Magazine Politique

Crise annoncée en République démocratique du Congo (RDC)

Publié le 15 décembre 2011 par Plusnet
Crise annoncée en République démocratique du Congo (RDC)
Le Devoir en République démocratique du Congo - Le scénario appréhendé a commencé à se réaliser dès l'annonce, vendredi dernier, de la réélection de Joseph Kabila à la tête de la République démocratique du Congo. Sitôt connus ces résultats «complets» quoique encore «provisoires» de l'élection du 28 novembre, qui donnent le président sortant vainqueur avec 49 % des voix contre 32 % pour son principal adversaire, Étienne Tshisekedi, les partisans de ce dernier sont descendus dans les rues de la capitale, Kinshasa, où ils sont très nombreux.
Ces manifestants se sont forcément heurtés à des unités de la police et de l'armée et il y a eu mort d'hommes. Des rues ont été bloquées, des pneus brûlés et de nombreux actes de pillage commis par des casseurs qui n'avaient pas nécessairement des motivations politiques mais qui ont profité du chaos. On a dénombré au moins quatre victimes, sans compter les nombreux blessés, et des coups de feu ont retenti pendant la nuit dans plusieurs quartiers de la capitale, comme a pu le constater le journaliste du Devoir, qui venait de rentrer de Goma dans l'est du pays.
Tshisekedi, un vétéran de la politique congolaise qui avait boycotté le précédent scrutin en 2006, s'est déclaré président de la République vendredi. On s'y attendait puisqu'il s'était dit absolument convaincu de l'emporter à plusieurs reprises au cours de la campagne électorale. Cette autoproclamation, s'ajoutant à son refus de contester les résultats du scrutin devant la Cour suprême, annule pratiquement les appels au «calme» qu'il a lancés sous la pression du Conseil de sécurité de l'ONU et des hauts responsables de la Monusco, la mission de l'organisation internationale en RDC.
Kinshasa, si grouillante en temps normal avec ses 10 millions d'habitants, s'est transformée en ville morte. Samedi, la quasi-totalité des magasins étaient fermés, les vendeurs ambulants brillaient par leur absence le long des rues et des boulevards, où ne circulaient plus que les véhicules des forces de sécurité et quelques camionnettes blanches de l'ONU.
L'annonce de ces résultats aurait dû se faire dès le 6 décembre, mais elle a été reportée à deux reprises, si bien que Kinshasa vivait déjà au ralenti depuis près d'une semaine, dans l'attente d'inévitables débordements.
Des milliers de Kinois qui en ont les moyens ont traversé le fleuve Congo pour trouver la sécurité à Brazzaville, la capitale de l'autre Congo, située à quelques kilomètres de distance. Depuis le début du mois, le service de messages textes est suspendu à la grandeur du pays à la demande du ministère de l'Intérieur, dans le but évident de contrer la mobilisation politique. Sur les téléphones portables en RDC, ces messages coûtent beaucoup moins cher que les conversations.
Kinshasa avait été épargnée le 28 novembre, jour du scrutin. Les violences avaient plutôt éclaté à Lubumbashi, la grande cité minière du Sud-Est, ainsi qu'à Mbuji-Mai et à Kananga, agglomérations importantes situées dans le centre. Il s'agissait notamment d'attaques de bureaux de vote, parfois ponctuées de fusillades. De nombreux citoyens ont cependant déploré ce jour-là des irrégularités, prenant surtout la forme de tripotage des listes électorales et de bourrages d'urnes, dans plusieurs autres régions du pays.
Ces derniers jours, les manifestations visant à dénoncer les irrégularités — ou les fraudes — dans le déroulement même du scrutin et le décompte subséquent des votes ont gagné Bukavu et Goma, capitales des provinces du Nord et du Sud-Kivu, situées dans l'est de la RDC, sur la frontière avec le Rwanda. Ces mouvements de protestation ont été rapidement dispersés par la police, qui a procédé à des arrestations.
Mardi, deux importants contingents d'observateurs internationaux, soit ceux de l'Union européenne et du Centre Carter, ont sévèrement critiqué les opérations électorales, ce qui apporte de l'eau au moulin du camp Tshisekedi, qui sollicite l'appui de la communauté internationale.
Dans un communiqué, la Mission d'observation des élections de l'UE a déploré «le manque de transparence et les irrégularités dans la collecte, la compilation et la publication des résultats». Ces entorses ont été constatées par la MOEUE tant au niveau des bureaux de vote qu'au niveau des centres locaux de compilation des résultats et de la transmission desdits résultats à la Commission électorale nationale indépendante à Kinshasa. L'absence de témoins (mandatés par les candidats de l'opposition) ou d'observateurs à plusieurs étapes du processus «ne peut qu'affecter la confiance dans les résultats et leur crédibilité», estime l'Union européenne.
Son de cloche presque identique du côté du Centre Carter, qui souligne la «perte» des résultats de 2000 bureaux de vote à Kinshasa et qui accueille avec suspicion l'annonce de taux de participation avoisinant les 100 % dans plusieurs bureaux de la province du Katanga, fief du président sortant.
Les trois candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix derrière M. Kabila ont réclamé hier la médiation de l'ONU, de l'Union africaine et de l'Union européenne. Il est improbable que ces organisations interviennent avant samedi, jour où la Cour suprême de la RDC doit normalement valider — ou invalider — les résultats de l'élection.
Source : LeDevoir

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Plusnet 12554 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines