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Je serais dans ta chambre. Mes yeux anthracites.
Mes mains bleues, mon visage presque sélénite.
Appuyé au chambranle de ton huis brûlé
Je n’aurais qu’à fermer au monde défoulé
Les rideaux épais qu’une menace aura clos.
Je serais dans ta chambre, ton repère éclos.
Et toi dans les fumées des pollens ondoyants,
Et les grains minéraux aux sucres délayants,
Dans le faste odorant de ton intime orphique,
Les lancinantes balances de la musique,
Tu seras là depuis les mille ans que je suis.
Les mille ans revenus dans un notre aujourd’hui.
J’aurais recouvert tout l’intérieur de mon crâne
Du son de tes mots dits de ma voix de profane.
J’aurais ma chair serrée sur son os primordial.
Un calme surhumain d’une force fluviale
Dans mon sang, goutte à goutte, installera des rênes
Aux chevaux du thorax. Je sentirais mes veines
D’une lave d’iris charrier la fluidité,
La vive carnation, la translucidité.
Tu seras là depuis que tu me sais aussi.
Etendu quelque part sur un genre de lit,
Ainsi que déjà vu ton « bel être qui dort,
Dans des désastres nus nimbés de poudre d’or. »
Je traverserais ton temple aux murs qui se cachent,
Défaisant à chaque pas ce qui nous détache.
J’approcherais de toi, devinant peu à peu
Sur quoi seraient fermés ou bien ouverts tes yeux.
De quel côté de toi pencherait ton voyage,
Enivrés d’alcalins aux mystiques usages,
Attendant l’aura d’or dont un orbe diffus
Dessinera pour toi mon contour apparu.
N’importe je serais là tout auprès de toi.
M’agenouillant, incroyant éperdu de foi,
Penché sur ton sommeil, quelqu’en soit la nature,
Une main vers les vagues de ta chevelure,
Et j’y mêle mes doigts d’une charnelle brise,
Distillant ses parfums. Dans l’aube orange et grise
Ta tête est inclinée. Là où bat le plus fort
L’os y étant plus fin tout le sang de ton corps,
Sur ta tempe je pose un unique baiser.
Une goutte d’iris. Tu auras à peser
Le plumage du temps. J’en suspends en bijou,
Tout le faix à mon cou.