Quand l’une des figures de la scène jazz locale s’associe à la salle bordelaise mythique dans ce registre musical à Bordeaux, cela donne «Action jazz».
L’association a vu le jour il y a quelques semaines sous la houlette d’Alain Piarou, programmateur notamment du festival Jazz à la Base, et de Malek Menekbi, programmateur du Comptoir du jazz. Son but : soutenir la scène jazz bordelaise en la fédérant et en lui offrant un «camp de base» où s’épanouir. «Les musiciens bordelais sont dans une situation de grande précarité du fait de la disparition des lieux de diffusion, constate Alain Piarou. Avec la fermeture de lieux comme la Dibiteri ou récemment encore l’Amadeus Song, les scènes ouvertes au jazz se font rares. Nous voulons leur offrir ici au Comptoir du jazz la possibilité d’accéder à de bonnes conditions scéniques. Pour des concerts en soirée mais aussi pour des périodes de résidence et de création en journée.» Dès le début de l’année, l’association programmera donc dans la salle du quai de Paludate trois concerts par mois (le mercredi) qui feront la part belle aux artistes locaux. Ces rendez-vous s’intégreront dans la programmation mensuelle du Comptoir du jazz, qui ne se limite pas au seul registre évoqué par son nom puisque blues, salsa et autres y occupent aussi une belle place. Un peu au détriment du jazz, d’ailleurs, qui depuis quelques années était en retrait dans la programmation du lieu dont il avait pourtant fait la réputation. Le partenariat avec Action Jazz est donc aussi pour le Comptoir l’occasion de réaffirmer sa place et son ambition en la matière. L’arrivée de nouveaux propriétaires il y a un peu moins d’un an y est bien sûr pour beaucoup. Jean-Marie Geilh, président de la société Port de la Lune- Comptoir du jazz, affiche une véritable ambition de redynamisation de l’activité de production de spectacles. Des travaux ont été menés pendant la fermeture estivale pour refaire la sono, les lumières et créer des loges à l’arrière de la scène. «Nous disposons maintenant de conditions optimales», assure Jean-Marie Geilh. Au delà de ces trois concerts mensuels, le Comptoir pourrait co-organiser avec Action jazz un petit festival annuel.
Vers un réseau régional
Alain Piarou, qui n’est pas le seul à se désespérer du manque d’espace d’expression pour le jazz à Bordeaux, voit dans cette nouvelle association l’outil indispensable pour le sortir de l’ornière. «Nous voulons soutenir la scène existante et la scène montante qui, à la sortie du conservatoire ou d’autres écoles de musique, ne trouve pas de lieu où jouer. Il est trop dommage que Bordeaux ne se rende pas compte de la quantité et de la qualité de ses talents locaux. Nous avons pourtant ici de grands musiciens comme Frédéric Borey (saxophoniste), Olivier Gatto (contrebasse) Roger Biwandu (batterie) ou bien d’autres.» Au delà du seul Comptoir du jazz, Action jazz voudrait mettre en place un réseau régional (Trans Aquitaine jazz) fédérant musiciens, diffuseurs, organisateurs de concerts. «Nous voulons leur proposer une charte portant sur les conditions scéniques, d’accueil, ou le paiement de cachets aux musiciens». Beaucoup de pain sur la planche avant d’en arriver là. Alain Piarou en est conscient. «Nous n’avons pas encore grand chose à offrir, mais nous avons en tout cas la volonté d’agir pour promouvoir le jazz et ses héritages».•
Sophie Lemaire
www.actionjazz.fr