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The Word : "Must-win States"

Publié le 29 février 2008 par Scopes
Elle était favorite tout au long de 2007, elle s’est progressivement faite rattraper par Barack Obama pour aujourd’hui se retrouver au pied du mur. Notre pauvre Hillary Clinton est bien en difficulté. Le mot qui taraude sa campagne à quelques jours des scrutins du 4 mars ? « Must-win States ».
A la veille des primaires du 4 mars (Ohio, Texas, Rhode Island et Vermont), la campagne d’Hillary Clinton se trouve dans la position très peu enviable d’être confrontée au paradigme du « must-win ».
Elle se trouve en effet au pied du mur. Ancienne favorite, elle a perdu ce statut partiellement dès l’Iowa, et plus entièrement depuis le Super-Tuesday et la série de victoires de Barack Obama qui a suivi. Le momentum n’est clairement plus de son côté, et l’un de ses gros problèmes est que les médias, ce fameux « news cycle » qui définit les perceptions et priorités et dévore les campagnes (a fortiori dans un système dominé par les chaînes d’information 24h sur 24), commencent déjà à publier des articles sur les doutes qui minent sa campagne et sur son possible désistement (voir celle-ci du New York Times en début de semaine).
Elle se trouve également au pied du mur en termes mathématiques purs. Sa capacité d’attraction de fonds s’est érodée, (elle n’avait levé que 14 millions de dollars en janvier, contre 36 pour Barack Obama), même si les chiffres de février sont plus encourageants (35 millions, contre 36 millions au Sénateur de l’Illinois). Mais surtout, elle est passée dernière au nombre de délégués : 1239 (superdélégués compris), contre 1350 à son adversaire.
Or, les quatre états qui vote ce mardi représentent 370 délégués, dont 193 pour le Texas (troisième plus gros contingent après la Californie et New York) et 141 pour l’Ohio. De quoi sentir la pression. Les médias, les analystes, et dans une certaine mesure la campagne Clinton elle-même le reconnaissent : le 4 mars est un « must-win » pour Clinton. Son mari n’a rien arrangé en déclarant la semaine dernière, lors d’une visite à Beaumont, Texas, que « Si elle gagne le Texas et l’Ohio, je pense qu’elle sera la candidate du parti. Si vous ne la faites pas gagner , alors je ne pense pas qu’elle pourra l’être. Tout ça dépend de vous ».
Pas besoin de vous expliquer cette expression « must-win » en détail, bien sûr, vous l’avez comprise : elle doit gagner. Mais ce qui est intéressant, ce sont toutes les nuances de ce must-win. Plus le scrutin approche et les sondages évoluent (Clinton est maintenant devancée de près de 5 points par Obama dans le Texas, et ne mène que de 3 ou 4 dans un Ohio où elle avait parfois une avance de 20 points), plus la campagne Clinton altère les perceptions et les attentes (« expectations ») afin de ne pas (trop) décevoir.
Ainsi, certains stratèges de Clinton, concentrés sur le compte des délégués, considéraient jusque récemment que ce must-win pourrait se contenir aux deux grands états du Texas et de l’Ohio, mais qu’elle devrait y gagner par des marges importantes (plus de 10 points) afin de 1) rétablir sa crédibilité, et 2) gagner le maximum de délégués possibles (rappelez-vous, les délégués dans la course démocrate sont alloués de façon proportionnelle dans chaque état). Mais face aux sondages pessimistes, ils se heurtent à la réalité et battent en retraite.
Maintenant, plusieurs de ses lieutenants font passer l’idée que gagner un seul grand état et un petit état, même à des marges limitées, serait suffisant pour la maintenir en vie dans cette course, en attendant d’autres grands états comme la Pennsylvanie (22 avril, 181 délégués) et la Caroline du Nord (6 mai, 110 délégués), et en espérant que les superdélégués se rallieront à elle. Cela correspond plus à la réalité, Clinton étant toujours en tête dans l’Ohio (de peu) et le Rhode Island (de près de 10 points). Mais ne lui permet pas de régler la question du nombre de délégués, ce que la campagne Obama s’empresse de noter : pour rattraper son adversaire au nombre de délégués, elle devrait gagner les trois-quarts des délégués dans les primaires à venir. Mission quasi-impossible (même avec les superdélégués, ce dont InBlogWeTrust doute).
Et, histoire de vraiment s’assurer en cas de défaite, les stratèges en chef de la campagne Clinton (Mark Penn et Howard Wolfson) ont présenté aujourd’hui au cours d’une conférence téléphonique la situation sous un angle assez original : si Obama ne parvient pas à remporter les quatre états votant mardi, ce sera d’après eux un signe « que les électeurs sont inquiets et insatisfaits de la campagne du sénateur Obama ». Si on les suit, qu’Hillary Clinton gagne un seul état, même petit, et ce sera une défaite (relative, certes) pour son rival ! Très beau spin, mais quand même peu convaincant.
En tous les cas, Clinton ne baisse pas les bras et est fidèle à sa réputation de battante. Après tout, elle s’était déjà retrouvée face à un must-win state le 8 janvier dernier : rappelez-vous le New Hampshire ! Et elle avait fini par s’imposer, défiant les prédictions et attentes des commentateurs. Mais il faut quand même reconnaître que la situation est différente aujourd’hui, avec un Obama qui a acquis un bon momentum sur le mois dernier.
Se retirera-t-elle si elle ne s’impose pas mardi ? Encore une fois, InBlogWeTrust n’est pas adepte de la lecture de boule de cristal. Mais en tous les cas, beaucoup de membres de l’establishment démocrate, et même maintenant certains de ses supporters, le souhaitent, afin que s’arrête une campagne démocrate qui n’a fait que s’envenimer et donner des cartouches à McCain. Dernier spot en date de Clinton, diffusé au Texas depuis ce matin, assez « tueur » vis-à-vis d’Obama :
Sympa !
Signé : Amérigo

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