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Presse de gauche, tu m’emmerdes

Publié le 14 décembre 2011 par Variae

Le texte qui va suivre – j’en suis bien désolé – va s’éloigner des rivages de la rigueur scientifique, ou même journalistique, de ceux de l’objectivité, de l’impartialité, du jugement égal et équitable sur les choses.

 

Presse de gauche, tu m’emmerdes

Toi qui entres ici, oublie chiffres, statistiques, recensements, méthode expérimentale. Tu auras été prévenu : je vais faire parler le ressenti, l’impression (sur le vif), l’impulsion, la subjectivité dans toute sa splendide obscénité.

Postulons donc, à l’emporte-pièce, qu’il existe quelque chose que l’on peut appeler presse de gauche et dont, dans leurs styles respectifs, Libération et Mediapart sont de dignes chefs de file. Postulons aussi qu’il existe réciproquement quelque chose comme une presse de droite, qui a pour fleurons Le Figaro ou Valeurs Actuelles.

Ajoutons à cet échafaudage théorique aventureux une ultime hypothèse : la presse de droite chercher à faire gagner la droite et perdre la gauche, la presse de gauche cherche à faire gagner la gauche et perdre la droite. Normalement.

Prenons alors l’article de Mediapart consacré à la position sur la réforme des retraites de François Hollande, et aux accusations de flou qui l’entourent (accusations que poussent la droite). Son titre : « François Hollande enterre la retraite à 60 ans ». Le pitch : « Une petite « bombe » qui risque de faire beaucoup de bruit à gauche : en quelques mots, il a en effet tout bonnement enterré la retraite à 60 ans, qui faisait pourtant partie des engagements contenus dans le projet du Parti socialiste pour 2012 ». L’analyse : « C’est donc un véritable bouleversement de la position officielle du Parti socialiste qu’engage François Hollande ». Le jugement : François Hollande s’aligne « sur la position du gouvernement et de Nicolas Sarkozy ». Le coup de pied de l’âne : « Ne prenant aucune distance avec les règles de la monarchie républicaine, et les coups de force qu’elles autorisent ».

On comparera ce traitement affectueux avec celui réservé au candidat socialiste par François Fillon : « François Hollande a menti ».

Et je vous épargnerai la lecture du papier de Libération sobrement intitulé, avec l’humour (fin) habituel du quotidien : « Hollande bat en retraite ». Article qui s’ingénie à rechercher une vidéo d’archive pour prouver une modification de la position du candidat.

Voilà pour la presse de gauche, ou du moins ses représentants les plus symboliques. Je te pose alors, lecteur, lectrice, une question simple. Penses-tu que dans une situation comparable, le Figaro mettrait autant d’énergie à démonter, harceler, acculer Nicolas Sarkozy ou François Fillon ? Comme ça, spontanément, sans te lancer dans des recherches approfondies, que répondrais-tu ?

A supposer que tu répondes – comme moi – par la négative, tu vas peut-être me rétorquer immédiatement : oui mais justement, c’est l’honneur de la presse de gauche, d’être une vraie presse, impartiale, d’autant plus objective qu’elle est dure avec son camp, d’autant plus de son camp qu’elle est exigeante avec lui. Une presse libre car de gauche, de gauche car libre.

Et comme le dirait le grand Plenel, le soin qu’elle prend à penser contre elle-même fait toute sa grandeur, justement.

Et puis quoi, ce n’est pas parce qu’elle s’appelle presse de gauche qu’elle veut faire gagner la gauche, hein ? Elle est juste vraiment de gauche. Elle n’est pas aux ordres : elle défend des convictions. Elle, elle, elle, elle protège la gauche politique d’elle-même, elle est sa conscience.

Presse de gauche : tu m’emmerdes.

Romain Pigenel


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