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Hugues COTE.

Par Ananda

La capacité de ressentir les émotions de quelqu'un d'autre, est la définition donnée à l’empathie. En fonction d’une sensibilité éprouvée, certaines personnes sont en capacité de pénétrer les émotions. Des êtres qui plongent dans l’intime comme des plongeurs en scaphandre. La protection offre la possibilité de nager dans les passions qui submergent une tierce personne. Des explorateurs du ressenti humain, pas des voyeurs ! Le but étant de se connecter à l’autre pour essayer de comprendre les tribulations qui bouleversent l’intellect. La détresse et le bien-être humain sont l’océan dans lequel ils vont en immersion. Ils sont capables de compter les larmes d’une personne. Ils peuvent même sonder les âmes des gens qu’ils ont en face. Ils observent le corps dire sa vérité et détectent les signes que la pensée ne veut pas ou ne peut pas exprimer en mots. Ce ne sont pas des martiens, mais des êtres qui ont eu des expériences dont ils ont su extraire la sève d’un savoir non scolastique. Ce sont en quelque sorte des alchimistes qui opèrent la transmutation des sensations. Là où un va voir un sourire, ils verront l’œil chargé de douleur. Là où l’autre entendra des jérémiades, ils sauront que le mal est solidement amarré. Là où un racontera son histoire, ils comprendront qu’un traumatisme torture la personne. Là où sera dissimulée une vie parfaite, ils reconnaîtront le port d’un masque. Là où sera exposé le contrôle des choses, ils savent que c’est un colosse aux pieds d’argiles qui parade. Là où on propose une vérité, ils déchiffreront qu’un mensonge se cache au tréfonds. Là où l’amour serre l’être, ils pèseront l’intensité du lien …

Ce ne sont pas des surhommes, mais des êtres amoureux de l’humanité. Des gens parfois simples ou complexes qui désirent apaiser ou aider leurs semblables en proie aux tumultes de la vie. Des personnes capables de se décentrer et de se confondre avec l’autre. Voir le même brouillard et boire à la même source que celui qui endure des cataclysmes. Manifestement, ce sont des humanistes par essence et par action. L’Homme est au centre de leur projet. Leurs visions du monde est atypique, mais tellement remplie d’espoirs. On dirait presque des ayatollahs de l’optimisme, portant avec conviction l’idée que tout est surmontable. Demain sera un jour meilleur. Ils pratiquent une simplification à outrance de la relativité des ressentis. En somme ils affirment que la situation pourrait être pire. Ils soufflent dans les pensées des brises d’endurance et de calme. Ils enseignent la résistance à l’esprit et distillent l’espoir à profusion. Ils mettent du baume au cœur et savent bercer les âmes en peine. Ils prêtent leurs oreilles à l’écoute et font de leurs silences un récipient dans lequel l’autre peut déposer ses tourments. Ils dépensent sans compter de leur temps pour offrir compagnie au solitaire que la solitude assiège. Leurs épaules servent de soutien ou de bassin aux larmes versées quand l’autre vidange son intime. C’est l’histoire d’homme et de femme sur qui on peut compter quand rien ne va. Des pères, des mères, des grands-parents, des frères, des sœurs, des cousins, des cousines, des amies, des amis et même souvent des inconnus et inconnues. Des miroirs dans lesquels on peut se regarder sans peur. Des êtres qui prodiguent la tranquillité de l’esprit et le réconfort. Des éveilleurs de consciences.

Force est de constater que ceux qui pratiquent cette médecine de l’âme sont parfois impuissants. Sur la balance des émotions très souvent le ressenti fait le poids d’une plume face au réel. Oui le poids d’une émotion vécue pèse tellement lourd. La charge s’ajoute à l’histoire d’une vie que nul ne peut évaluer. Comment expliquer l’accouchement à un homme par exemple ? Comment savoir ce qu’un malade ressent quand il est assassiné à petit feu par la maladie ? Comment expliquer la douleur ressentie par la perte d’un proche quand on n’a pas connu la mort d’un proche ? Comment accompagner une victime de viol quand on n’a pas enduré cette horreur ? En somme l’imaginaire ne peut pas rivaliser avec la véracité d’un instant. L’empathie ne peut pas suffire et très souvent peut engendrer une révolte. Oui l’intention est bancale quand celui qui est en face est salement amoché ! Il y a des trajectoires qui sont si chaotiques que rien n’est possible, si ce n’est pleurer de compassion. Il y a des épisodes de vies si brutales que les mots ne suffisent pas à guérir. Il y a des déchirures psychiques qui désarment tant leurs noirceurs sont impénétrables. Il y a aussi le risque d’être emporté par l’autre et ses problèmes.   La vigilance et la prudence même salvatrices sont aussi la preuve que chacun doit porter sa croix. Cependant, les limites peuvent être surmontées si l’empathique arrime l’autre. Si l’autre devient un compagnon de misère et pas un patient. En chacun de nous subsiste une énergie qui permet de remonter à la surface. Quelles que soient les péripéties de la vie tant qu’il y a de la vie et de l’autre. On est tous en capacité de surmonter l’impossible. Nul ne peut être le sauveur de son prochain s’il ne se reconnait pas dans l’autre. Encore moins si l’autre n’exprime pas la volonté de rebondir. La résilience ne tombe pas du ciel, elle se construit ensemble. L’autre n’est pas seulement mon miroir, c’est d’abord moi. L’un sans l’autre l’humanité n’a tout simplement pas de sens …  

Hugues Cote.


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