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Pierre Bettencourt

Publié le 29 janvier 2008 par Thywanek
Bettencourt, évidemment, c’est un nom qui circule pas mal. Pour cause d’invitation un peu lourdement soutenue auprès de certaine Ingrid, par des rigolos narcotico-marxistes, à profiter des joies de la jungle et des bonheurs de la vie simple dans un environnement d’ahuris à mitraillettes, même si elle a pas l’air d’accord du tout.
Et puis Bettencourt, que voulez-vous, c’est aussi le nom d’une des deux ou trois plus grosses fortune de France, il s’agit alors de Liliane dont les vieillardes fesses sont confortablement calées sur un magot dont l’embryon n’est pas étranger à l’histoire de l’extrême droite Française d’entre les deux guerres. Le mari de cette dame fut un Pétainiste notoire, et l’Oréal parce qu’elle le vaut bien, eu longtemps pour dirigeant en Espagne un certain Filiol, meurtrier avéré, qui trouva là un refuge plein d’attention chez la sinistre baderne Franco.
Mais voilà, Bettencourt c’est aussi un nom de poète. Dans ce cas il est question de Pierre Bettencourt. Et comme on, je veux dire je, ne sait pas grand chose du bonhomme, le mieux c’est de vous le proposer en trois textes extraits de « Mille Morts » : pourvu que ça vous incite à courir toute les librairies de par chez vous pour trouver ses recueils j’aurais fait beaucoup pour l’âme et le corps de ceux qui en goûteront la nourriture spirituelle et qui auront fait pour la dénicher les kilomètres qu’on peut sûrement leur promettre.
Personnellement j’adore. J’avais découvert ça, il y a quelques années, sur France Culture, par la voix de M’sieur Piéplu. Qui n’est plus.
Homme, moi ?

- Alors, me dirent-ils, vous en étiez, vous aussi ?
- Moi, dis-je, jamais. Crapaud, chien, et même ver de terre, je l’avoue, j’ai été tout cela. Mais Homme ? Vous voulez rire.
- Pourtant, me dirent-ils, vous parlez bien comme eux, on vous a vu sur terre dans leurs défilés, dans leurs cuisine, et même dans leurs lits. Et vous jurez que vous ne le connaissez pas, que vous n’avez rien à voir avec eux. C’est un peu fort.
- C’est un peu fort dis-je, mais c’est ainsi. Homme, moi ? Pour qui prenez me prenez-vous, je n’en ai même jamais vu.
- Entendons-nous, me dirent-ils alors. Avouez que vous êtes un homme et vous êtes libre.
- Bon, dis-je, je le suis.
- Alors ils s’emparèrent de moi, me dénudèrent, me flagellèrent et me crucifièrent.
Mon père.
Mon père est mort en me disant : « Au revoir, je vais chasser la baleine. » Il a tourné la tête et il a rendu le dernier soupir. Il chasse la baleine maintenant, il est heureux. Dans sa chambre on a mis un aquarium et une plante verte. Et son chapeau sur son lit. Je viens dans la pénombre, quand les volets sont fermés, les après midi d’été, m’asseoir là. Je lui fais la lecture de son livre préféré. Et parfois je m’endors. Moi aussi je chasse la baleine. Il est là, il est heureux de me voir, on l’aura, dit-il, on l’aura, quand le livre tombe. Je sors de la chambre sur la pointe des pieds tandis que les poissons font des bulles.
Rêver.
Je ne me suis jamais vu, aucune glace n’a pu me donner une idée de l’être que j’étais réellement. Une effarante discontinuité d’êtres. C’est encore dans les blancs qui séparent les mots qu’on se reconnaît le mieux. J’aurai régner un demi siècle sur un amalgame de glandes qui se supportaient difficilement, ne pensant qu’à attirer l’attention de la tête, qu’à obtenir les ordres qui entraîneraient tout le corps dans leur voie. Souvent pernicieuse. Agir pour se débarrasser. Laisse-moi tranquille maintenant. Je n’ai besoin que de rêver pour vivre.

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