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Eglises au Ghana : par ici la monnaie

Publié le 21 décembre 2011 par Busuainn_ezilebay @BusuaInn_Ezile

Le Ghana serait il le Las Vegas des églises ? Pas besoin de coûteux casinos rutilants de lumières, pour piquer l'argent à ceux qui en ont déjà très peu. Quelques bancs en bois, des blocs de béton (ou en plein air aussi), un mur de son distordu ou un chanteur et/ou imprécateur hurlant dans le micro, deux choristes et le tour est joué. Tous les jours de culte, c'est bingo ! Pour l'organisateur., businessman qui se fait appeler pasteur.... Comme promis dans un (lointain) message , je reviens sur les églises, leur pouvoir et coffres forts. Comme d'habitude (je crois que je vais l'indiquer en bandeau du blog plutôt que de le répéter), nenni la généralisation ! Foi d'athée militante, bercée par la culture d'un pays où dès 1905, les dirigeants ont su, dans leur sagesse, séparer l'église et l'état. Ce qui n'est pas du tout le cas au Ghana.

Les églises

C'est un pan entier perdu (pas pour tout le monde, je vous rassure, le concessionnaire de gros 4x4 se frotte les mains et se remplis les poches aussi..) pour l'économie locale. Des sommes colossales (j'aimerai bien qu'un économiste vienne étudier cela d'un peu plus près, histoire d'avoir des chiffres plus précis, appel lancé).


10% du revenu annuel  

Selon différentes sources, les ghanéens dépenseraient en moyenne 10% de leur revenu dans la pratique religieuse. C'est l'un des plus gros business ici, tout comme les écoles et les funérailles qui feront l'objet d'écrits futurs. Je m'explique, nombres de ces églises (qui dans leur majorité réfutent la théorie de l'évolution de Darwin, tant le savoir est pouvoir..) sont évangéliques ou dans le même style. La plupart de ces églises organisent des grands raouts, avec transe assurée (car ces églises sont très malignes dans le recyclage des croyances et traditions ancestrales). La transe est pour moi une pratique de l'ordre de l'auto suggestion. Cette même manière de faire est utilisée depuis des temps immémoriaux par les féticheurs et autres djoudjouman (sorcellerie).

Dieu first !
Je travaille depuis des années avec une vendeuse de produit ménager dont la lucidité coutumière en matière commerciale fut raccourcie par son aveuglement religieux qui m'annonçait doctement (évidemment comment pourrait il en être autrement ?) que Dieu l'avait crée, je lui alors posée la question «ne croyez vous pas (perfide) que ce sont vos parents ? » réponse radicale et rédhibitoire : « Non, Dieu en 1er ! ».


Avidité cultuelle

Certaines n'hésitent pas à mettre en place des filières complètes, des sortes de trusts pour vous accompagner toute votre vie, écoles, hôpitaux. Aucun des secteurs qui devraient être sous l'autorité de l'état, prioritairement, puis éventuellement du secteur privé, mais sans divin paravent, n'échappent à l'avidité cultuelle.


Les mormons dans la course

Tout le pays est sillonné du nord au sud par les mormons, il faut les voir déambuler, sous le soleil brulant, en uniforme « mormones que » : chemise blanche , cravate rouge et pantalon de tergal noir (adaptée cette matière, pour le climat local), toujours par deux, un ghanéen et un jeune états unien, à peine sorti de l'adolescence.
Moussama disco church et les réseaux sociaux n'ont qu'a bien se tenir
Busua, petite bourgade de bord de mer environ un millier d'habitant (sans les enfants) : 12 lieux de culte, des indéracinables Jéhovah,méthodistes aux adventistes du 7ème jours, communément appelés S.D.A, très puissants dans le village. un vrai réseau social, face book et autres twitters n'ont qu'à bien se tenir ici. Une église que j'affectionne particulièrement par son nom : moussama disco church (faites tourner les boules à miroir et chauffer la sono), leur spécialité est de prier, chanter, danser la nuit – en jouant du djembé, les voisins sont toujours contents. Lorsque j'ai demandé la raison de ce tohu bohu noctambule, la réponse que j'ai reçu est parce que la nuit dieu est plus disponible. Et ouiche, les amiches ! Au passage, je peux citer la seule école publique de Busua qui est à présent gérée en direct live, par une église. Il y a quelques semaines, je me suis rendue à une réunion à Takoradi, pour se mettre en jambe : une petite prière pour commencer - annoncée de 10h à 10h15 sur le programme (ah, quand même !) – elle a été vaguement marmonnée 30 s et l'animateur de la réunion à malicieusement remercié Dieu de porter attention à cette réunion.


Mariage et business
L'an dernier j'ai été invité à un mariage. Évidemment, 4 heures à l'église, qui vous l'aurez compris fait figure de centre social ou association, dans une chaleur moite et parmi des "fidèles" très dynamiques. 
Le pasteur, fou de joie humant les bénéfices futurs, a organisé un concours de don, entre les prénoms de naissance (voir cet article sur l'attribution des prénoms au Ghana ), dont le gagnant est...le pasteur. 
Tout est bon dans le don
Il existe d'autres moyens de gagner de l'argent pour ces commerciaux de la croyance: un concours de don dont le "gagnant" est celui qui donne le plus.
Vous ne disposez pas de liquidité ?
Pas de problème le "pasteur" vous autorise le don à crédit ! 
Je veux dire par là, vous promettez de donner dans le futur avec paiement à tempérament... 
Plus fort encore, à la fin de la cérémonie de mariage, le pasteur est venu donné, une enveloppe contenant de l'argent, à la jeune mariée... 
Ben oui...
c'est une "apporteuse" d'affaire...
Business is'nt ?


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