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Vigilance

Publié le 16 décembre 2011 par Toulouseweb
VigilanceLe dossier AF447 incite plus que jamais à la réflexion.
Traditions obligent, voici venue l’heure des bilans, des synthèses, des best of, des bonnes résolutions. Cela au terme d’une année exceptionnellement riche en informations aéronautiques, pas nécessairement heureuses et, au minimum, souvent difficiles.
Inutile de se voiler la face, de se perdre dans de bien inutiles précautions oratoires : à moins de 6 mois de la publication du rapport final du BEA, c’est la catastrophe du vol Air France Rio-Paris de la mi-2009 qui continue de préoccuper le monde du transport aérien, les spécialistes de la sécurité aérienne, l’opinion publique.
En se limitant à l’actualité de ces dernières semaines, deux livres consacrés à ce thème délicat ont été publiés dans un contexte difficile (Editions Altipresse), une émission de télévision a fait l’objet de commentaires «en sens divers» (France 5), des émissions de radio se sont multipliées, mais sans nous apprendre quoi que ce soit. Le pilote-écrivain Jean-Pierre Otelli est convoqué par la 17e chambre correctionnelle de Paris dans le cadre d’un procès en diffamation qui lui intentent les proches d’un des pilotes disparus, notre confrère Fabrice Amédéo prépare une nouvelle enquête pour France 5, d’autres projets sont évoqués au sein du microcosme médiatique. Et ce n’est probablement qu’un début.
Dès lors, enter de séparer le bon grain de l’ivraie constitue un exploit. Plus de deux ans et demi après les faits, les uns et les autres continuent de manquer singulièrement de recul mais il serait erroné et dommageable d’en conclure qu’il faut simplement laisser du temps au temps. Air France, littéralement meurtrie par l’AF447, s’est sans doute resaisie bien plus que ses responsables ne veulent bien l’avouer publiquement. Elle analyse, elle étudie, elle favorise de manière volontariste la remontée de l’information, le précieux retour d’expérience, elle est plongée plus activement que jamais dans l’amélioration de bonnes pratiques, dans l’application d’une culture de la sécurité qu’elle veut juste et équitable.
Dès l’instant où l’observateur tente de porter un regard neutre sur cette manière de faire –et cela sans en connaître le détail- il suffit sans doute de se placer à un niveau de simple bon sens pour formuler un premier constat. A savoir qu’Air France, collégialement, a été victime d’une perte de vigilance, au sens large du mot. Elle faisait bien, elle croyait bien faire, mais elle en était arrivée à négliger, à oublier, les maillons faibles de la chaîne de la sécurité pourtant placés sous ses yeux. Son dernier protocole des vols datait de 1974 (l’A300B était à peine apparu, Concorde en était encore au stade des essais en vol !) et les experts n’avaient pas encore formulé et pris en compte un repère essentiel, à savoir qu’une remise à nouveau, pour dire les choses simplement, doit être mise en oeuvre régulièrement, sans doute tous les 7 ans, dit-on ici et là.
La notion de gestion de la sécurité aérienne a heureusement beaucoup évolué au fil de ces dernières années (peut-on dire «progressé» ?) mais c’est là qu’est peut-être intervenu un mal insidieux qui, faute de vocabulaire bien adapté, relève précisément de la perte de vigilance, au sens figuré s’entend.
Le moment n’est pas venu d’évoquer les causes de la perte de l’AF447, les failles qu’il a montrées en matière de formation, de l’état d’esprit parfois perfectible qui règne dans les cockpits, d’un tranquille assurance se rapprochant de temps à autre d’une forme subtile d’arrogance.
En revanche, les questions d’image sont devenues plus importantes que dans le passé, elles l’ont été dès l’instant où il est apparu que l’A330-200 AF447 n’arriverait jamais à destination. Une remarque qui conduit en droite ligne à la notion de gestion de crise.
Cette dernière, elle aussi, exige une manière de faire nouvelle, mieux adaptée à l’ère de l’information instantanée, multiple et diffuse. On souhaite à Air France de trouver les bonnes pistes dans la hotte du père Noël.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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