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Le tueur sur un canapé jaune de Bernard Lempert

Publié le 02 mars 2008 par Msperso
Le tueur sur un canapé jaune de Bernard Lempert
Pourquoi lisons-nous ? Par distraction, pour aller vers un ailleurs hypothétique, virtuel, pour "un instant, un instant seulement " ? Ou bien, parfois, pour comprendre, peut-être, un peu mieux, et lever le commencement du voile sur cet autre, nous-même.
Le tueur sur un canapé jaune de Bernard Lempert à pour sous-titre "Les rêves et la mémoire traumatique". Ce "tueur" est donc un rêve traumatique, l'expression d'un traumatisme qu'il serait indécent d'utiliser ici, mais qu'il faut découvrir à la lecture, dans sa concision, puis dans son interprétation exhaustive.
Attachons plutôt à décrire le plan de l'ouvrage.
Dans la partie "Ouverture", l'auteur nous dévoile la fonction sociale du rêve - pour plus exactement, la perspicacité, la lucidité irréelle du rêve, de la psyché - de l'inconscient. Il nous relate deux cas spécifiques. Tout d'abord, il détaille le travail de 'Charlotte Beradt qui rassembla et étudia des rêves faits durant la période nazie'. Puis, il retrace le parcours d'un rêve "prémonitoire" qu'une femme fit juste avant le génocide rwandais. Conclusion incroyable (en tout cas pour le lecteur) : "Insistons encore sur ce point : ce que les rêves savent, c'est précisément ce que personne, ou presque, n'avait encore compris. L'inconscient est un éclaireur. Il voit le réel mieux que la conscience, parce que la conscience a toujours tendance à obéir aux injonctions du plus fort, voire du plus fou. (...) [L'inconscient] scrute le monde à la faveur des yeux fermés. C'est un sous-marin patient, armé de ses seuls outils d'analyse."
La seconde partie nous dévoile des rêves traumatiques (désirs, abandon, tyrannie...). Première surprise : la brièveté des rêves. Pas de mots de trop, tout fait sens. Il n'y a pas d'histoire. Ils ressemblent aux dépêches AFP : clair, précis, des faits, sans affects. Le plus étrange peut-être est l'utilisation du rêve par l'inconscient comme outils à la fois : de récit de ce qui s'est passé, d'exorcisme presque ; mais aussi, comme outils pédagogique, comme 'médecin', psychologue, psychothérapeutes. Le rêve est aussi le work in progess des luttes internes, des combats épiques de la psyché pour survivre et guérir. Ainsi, par exemple, le rêveur peut se dédoubler dans son rêve en fonction de son rôle - un des protagoniste le représentera toujours victime, ce qu'il est encore un peu ; un autre le montrera déjà guéri - ce qui est en cours. Et les deux agirons différemment, parfois même seront en contradiction...
La troisième partie s'intitule Discussion, et retrace les différentes théories du rêves.
Le tueur sur un canapé jaune est un livre étonnant, troublant, déroutant. Mais une question reste en suspens : de quoi rêve-t-on aujourd'hui ?

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