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Lettre de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, à Yves Calvi

Publié le 16 décembre 2011 par Mister Gdec

Lettre de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, à Yves Calvi« C dans l’air » du 13 décembre sur le communisme : Pierre Laurent écrit à Yves Calvi

Mardi 13 décembre, France 5 diffusait un « C dans l’air » dont le   thème était « le communisme 20 ans après ». Yves Calvi recevait à  cette occasion, Stéphane Courtois et Alexandre Adler sur le plateau.  Suite aux propos scandaleux tenus par certains sur le plateau,  vous trouverez ci-dessous le courrier de Pierre Laurent,   Secrétaire national du PCF, envoyé ce jour à Yves Calvi.

 Depuis maintenant des mois, la discrimination à l’égard du  Parti communiste français dans les émissions politiques dont vous avez la charge, et plus globalement dans celles du groupe  France Télévisions, est une constante. Toutes nos demandes pour qu’il y soit mis un terme sont – plus ou moins poliment – mais   systématiquement écartées.

Mais cette fois, trop c’est trop. Le mardi 13 décembre,  l’émission « C’est dans l’air » avait pour invité Stéphane Courtois, dont la seule fonction historique reconnue est  l’anticommunisme professionnel. C’est votre choix éditorial, je  n’ai pas à le contester. Toutefois, au cours de cette émission, cet invité, qui ne m’a jamais rencontré de sa vie, s’est livré à  une violente attaque personnelle en déclarant je cite « Pierre Laurent (…) un fils d’apparatchik qui a mis les pieds dans les   chaussons de son papa et qui prend la direction du parti, quelque part ça fait presque pitié».

Cette pitoyable déclaration est restée sans réponse. Insultante  et diffamatoire, elle ne mériterait de ma part que le mépris. Elle s’inscrit dans le registre des poncifs anticommunistes dont Monsieur Stéphane Courtois s’est fait une spécialité, en lieu et place de celle d’historien dont il s’affuble à propos du Parti communiste français.

 Je ne peux me taire car cette déclaration intervient alors que la discrimination à notre égard est un scandale qui n’a que trop duré. Élu secrétaire national du PCF en juin 2010, je n’ai été invité à aucune émission politique importante dont vous avez la responsabilité, et quasiment aucune sur l’ensemble des  antennes de France Télévisions. Ce boycott est en contradiction avec  toutes les règles déontologiques en matière de pluralisme du débat d’idées, et avec toutes les règles du CSA qui invitent à  respecter l’ «équité» des temps de parole des formations politiques, singulièrement celles qui  disposent d’une   représentation politique parlementaire.

Cette situation devient plus insupportable encore depuis que  nous sommes entrés, de fait, dans la campagne présidentielle. Le  Front de gauche, dont le Parti communiste français est  totalement partie prenante, et son candidat Jean-Luc Mélenchon dont je préside le conseil national de campagne,  y jouent un  rôle de premier plan. Pourtant, la discrimination perdure. Elle  devient même chaque jour plus flagrante au fur et à mesure que  des candidats, subitement touchés du jour au lendemain par la  grâce sondagière, occupent aussitôt le hit-parade des  apparitions médiatiques.

L’argument selon lequel  je ne suis moi-même pas candidat ne résiste pas une seconde à l’examen?

Un, notre campagne et notre candidat sont loin de bénéficier de l’égalité de traitement  qu’ils méritent. Le respect des règles du CSA nécessite bel et  bien  l’augmentation globale du temps de parole du Front de  gauche, donc tout à la fois celle de Jean-Luc Mélenchon et  celles d’autres représentants nationaux du Front de gauche.

Deux, le rôle politique et parlementaire joué par le Parti  Communiste dans cette campagne ne peut échapper qu’à ceux qui  cherchent à nier la réalité.

 Trois, ceux qui avancent cet argument à mon égard devront  m’expliquer pourquoi il ne s’applique ni au secrétaire  général de l’UMP Jean-François Copé, ni à la première secrétaire  du PS Martine Aubry, ni à la première responsable d’Europe  Ecologie Les Verts, Cécile Duflot, sans parler des dizaines de   responsables d’autres formations politiques qui sont des invités  permanents de vos émissions, sans que jamais un seul responsable  communiste ne puisse y trouver place.

Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple récent sur lequel nous vous  avons alerté avant l’émission, comment se fait-il qu’aucun parlementaire ou aucun maire de notre parti, très actif sur le  droit de vote des étrangers depuis trois décennies, ne trouve place le lundi 12 décembre sur le plateau de « Mots croisés » quand Rama Yade, qui n’a plus aucun rôle politique, et  l’improbable Arno Klarsfeld, sur ce sujet auquel il ne s’est  jamais intéressé, y figurent en bonne place ?

  Et pour n’en prendre qu’un seul autre un peu plus ancien,   puisque l’histoire du PCF semble vous intéresser quand il s’agit  d’inviter Stéphane Courtois, comment expliquer que le discours  que j’ai prononcé devant plus de sept mille personnes le 23  octobre dernier dans la carrière de Châteaubriant aux côtés du  secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, en hommage aux  27 résistants fusillés il y a soixante ans par les nazis, ait  été totalement ignoré ? La mémoire de Guy Môquet et de ses camarades n’intéresse-t-elle que quand elle est instrumentalisée par un président de la République qui en trahit chaque jour les  idéaux ?

Aussi, je vous demande d’agir pour mettre un terme à cette mise  à l’écart du PCF et de moi-même comme secrétaire national de ce  parti dans vos émissions. Ainsi, sera défaite cette anomalie  anti-démocratique qui, j’en suis sûr, suscite la réprobation de très nombreux journalistes de vos propres rédactions, que je   sais attachés aux valeurs du pluralisme.

  Si les propos insultants de Stéphane Courtois sur votre antenne  ont été, vous l’aurez compris, la goutte d’eau qui fait déborder le vase, vous comprendrez que ma requête, au-delà de ce lamentable incident, est plus large. Elle n’a qu’un seul but :  faire droit au respect du pluralisme sans lequel la démocratie n’est qu’une coquille vide.

  Pierre Laurent, Secrétaire national du PCF (source)


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