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A bas l'ancien traditionnel !

Publié le 28 février 2008 par Doespirito @Doespirito
230pxparmentier_antoine_17371813 S'il y a bien un truc qui m'énerve, c'est cette manie des spécialistes du marketing de vouloir nous vendre de l'ancien, du d'époque, du traditionnel, du moulé à la louche, du tendrement mouliné, du tranché à la main... J'ai connu l'ancien, comme disait ma grand-mère, et je ne vois pas ce qu'il a de plus pour en faire tout un plat. Tiens, ce matin, je regarde le texte écrit sur le papier de la pochette de ma Campaillette quotidienne. J'en suis resté au café au lait et à la tartine de pain beurrée, vous savez tout désormais.
Ce texte, écrit à l'ancienne, nous dit « Qui est Antoine Augustin ? Antoine Augustin Parmentier, pharmacien militaire et agronome né en 1737 à Montdidier dans la Somme, est surtout connu pour ses travaux sur la pomme de terre (pas de pot, il va falloir trouver un subterfuge, NDR). Cependant, il a également beaucoup travaillé sur l'amélioration de la qualité du pain (qu'est-ce que je disais, j'aurais dû parier re-NDR). Il réforma la meunerie et la boulangerie sur lesquels il rédigea plusieurs ouvrages dont le "Parfait boulanger en 1778. (...) Depuis des années, Campaillette s'inspire de ses travaux pour vous proposer le meilleur de la baguette »
Le malheureux Parmentier réduit par les Grands Moulins de Paris à sa contribution à la baguette... Une sorte de génie qui a développé en France la culture de la pomme de terre (2008 est officiellement l'année de la pomme de terre, selon l'ONU). Qui n'hésita pas à ensemencer la plaine des Sablons (aujourd'hui à Neuilly) en pommes de terre, faisant garder le champ par des soldats le jour, mais laissant les curieux dérober des plants la nuit, afin qu'ils en cultivent chez eux avec soin, comme un légume de prix. Un bienfaiteur qui démontra les mécanismes à l'œuvre dans l'ergot du seigle et la carie du froment, fléaux des cultures de l'époque, et qui introduisit la vaccination contre la variole (rien que ça). Un héros qui favorisa le développement des eaux minérales, que Badoit et Evian devraient lui édifier une statue. Un marrant qui, un jour, juste pour rigoler entre scientifiques, et pour démontrer les applications de la fécule de pomme de terre, inventa le biscuit de Savoie... Bref un génial touche-à-tout, un «simple particulier qui, de ses propres efforts, parvient à écarter la disette d'une grande nation », comme le dit son biographe, qui ajoute « Il ne prit que l'essentiel du vrai savoir ; il avait surtout le talent de l'approprier aux objets du plus haut intérêt; il le discernait merveilleusement et en faisait des applications aussi neuves que fécondes ».
On pourrait tartiner des milliers de pochettes de Campaillettes avec ses découvertes, comme autant de "Le saviez-vous ?” à lire au petit déj. Et ces cuistres font dans le médiocre, le petit bras, le pas grand chose. Le juste ce qu'il faut pour tirer la couverture à eux, avec leurs mains pleines de doigts. Ils m'ont trop cherché. Demain, je boycotte la Campaillette pour une journée. Ça me coûte suffisamment pour donner l'immensité du sacrifice que je m'inflige.
Mais ce n'est pas fini. Je me suis aperçu que les concepteurs de la boîte de sel "La baleine” s'essayaient aussi au "marketing-de-l'ancien-temps-que-c'était-bien-mieux". Comme si les grains de sel étaient quasiment triés sur le volet, à la main... Je serais curieux de voir les contrats de travail des saisonniers des Salins du midi, s'ils font ça... Et la bière Leffe qui nous fait le coup elle aussi, comme si elle était brassée amoureusement par un trappiste genre Chaussée aux Moines… Ça va chier… Mes amis, levons l'étendard de la révolte. Dénonçons ces exploitations minables de notre patrimoine historique par ces suppôts d'école de commerce incultes. Et je suis poli.

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