Quinze députés UMP reçus à l'Elysée ont entendu la même phrase, choquante à plus d'un titre. En évoquant la situation d'une circonscription législative de Paris, Nicolas Sarkozy a souhaité qu'elle se règle rapidement puisque François Fillon son premier ministre souhaite y être candidat. Mais Rachida Dati est depuis longtemps, elle aussi, candidate au siège de député dans la même circonscription et veut abandonner un mandat européen pour lequel elle ne manifeste que peu d'intérêt.
En faisant allusion à cette candidature parisienne, le président-candidat-chef de l'UMP a qualifié l'ancienne garde des Sceaux de folle ! « Cette folle de Dati » a-t-il clamé à qui voulait l'entendre. Connaissant le personnage, rien d'étonnant. Sa brutalité verbale n'a souvent que peu de conséquence dans les actes. Tout de même. Quelle façon de parler d'une de ses anciennes ministres vantée à ses débuts pour son caractère original, dotée de grandes qualités intellectuelles et vouée aux gémonies aussi rapidement qu'elle avait été adulée. Sarkozy est ainsi : il jette les gens comme des vieux citrons pressés. Certains en redemandent. Pas tous. Rachida Dati est de ceux-là.
Était-il pour autant nécessaire de l'humilier, de l'insulter ? Tout comme Silvio Berlusconi (que je ne porte pas dans mon cœur) a été humilié par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy devant toutes les caméras du monde…et c'est le peuple italien tout entier qui s'est senti humilié ! Parler de Rachida Dati comme d'une folle, c'est faire bien peu de cas de cette personne que Sarkozy avait pourtant élevée au rang d'étendard ! Mme Dati a le tort de résister. Elle a le tort de vouloir être elle-même. Elle a le tort de ne point céder face aux menaces et aux oukases. Soudainement, Rachida Dati me devient sympathique. C'est dire.