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Je veux dire le temps comme un allié sensible
Dont les peaux étalées en parterre docile
Font sable où un joyau, encore imperceptible,
Ainsi qu’au fond d’un crime cache son mobile,
Et par une constance aux venins doucereux
Confie au balancier des vagues émollientes,
Lavoir d’écumes laborieux,
Son minéral au cœur d’acanthe.
Je veux dire le point, jusqu’ici virtuel,
Quarante huit degrés sept de latitude nord
Un quarante et quelques, science factuelle
De longitude ouest, vers où glissent les bords
D’un antique voilier, allusion légendaire
Dont le charme distrait de vacantes humeurs,
Sans que l’on doive s’y complaire,
Et sans non plus que l’on en meurt.
Je veux dire tout ce que tu sais de richesse,
Ce que je sais et tout ce que nous devinons,
Ce que peut-être aussi une menace oppresse,
Harpant des filtres que jamais nous ne boirions,
Et la main bienveillante qui, peur impérieuse,
Posée sur mon épaule, me fait avancer,
Dans des grisures lumineuses,
Dans des bruissances cadencées.
Je veux dire aussi l’atelier humble où j’accueille
Cette pensée de toi qui toujours t’enveloppe,
Où l’heure lassée que j’en néglige son deuil
Me délivre aux errances qui s’y développent,
Où j’agence en échos, par un fouillis modeste,
Les murmurants objets que mon passé me lègue,
Offrandes à l’oubli, qui restent,
Mais que quelquefois j’y relègue.
Je veux dire aussi quoi fleurit entre mes murs,
Emanations de lointaines initiations,
Acides prenant formes de rouges ramures,
Regards qui s’absolvaient des cages conditions,
Des nuits transpercées où, d’une mort amicale,
La vie nous refondait en nous redéposant,
Et toute une aurore spectrale
Nous cueillait alors froids et béants.
C’est ainsi que je peux te voir et m’en saisir,
Outre cet infini dont tu fournis la fibre,
Cet infini cruel où j’ai l’obscur plaisir
D’être à jamais fait de toi aussi puisque libre,
Fort la contrainte sous laquelle je m’incline,
Prince orgueilleux sans rien que savoir quoi aimer,
Quoiqu’une hypothèse dessine,
Je me préfère désarmé.