Dans une note du 16 décembre 2011, Patrick ARTUS, Directeur de la Recherche Economique chez NATIXIS s’interroge sur la « règle d ‘or » en matière de finances publiques.
« La règle d'or est-elle une bonne idée ? »
Une note courte, claire et synthétique, que nos décideurs devraient lire avant de tenir des propos sans nuance et de prendre des décisions hâtives !
L’objectif, la nécessité et l’urgence de la réduction des déficits publics et de la dette publique (en valeur absolue et en valeur relative, % du PIB) conduit nos dirigeants à vouloir aller encore une fois plus vite que la musique en étant toujours des victimes de leur vision de court terme !
A vouloir faire bien mais trop vite, après tant de décennies d’erreurs, on risque de vouloir inverser la tendance trop brutalement et obtenir in fine un résultat contraire aux attentes.
En effet, le problème n’est pas de savoir si nous avons besoin d’une règle d’or ou pas !
Compte tenu de l’incapacité de nos différents gouvernements à avoir une gestion budgétaire disciplinée depuis le milieu des années 70, on ne peut qu’accepter qu’ils s’imposent une « règle d’or ». Quand le choix responsable devient impossible, en Démocratie, autant s’en tenir à une règle claire !
Ceci dit, ... Quelle Règle d'Or ?
Une règle intelligente, à court terme et à long terme, serait bienvenue et acceptée car crédible.
Le vrai débat se situe donc bien là : une « règle d’or », oui, mais laquelle ?
Encore une fois, nos gouvernants sont prêts à faire presque n’importe quoi pour agir vite.
Mais nous savons bien que la décision et l’action dans l’urgence ne sont pas forcément adaptées, ni efficaces. Dans le cas présent, les dirigeants français, a l’instar de leurs homologues européens, pensent que l’austérité cumulée et non coopérative va rassurer les créanciers-investisseurs et les agences de notation. On voit bien que ce n’est pas le cas. Cela ne marche pas et je l’ai déjà expliqué à plusieurs reprises depuis au moins début septembre 2011.
Désormais, la décision non coopérative à la mode est
la « règle d’or » budgétaire !
Et voilà, nos candidats (président de la république compris) et leurs lieutenants engager un dialogue de sourds sur la « règle d’or ».
Le pire est que ce pseudo dialogue se poursuit au niveau européen, à tel point que de nombreux Etats sont prêts à accepter une « règle d’or » à l’allemande.
On croit rêver ? … Non ! On croit faire des cauchemars ! Là se trouve le vrai problème !
On ne peut mettre en place une règle d’or qui s’appliquera à des pays dans des situations aussi hétérogènes tout simplement par ce que cela convient à l’un d’entre eux, fut-il l’Allemagne.
Et c’est bien ce que souhaite rappeler Patrick ARTUS à tous ceux qui ont une vision simpliste et binaire sur ce sujet.
Une règle d'or à l’allemande pour tous est-elle une bonne idée ?
Les chefs d'Etat de la zone euro ont décidé d'inscrire la "règle d'or" dans leur constitution ; il s'agit de la règle d'or "à l'allemande" : quasi-nullité du déficit public structurel, ce qui conduit à une baisse tendancielle du taux d'endettement public.
Ce qui va dans le bons sens
- le fait de réduire le taux d'endettement public dans la perspective du vieillissement démographique
- le rétablissement induit de la crédibilité budgétaire, donc la baisse des taux d'intérêt
- le fait d'être nécessairement en excédent budgétaire dans les périodes d'expansion, ce qui donne des marges de manœuvre importantes dans les récessions
Ce qui va dans le mauvais sens
Il ne faudrait pas passer à nouveau à une "règle magique" basée sur l'analyse d'un seul chiffre, le déficit public structurel à 0,5%. La manière de passer à la règle d'or peut avoir des effets négatifs durables sur l'économie. Le détail de la politique budgétaire, est très important.
- Y aura-t-il réduction d'investissements ou de dépenses publiques utiles ?
Si la diminution du déficit public se faisait par celle de dépenses publiques nécessaires à la croissance de long terme (investissements, R&D, éducation) ; la règle d'or ne permet pas de financer les investissements publics par l'endettement
- Y aura-t-il hausse des impôts défavorables à la croissance de long terme (charges sociales en particulier) ?
Finalement, il ne faudrait pas que la règle d'or soit une nouvelle règle "magique" qui dispense de faire une analyse sérieuse des politiques budgétaires à un niveau fin de détail et de leurs effets sur l’économie.
Voilà, l’essentiel est rappelé en quelques mots. A lire sans attendre !
A consulter :
France : Crise des Dettes Souveraines, Méfiance et Hausse des spreads !
Paradoxe : Etats-Unis et Royaume Uni sont préférés à la Zone Euro
France : Le plan de rigueur qui va faire perdre le Triple A « AAA »
Il faut lire le Rapport COTIS - CHAMPSAUR sur la Dette Publique
Que faire pour sauver la Zone euro et l’Euro ? … Avis sur les propositions de Jacques ATTALI
Dette publique, déficit budgétaire et politique budgétaire
Dette publique, comportements de consommation et d'épargne
Comment mesurer la dette publique ?
« Plan Fillon : triple A ou triple 0 » par Charles Wyplosz
Fitch Ratings - Dedicated to providing value beyond the rating
Moody's - credit ratings, research, tools and analysis for the global ...
Colloque « La Dette Publique et les Générations Futures » au Cercle Républicain, le 18 octobre 2011
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