Xe festival de la biographie à Nîmes

Le Xe festival de la biographie se tenait ce week-end au Carré d’Art à Nîmes.

Comme en 2007, je m’y suis rendu à diverses reprises : je n’ai aucun mérite, j’habite à deux pas.

Qul bilan tirer de l’édition 2008?

D’abord, j’ai acheté à cette occasion plusieurs livres :

- Jean-Denis Bredin, de l’Académie française, m’a dédicacé Trop bien élevé (Grasset) récit proustien qui relate les quatorze premières années de sa vie, 1929 à 1943, dans sa famille de condition bourgeoise, son père était industriel ; j’y lis cette phrase qui trouve un écho en moi :

« Sans le savoir, je souffrais déjà de cette infirmité qui devait tant compliquer ma vie : je ne savais guère vivre au présent »

- Marie-Dominique Lelièvre, qui écrit des portraits de personnalités pour Libération, et dont j’avais lu avec plaisir, il y a quelques années, Gainsbourg sans filtre (1), m’a dédicacé Sagan à toute allure qu’elle publie chez Denoël, biographie dont la critique a dit le plus grand bien ;

- Michel Piquemal que j’ai connu vers 1961-1962! à l’école Louis Blanc à Béziers a dédicacé pour mon frère aîné Paroles Indiennes, textes indiens d’Amérique du Nord (Albin Michel) ;

- Hervé Vilard a dédicacé pour mon frère cadet Le bal des papillons, autobiographie du chanteur à succès(Fayard).

Enfin, bien qu’il ne fût pas présent au salon, j’ai acheté grâce à mon libraire Vincent Teissier, qui est allé me le chercher de derrière les fagots, Chronique du règne de Nicolas Ier (Grasset) du toujours redoutable Patrick Rambaud, l’anti-Guaino!

J’ai aussi bavardé avec Simone Bertière, ex-professeur de lettres modernes, elle faisait la préparation d’hypokhâgne dans un lycée de Bordeaux m’a-t-elle expliqué, elle-aussi publie une biographie : Mazarin le maître du jeu (éditions de Fallois). A ma question quelque peu incongrue : comment se fait-il qu’autant de cardinaux aient eu des maîtresses (je pensais notamment au cardinal de Retz), elle me répond (et répond donc de Mazarin!) que le cardinal dont elle retrace la vie n’en a pas eu ( “eu”, ici, est invariable).

Signalons également la présence de Simone Mazauric (2) qui, de son côté, s’est intéressée à la vie d’un grand philosophe, Fontenelle [1657-1757] et l’invention de l’histoire des sciences à l’aube des Lumières (essai publié chez Fayard), Fontenelle que l’on rapproche souvent de Pierre Bayle dont il fut le contemporain (voir billet précédent).

La présidence de ce Xe festival, créé en 1999 par la municipalité de gauche co-dirigée par mes amis Alain Clary et Alain Fabre-Pujol (l’un et l’autre alors respectivement députés des 1ère et 2ème circonscription du Gard), revenait cette année à deux anciens ministres de l’éducation (les mauvaises langues disent qu’ils n’ont pas été les meilleurs à ce poste …) : Claude Allègre et Luc Ferry. 

A l’occasion de la remise du prix de la biographie du Point, partenaire du salon, Luc Ferry a déclaré qu’il avait été marqué par deux biographies, l’une de Daniel Halévy consacrée à Nietzsche et l’autre de Pierre Milza à Voltaire.

Cette année le prix est revenu à deux journalistes, Olivier Philipponnat et Patrick Lienhardt, pour La vie d’Irène Némirovsky (Grasset/Denoël), auteur à succès des années trente (3) disparue à Auschwitz en 1942 à l’âge de trente-neuf ans. Le prix Renaudot avait été décerné à titre posthume, en 2004, à son livre qui évoque l’exode de 1940 : Suite française (4).

Sinon à mon goût, encore trop de people, gens de la sous-culture sarkozyste et contemporaine, de gens de la télévision telle qu’elle est aujourd’hui (c’est tout dire!) et de journalistes au détriment de gens de plume, véritables écrivains.

C’est dommage! 

Notes

(1) Marie-Dominique m’a dit qu’il allait être réédité en livre de poche

(2) belle-mère de l’éditrice Marion Mazauric (« Le Diable Vauvert »)

(3) cf. David Golder (1929) et Le bal (1930)

(4) sur le même thème, lire L’étrange défaite de Marc Bloch (1886-1944) qui traite aussi de l’exode de mai-juin 40