Minuit, chrétiens, c’est l’heure solennelle
Où, dans l’heureux Bethléem, vint au jour
Le messager de la bonne nouvelle
Qui fit, des lois de sang, la loi d’amour.
Le monde entier tressaille d’espérance
A cette nuit qui lui donne un Sauveur.
Peuple, à genoux ! Attends ta délivrance !
Noël, Noël ! Voici le Rédempteur.
De notre foi que la lumière ardente
Nous guide tous au berceau de l’Enfant,
Comme autrefois une étoile brillante
Y conduisit les chefs de l’Orient !
Le roi des rois naît dans une humble crèche.
Puissants du jour, fiers de votre grandeur,
A votre orgueil c’est de là que Dieu prêche :
Courbez vos fronts devant le Rédempteur.
De l’opulence il dédaigne les charmes ;
Toute hauteur s’abaisse devant lui.
De l’infortune il vient sécher les larmes
Et du plus humble il veut être l’appui.
Pauvres souffrants, près de lui dans l’étable
Voyez les rois et le simple pasteur !
Comme eux l’Agneau vous convie à sa table :
Consolez-vous aux pieds du Rédempteur !
Le vieux monde, à sa voix, soudain se régénère,
La terre se fait libre et le ciel est ouvert.
L’homme, sans son esclave, a reconnu son frère,
Et l’amour vient unir ceux qu’enchaînait le fer.
Ah ! laissons éclater notre reconnaissance !
C’est pour nous tous qu’il naît, et qu’il souffre, et qu’il meurt.
Debout, peuple, debout ! Chante ta délivrance !
Noël ! Noël ! Noël ! Chantons le Rédempteur !
Placide Cappeau (XIX siècle).
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