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De la politique monétaire (six)

Publié le 05 février 2008 par Saucrates


La crise financière de l'été sur le marché du subprime américain est revenue au centre de l'actualité en ces premiers jours de novembre 2007, à l'occasion des publications des résultats trimestriels des grands établissements bancaires américains. Les banques américaines ont dû provisionner au troisième trimestre des montants importants au titre des risques de crédit élevés pris sur le marché du subprime. La défiance à l'encontre des banques américaines gagnent également les bourses européennes, les cours des grandes banques européennes ont également fortement reculé depuis le mois de juillet 2007.
Le pire est toutefois que le marché américain immobilier est très loin d'être tiré d'affaire, car la crise du subprime est loin d'être terminé ... de très nombreuses opérations risquent de devoir se dénouer au cours des prochains semestres, en raison de la très forte progression de l'activité subprime au cours des années 2006 et 2007, qui ne pouvait tenir que grâce à l'envol des prix de l'immobilier. Et nul ne sait non plus si la crise du marché immobilier américain se cantonnera aux seuls crédits subprime, et ne gagnera pas les autres compartiments moins risqués du marché.
Se trouve-t-on une nouvelle fois (mais il vaudrait mieux dire ... toujours) à la veille d'une crise financière majeure du système financier mondial ? Ce qui est seulement certain, c'est que cette crise n'entraînera probablement pas la disparition du l'organisation capitaliste de l'économie mondiale ... Tout au plus, la nouvelle crise financière qui s'annonce entraînera-t-elle un recul des places boursières mondiales, et des pertes importantes pour une majorité d'établissements bancaires occidentaux, synonymes de forte diminution de leur capitalisation. Et elle ne durera guère plus de deux ans, au grand maximum, si elle explose réellement.
Cette crise aura surtout modifié le calendrier des politiques monétaires appliquées par la Réserve Fédérale et par la BCE, en donnant un coup de frein aux relèvements des taux directeurs initiés il y a quatre ans aux Etats-Unis. La BCE et la Réserve Fédérale continuent toutefois de s'alarmer du renchérissement des prix en zone euro (2,6% actuellement) ou en zone dollar, mais ce retour de l'inflation ne les conduit pas à relever leurs taux, avec l'espoir peut-être que le ralentissement économique qui semble se profiler ralentira les véléités inflationnistes des industriels et commerçants.
Par contre, les inquiétudes des marchés financiers au sujet de l'économie américaine, les craintes touchant le marché immobilier et le marché du crédit outre-atlantique, ont entraîné une forte chute du cours de change du dollar américain, qui fleurte désormais avec les 1,47 dollar pour 1 euro (début novembre 2007). Plus qu'une politique volontariste de dévalorisation de leur monnaie par les autorités américaines, cette baisse du dollar traduit surtout une perte de confiance des acteurs des marchés financiers dans le dollar. Au fur et à mesure que l'euro verra se renforcer son statut de monnaie refuge, et d'étalon de valeur international, au détriment du dollar dont c'était le statut antérieur, plus la valeur de change de l'euro se renforcera au détriment du dollar ... Est-il possible d'envisager d'içi quelques années un cours de change de l'euro à 2 ou 3 dollars ? Plausible si les faiblesses de l'économie américaine s'accentuent au cours des prochains semestres. Quelles conséquences cela aura-t-il pour l'économie de la zone euro ? Un déficit de plus en plus massif du commerce extérieur de la zone euro (et du chômage importé), qui serait financé par l'appétît des prêteurs internationaux pour des placements en euro. Mais à l'inverse, les américains seront-ils satisfaits de voir le taux de change du dollar diminuer régulièrement ? Pas si les échanges internationaux cessaient d'être libellés en dollars et commençaient à être libellés en euros. Dans ce cas, les difficultés de financement de leur déficit extérieur et la perte de valeur de leur monnaie commenceront alors à les inquiéter.

Un nouvel ordre mondial approche-t-il ? Au bénéfice de quels pays ? L'Europe de nouveau ? La Chine, l'Inde ou l'Asie plutôt ? Ces derniers utilisent-ils l'arme financière pour déstabiliser les grands pays occidentaux (Etats-Unis aujourd'hui, zone euro demain) ?


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