement sur un fonctionnement hiérarchique et autoritaire. La présidentielle est un exercice qui fait d'un homme un élu thaumaturge, au-dessus du corps national. Il divinise et sacralise. Or, la Gauche déteste l'idée de se doter d'un chef. On l'élit pour mieux l'abandonner au milieu de la traversée du Désert, comme Moise

Deuxièmement, une poussée de testostérone de la part des étalons affamés que sont les apparatchiks, privés de sexe pouvoir depuis bientot 10 ans. Les Verts-galants sont obnubilés par leurs circonscriptions, Eva Joly n'ayant aucune chance de toutes manières de rentrer à l'Elysée : elle n'est que le cache-sexe de leurs intentions électorales, le pied de biche qu'ils comptent utiliser pour défoncer la porte blindée du trésor législatif. 

Les socialistes, également, salivent déjà. Le Sénat fut leur viagra – Ils veulent verrouiller les législatives : puisque Martine a perdu la compétition, elle se préserve un avenir en imposant un quarteron de jeunes loups qui seront ses affidés en cas de victoire de François Hollande. Montebourg, qui ne supporte plus d'etre relégué au second plan, joue quant à lui la partition suicidaire du troisième homme : qu'Hollande perde, et Montebourg pourra renverser la vieille table vermoulue ; qu'Hollande gagne et il aura montré qu'il est dangereux de le laisser de coté. 

Entre deux passes, on change les draps

Au milieu de ces coteries, il n'y a finalement que deux gusses qui ont joué le jeu : Manuel Valls, qui a décidé d'une stratégie inverse en se réinventant comme la geisha soumise et adroite qui ensorcelle le candidat : à défaut d'etre l'epouse légitime, il se love au plus profond des canapés de la Hollandie pour mieux faire oublier son passé de compétiteur ; et Fabius, increvable, inaltérable, qui se pose en chaperonne anglaise – il se dit qu'il pourrait etre à Hollande ce que Juppé fut à Sarkozy. 

Le maitre, lui, ne dit rien. Sans doute, attend-t-il son heure : élu président, il pourra remettre en question les accords législatifs passés par Martine. Un Roi de France n'a pas à tenir les promesses d'un Duc d'Orléans. Et puis, entre les présidentielles et les législatives, il y aura un peu de temps – entre deux passes, on change les draps. 

Voilà qui promet en tous les cas un beau bordel en cas de victoire de Hollande !

Sujets: Banderille, Toréador critique la Gauche | No Comments »


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