C'est l'une des premières dispositions prises par la DGS, par instruction destinée aux Agences régionales de santé, demandant aux médecins de bien vouloir contacter toutes leurs patientes porteuses des implants PIP, afin de mettre en œuvre les recommandations de l'Afssaps. Car de très nombreuses patientes n'ont jamais eu connaissance de la marque de leurs prothèses et ne savent donc pas qu'elles portent des PIP. L'Institut national du cancer devrait publier d'ici quelques jours de nouvelles recommandations, en particulier sur le principe du retrait, systématique ou non de ces prothèses.
Car, selon ses toutes dernières recommandations du 8 décembre dernier, l'Afssaps ne recommande pas à ce jour le retrait systématique des implants PIP quand cela est envisageable au plan médical, suggérant seulement aux patientes porteuses de prothèses PIP de passer systématiquement un examen clinique et les examens radiologiques appropriés. Si l'Agence conseille d'opter immédiatement pour l'explantation des 2 prothèses, en cas de rupture, suspicion de rupture ou de suintement d'une prothèse, elle suggère d'envisager cette explantation hors de tout signe clinique de détérioration de l'implant, à titre préventif.
Le premier Comité de suivi, mis en place par le Ministère de la Santé et qui s'est tenu mercredi 14 décembre, a révélé avoir eu rapport à ce jour de 8 cas de cancer intervenus chez des femmes porteuses d'implants PIP, alors que jusque-là seuls 4 cas étaient connus : Parmi ces huit cas français recensés, 5 adénocarcinomes, la forme de cancer du sein la plus fréquente, un cas de lymphome anaplasique à grandes cellules (ALCL), suivi d'un décès, un cas de lymphome de l'amygdale et un cas de leucémie. Le bilan est lourd, d'autant que 80% des patientes ont eu recours à ces implants pour des raisons esthétiques, donc « évitables ». Néanmoins le Comité, qui doit recenser l'ensemble des rapports d'effets indésirables liés aux prothèses mammaires, a précisé l'absence de preuves de lien, à ce stade, entre implants PIP et cancers.
Pourquoi si peu de retraits de prothèses PIP ? Rappelons que les dernières données de vigilance publiées par l'Afssaps, mi-avril dernier -après sa suspension d'autorisation de mise sur le marché des prothèses PIP fin mars dernier- avaient confirmé le phénomène de suintement du gel à travers l'enveloppe, et cela jusque sur 11% des prothèses ainsi que des taux de rupture pouvant aller jusqu'à 10%. Depuis cette suspension, seules un peu plus de 500 prothèses auraient été retirées pour environ 20.000 femmes porteuses de d'implants de la société Poly Implant Prothèse (PIP). Le problème est que de nombreuses patientes ignorent la marque de leurs prothèses. Autre question, celle de la prise en charge de l'explantation, actuellement effective qu'en cas de chirurgie réparatrice. Enfin, on parle trop peu des conséquences psychologiques…
Et l'effet génotoxique ? L'Afssaps avait alors écarté un effet génotoxique du gel PIP utilisé, alors que la U.S. Food and Drug Administration (FDA) avait alerté, depuis janvier dernier, sur une association possible entre implants mammaires et une forme rare de cancer, le lymphome anaplasique à grandes cellules (ALCL).
Bientôt de nouvelles recommandations : L'Institut national du cancer (INCa) est chargé d'ici quelques jours de publier de nouvelles recommandations aux professionnels de santé et qui devrait donc statuer sur une explantation systématique ou non de ces prothèses PIP, hors cas particuliers bien sûr.
Sources :Afssaps, FDA « Anaplastic Large Cell Lymphoma (ALCL) », Report all confirmed cases of ALCL in women with breast implants to the FDA, Blood 2008 Jun 15;111(12):5496-504 ALK- anaplastic large-cell lymphoma is clinically and immunophenotypically different from both ALK+ ALCL and peripheral T-cell lymphoma, not otherwise specified: report from the International Peripheral T-Cell Lymphoma Project.Lire aussi :IMPLANTS MAMMAIRES: 8 cas de cancers, qu'attend-on pour recommander le retrait? –
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