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"Nicolas Sarkozy divise et veut faire peur. François Hollande veut redresser notre pays et apporte l’espoir."

Publié le 14 décembre 2011 par Aurelinfo

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel présentent leur accord pour un nouveau traité comme un sauvetage de l’euro et de l’Europe, qu’en pensez-vous ?

Se lancer dans une révision des traités est aussi inefficace qu’inutile. Inefficace car on ne maîtrise ni le délai de révision ni l’issue de la révision d’un traité : c’est maintenant qu’il faut agir. Inutile car des réponses existent sans révision des traités. Et aussi dangereux parce que par cette réforme, le duo Sarkozy-Merkel veut accroître la mainmise de la technocratie et des marchés sur les citoyens. Il veut une Europe technocratique et libérale. Avec François Hollande, nous défendons une Europe démocratique, économique et sociale. La responsabilité, c’est de faire ce qui aurait dû être fait depuis 2008 : éteindre la spéculation contre les états endettés, grâce aux euro-obligations et à l’intervention de la BCE, et instaurer sans délai la taxe sur les transactions financières qui permettra de financer des investissements d’avenir et la réduction des déficits.

Y a-t-il un risque de rouvrir pendant la présidentielle le clivage entre partisans du oui et du non à gauche ?

Au Parti socialiste, ce débat est derrière nous. Nous sommes tous d’accord pour donner à l’Europe une autre direction, des institutions responsables devant le peuple, un vrai gouvernement économique pour l’emploi et pour préparer l’avenir, une harmonisation fiscale et sociale, et une protection commerciale de nos entreprises et de nos emplois en imposant des règles de réciprocité aux pays qui nous font de la mauvaise concurrence en ne respectant pas les normes sociales et environnementales. Ceux qui à droite rouvrent ce débat pour des raisons électoralistes laissent à penser que l’Europe est impuissante à agir, ce qui fait le lit du Front national, alors que nous, nous croyons à la capacité du politique de reprendre en main notre destin. Depuis le début de la crise, l’Europe n’a vu que des pompiers et des comptables, agissant tardivement et insuffisamment, alors qu’elle a besoin d’architectes et de vision politique.

Vous dénoncez une abdication de Sarkozy face à Merkel. Il n’y a donc rien à sauver du modèle économique allemand…

J’aurais aimé que M. Sarkozy s’inspire de l’Allemagne quand elle soutient ses PME, quand elle booste sa recherche et la formation de ses salariés, quand elle finance le chômage partiel pour sauver les emplois. Il n’a malheureusement pas choisi de retenir ce qui est positif dans le modèle allemand, mais de s’aligner sur la libérale Mme Merkel. L’Europe a besoin d’une amitié franco-allemande, mais aussi de deux pays qui se parlent d’égal à égal, et qui sont ouverts aux autres. Nous en sommes loin.

Le futur traité prévoit des règles d’or renforcées dans les Etats membres et Nicolas Sarkozy souhaite une union nationale pour la voter. Le PS peut-il refuser ?

La règle d’or, c’est la même histoire que la révision des traités : on veut nous faire croire que l’on ferait demain ce qu’on n’a pas fait depuis des années. La droite a doublé la dette. M. Sarkozy a distribué 75 milliards de cadeaux fiscaux sans en avoir le financement, et en faisant payer toutes ses largesses par une cure d’austérité infligée aux classes populaires et moyennes. Le pays et l’Europe n’ont pas besoin de nouvelles batailles juridiques sur des règles qui s’appliqueront demain ou après-demain, mais d’une bataille économique contre la récession et le chômage, aux côtés d’une réduction de la dette.

A peine l’accord franco-allemand connu, Standard and Poor’s annonce qu’il s’apprête à dégrader de deux crans le triple A de la France. Est-ce mérité ?

Aucun responsable ne peut souhaiter une dégradation de la note de notre pays. Ce sont d’ailleurs les Français qui en subiraient les conséquences par une augmentation des taux d’intérêt. Ce qui est clair, c’est qu’aujourd’hui la France est affaiblie par une mauvaise gestion financière et par une mauvaise politique économique. Il faudrait en changer et pourtant le Président persiste dans des politiques de stricte austérité qui nous mènent au mur.

L’antisarkozysme suffit-il pour gagner ?

Les Français n’ont pas besoin de nous pour mesurer l’échec considérable de M. Sarkozy. Ils le vivent, que ce soit le chômage, la perte de pouvoir d’achat, la casse des services publics ou l’insécurité. En revanche, ils nous demandent de montrer qu’il y a un autre chemin possible pour sortir de la crise et pour mettre en place un nouveau modèle de développement économique, social et écologique, et une société plus démocratique et plus solidaire. Nicolas Sarkozy divise et veut faire peur. François Hollande veut redresser notre pays et apporte l’espoir.

Après l’engouement suscité par la primaire, la campagne de François Hollande semble s’essouffler…

Après trois mois de primaires, où nous avons porté haut nos convictions de gauche et redonné aux Français confiance en la politique, il me paraît pour le moins normal que François Hollande ait pris trois semaines pour organiser ses équipes et sa campagne. Il veut imprimer à la fois son style et son calendrier. Il a raison. La brutalité et la violence des attaques de la droite montrent bien d’ailleurs son inquiétude et sa fébrilité.

Comment travaillez-vous avec lui ?

De manière très proche et dans la confiance. On se parle en continu et on se voit chaque semaine. Tout le parti est mobilisé pour que François Hollande gagne en 2012.

Le lien entre le PS et le candidat a toujours été un enjeu pendant la présidentielle. Comment faire pour que cette fois cela fonctionne ?

Depuis trois ans, je me suis attachée à ce que nous ayons toutes les cartes en main pour réussir. Les conditions sont en place pour que notre candidat gagne la présidentielle. Nous nous sommes rassemblés ; nous avons remporté tous les scrutins intermédiaires ; nous avons élaboré un projet qui est un socle solide pour la plate-forme présidentielle et nous avons jeté des ponts solides à gauche avec nos partenaires pour construire demain une majorité parlementaire, que ce soit avec le PRG par la participation à nos primaires, ou avec l’accord conclu avec les écologistes. Nous continuons.

L’accord électoral avec les écologistes suscite pas mal de rancœur au PS…

Pour gagner demain et pour gouverner dans la durée, il faut, avec nos partenaires, un accord programmatique, mais aussi un accord électoral. Il est normal qu’il y ait quelques grincements de la part de camarades qui s’étaient préparés à une investiture, mais je pense que chacun doit savoir qu’en tant que parti central à gauche, c’est à nous de conduire le rassemblement. C’est ce que je fais, en lien direct et permanent avec François Hollande.

Vous dites que vous voulez être «la première militante de la victoire» de Hollande, en quoi cela consiste-t-il ?

Mon rôle, c’est de mobiliser l’ensemble du PS, mais aussi de la gauche et de la société civile, derrière François Hollande. Je ferai une campagne de terrain, dès janvier. Je vais aussi poursuivre le travail que nous avons initié au parti, sur des questions comme la réforme fiscale, où il faut aller au-delà des grands principes et des grandes propositions déjà faites, pour arriver à une réforme qui soit prête à être mise en œuvre dès l’été.

Comment avez-vous vécu votre défaite à la primaire ?

De la déception, bien sûr. Mais chez moi, le combat politique et pour mes idées a toujours primé sur ma situation personnelle. Les Français de gauche ont choisi. C’est la démocratie. Dès le dimanche soir du second tour, immédiatement j’ai dit : «François est notre candidat, on y va, on continue !»

Est-ce que vous vous êtes dit : «Il m’a manqué deux mois» ?

Je ne le crois pas. J’ai fait cette campagne avec mes convictions et beaucoup d’enthousiasme. Beaucoup de gens que je rencontre me disent «bravo, vous avez redonné confiance en la gauche, on compte sur vous». Ils savent qu’ils peuvent compter sur moi.

Vous voyez-vous comme Hillary Clinton à la tête d’un gros ministère ?

Je ne pense pas à cela. Dans ma vie politique, je n’ai jamais fait de plan de carrière, j’ai toujours essayé d’être d’abord utile là où j’étais. Aujourd’hui mon seul souci, c’est que François Hollande soit élu, qu’on gagne largement les législatives et qu’on ait les moyens de changer notre pays le plus vite possible. 

Source : FH2012


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