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Eto'o prend 15 matches : trop tard et trop lourd

Publié le 17 décembre 2011 par Atango

Inutile de rappeler les faits, dans ce qui est désormais considéré comme le "marrakechgate." Le préjudice fut considérable pour l'Algérie, et les suites de l'affaire furent judiciaires, jusqu'à la sanction tombée ce week-end : 15 matches de suspension pour Samuel Eto'o, 2 matches pour Eyong Enoh et 1 million cfa d'amende pour Assou Ekotto.

Le langage judiciaire étant rébarbatif à souhait, que personne ne compte sur moi pour aller commenter les "attendus" et autres "il appert que." Par contre, devant le tarif ahurissant de la sanction, un petit exercice d'arithmétique s'impose : que signifient 15 matches de suspension, au vu du calendrier des Lions Indomptables et en tenant compte de l'âge du capitaine ?

Déjà, une chose est sûre : si la décision n'est pas modifiée ((1) Eto'o peut faire appel et (2) le Cameroun est le pays de tous les possibles), le capitaine des Lions Indomptables ne sera pas à la CAN 2013. En effet, deux matches au maximum seront joués pour rallier l'Afrique du Sud. Celui du 29 février 2012 contre la Guinée-Bissau, et éventuellement une dernière confrontation contre l'une des nations qui participent à la CAN équato-gabonaise.

Il resterait alors à notre héros 13 matches à purger. A la fin de la CAN en Azanie, le solde serait de 7 matches, à condition que les Lions Indomptables atteignent le dernier carré de la compétition. Les éliminatoires de la Coupe du Monde Brésil 2014 comptant 6 journées, Eto'o ne pourrait rejoindre ses camarades que pour l'enregistrement du vol à destination de Rio de Janeiro.

Le scénario le plus favorable pour notre golédaor est celui d'un parcours sans faute de ses coéquipiers dans toutes les compétitions qui les attendent d'ici septembre 2013. En comptant les matches amicaux (à condition qu'ils acceptent cette fois de les jouer), le protégé de Kerimov pourrait revenir dans le groupe avant la fin des éliminatoires de Brésil 2014. A l'inverse, une sortie précoce, voire une non qualification à la CAN seraient autant de retard cumulé pour son retour.

Mais pourra-t-il revenir ? En 2013, Eto'o aura 32 ans. Il sera à court de compétition, car le championnat russe détient avec celui du Cameroun le record de la durée des trêves. Hiver climatique d'un côté et hiver politique de l'autre = conséquences identiques.

Par contre, inutile de spéculer sur la prochaine réaction de Samuel Eto'o à la décision de la FECAFOOT. Celle-ci ne saurait tarder, et dès qu'elle sera connue, il sera temps de faire de nouvelles analyses prospectives.

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Pour l'instant, il faut encaisser le choc de ces 15 matches de suspension. La sanction est d'une sévérité jamais vue dans ce genre de situations. Ce qui pousse à se demander si seuls les faits connus du public ont été pris en compte. Il faut l'espérer.

En effet, en gardant à l'esprit le principe selon lequel on sanctionne des comportements et non des personnes, il y a trop longtemps que Samuel Eto'o aurait mérité d'être puni pour certains actes qu'il a posés. Signalons cette interview donnée ès qualité en 2009 alors qu'il n'était même pas encore capitaine, l'agression physique contre le journaliste Philippe Boney l'année précédente au mois de mai, l'agression verbale contre un autre journaliste à Dakar en mars 2011. En réalité, Eto'o a toujours eu un comportement border-line en dehors des terrains.

Néanmoins, la FECAFOOT serait mal inspirée de vouloir le punir "pour l'ensemble de son oeuvre", d'abord parce que ce serait injuste, et ensuite parce que ce serait une façon de reconnaître qu'on intervient trop tard et trop fort. Trop fort parce que trop tard.

De toute façon, point n'est besoin d'attendre la séquence qui va suivre pour considérer que la FECAFOOT est au moins aussi coupable que les joueurs dans le marasme actuel qui agite les Lions Indomptables. Entre la gabegie (ah, ces délégations pléthoriques), l'incompétence à tous les niveaux et l'incapacité à assumer les échecs, la fine équipe de Tsinga a depuis longtemps dépassé tous les rubiconds possibles.

Donc, oui, Samuel Eto'o mérite d'être sanctionné. Mais une suspension aussi longue, qui frise la mise à la retraite anticipée, est tout à la fois injuste et inefficace.

Injuste parce que disproportionnée.

Et inefficace parce que d'une part on se prive du meilleur joueur camerounais à l'heure actuelle, et d'autre part parce que le public, qui a déjà montré sa grande capacité à se fourvoyer, va faire d'Eto'o une sorte de héros expiatoire.

Cet acte fort, bien que fou, a un seul mérite : il nous fait entrer dans une phase décisive. Les jours qui viennent mériteront d'être vécus !


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