Les membres du conseil d’administration de L’Actée se sont réunis en séance extraordinaire dans l’objectif d’entériner la fermeture de la structure. Tombée de rideau prévue en juillet.
Il y a des larmes dans les yeux et de la colère dans les regards. Les responsables de L’Actée-théâtre ont tenu dimanche soir un conseil d’administration (CA) extraordinaire pour entériner la fermeture de la structure fin juin, après les dernières représentations des membres des ateliers.
Dans quelques jours, ils enverront leurs vœux, comme ils le font chaque année, mais avec en plus quelques mots au vitriol, et qui résument la situation de la structure : « En refusant, au cours de la réunion plénière du 9 décembre, d’augmenter la subvention en faveur de L’Actée, qui devait passer de 28 000 à 46 500 € pour permettre de professionnaliser un poste d’administrateur polyvalent et donc de pérenniser notre action, une majorité d’élus de la communauté de communes de l’agglomération de Longwy (CCAL) ont empêché la signature, essentielle pour notre survie, d’une convention cadre entre les communes, la Région et le Département. Ces derniers étant déjà engagés favorablement sous condition d’une participation accrue de la CCAL. Ils portent donc à eux seuls l’entière responsabilité de la fermeture annoncée et désormais certaine de L’Actée en juillet 2012 et l’appauvrissement culturel du territoire. »
Philippe Spillmann, Lydie et Daniel Ferry lisent le texte, et ne peuvent masquer leur « désillusion totale. Les choses étaient pliées d’avance, avant même cette séance plénière et la commission culturelle où nous sommes allés. Ce n’est pas le tract qui a joué, car dedans, on leur disait simplement qu’un élu est responsable de son vote, qu’il s’abstienne ou se prononce contre. Ils n’ont pour objectif que de faire leurs guéguerres politiciennes ridicules, au détriment des enjeux du Bassin. Il n’est pas ici question de finances, ni de culture. »
Trois emplois supprimés
Dans la foulée, les responsables de L’Actée soulignent que trois emplois seront supprimés « par leur faute. Deux en CDI (à la technique avec François Muller et à l’entretien avec Sanaa Boulaid), et un en CDD, Sébastien Gérard, un comédien qui anime les ateliers. »
Usés par sept années de travail bénévole à temps plein, week-ends et vacances compris, les époux Ferry ont donc décidé de jeter l’éponge, avec l’accord du CA, car ils ne veulent plus revivre les incertitudes angoissantes et énergivores de ces deux dernières années. « On a également beaucoup investi au niveau de l’argent, sans en retirer un seul profit. On était naïfs de croire qu’on pouvait fédérer les politiques de tous bords, car certains ne sont pas à la hauteur. Le CA était pourtant ouvert à un collège d’élus, mais personne n’a jamais demandé. Tant pis pour eux et pour les habitants qui n’auront plus de vrai théâtre où emmener leurs enfants, les élèves etc. On n’arrête pas d’entendre que c’est un véritable gâchis. Et ça l’est. »
La signature de la convention par la CCAL est-elle encore possible aujourd’hui ? « Elle pourrait intervenir, mais il faut que ça soit fait avant fin janvier. Une intervention extérieure, du préfet, de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) ou de la Région ? Personne n’y croit ici. Il faudrait convaincre tous les élus socialistes, de droite etc. On a préféré entériner la fermeture, car une saison se prépare en janvier, avec notamment les contrats à signer. »
Reconnue régionalement et nationalement, L’Actée ne l’est donc pas localement. Les spectacles qui « affichent complets depuis le début de l’année », les 1 300 élèves accueillis cette saison, les 42 compagnies venues en résidence depuis sept ans : « il va nous falloir faire notre deuil, ça va être long. »
Un peu plus loin, dans la salle, François Muller remballe les projecteurs. « Ça fait mal ce qui se passe. J’ai très mal. » Il n’en dira pas plus.
Républicain Lorrain du 16 Décembre 2011 – Sébastien Bonetti.
Share