Les ministères se trouvent importunés de tous côtés pour «faire quelque chose» – ce qu’ils traduisent par dépenser plus.
Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume Uni
David Cameron
Pourquoi la croissance de la Grande Bretagne est plus lente que les autres nations développées? Pourquoi avons-nous été surclassés au cours des 12 derniers mois par tous les États de l’UE sauf la Grèce, l’Irlande, le Portugal et la Roumanie?
Commençons par écarter l’explication des travaillistes, du Gardian, de la BBC: l’idée que l’économie se réduit en raison de «coupe» sombre. Comme je ne me lasse jamais de le souligner dans mes chroniques, les dépenses nettes du gouvernement sont bien plus élevées aujourd’hui qu’elles ne l’étaient sous Gordon Brown. Nous sommes prêts à emprunter au moins £122 milliards cette année. Les dépenses sont supérieures à 50% du PIB. À quel niveau de «stimulus» les critiques veulent qu’on s’arrête?
Ce que les classements internationaux montrent, c’est que les pays qui décrètent les plus grands sauvetages financiers ont connu les plus fortes contractions économiques. Loin de «stimuler» l’économie, ces différents programmes ont pompé l’argent hors du secteur productif. Si les dépenses de relance fonctionnaient, l’Union soviétique aurait gagné la guerre froide.
C’est pourquoi il est si déprimant de voir les ministres répondre à leurs détracteurs insistants en essayant de leur démontrer, qu’après tout, ils sont heureux d’intervenir dans l’économie. Comment un gouvernement qui s’est engagé à assainir les finances publiques finit-il par dépenser £1,4 milliards dans des subventions du type des «années 1970» pour favoriser les sociétés privées? Comment se fait-il qu’on se retrouve avec un Nick Clegg qui se vante des subventions électoralistes qu’il a obtenues pour son aciérie locale? Non pas que l’argent finira par stimuler la production d’acier, bien sûr, il sera dépensé par des armées de consultants, comme toutes les subventions gouvernementales. Pourquoi demande-t-on aux contribuables d’intervenir dans les marchés hypothécaires? Ces dépenses furent la cause de la crise, pour l’amour du ciel ; elles n’en seront surement pas la solution.
Les ministres aiment se vanter que, malgré le niveau de déficit grec, nous avons des taux d’intérêt au niveau allemand. Ne serait-ce pas précisément le problème? Le Premier ministre avait parfaitement raison hier, quand il décrivait la dette comme «un frein à la croissance». Notre niveau d’endettement est, en effet, la seule raison principale pour laquelle nous sommes à la traîne de nos concurrents. En plus, on est sûr que les politiques de taux d’intérêt ultra-faible et d’assouplissement quantitatif nous garantissent de magnifier le problème. Si la dette est un frein à la croissance, pourquoi l’encourager?
La vérité, c’est que rien ne peut empêcher l’amère leçon qui suit une bulle de crédit finissante. Ludwig von Mises le savait. Murray Rothbard le savait. Et, dans l’opposition, les conservateurs le savaient. Dans les ministères, pourtant, ils se trouvent importunés de tous côtés pour «faire quelque chose» – ce qu’ils traduisent par dépenser plus. Le danger c’est que, pour donner l’impression d’être actif, ils finissent par prolonger la récession. Comme le plus grand de tous les présidents américains avait l’habitude de dire à ses fonctionnaires: « Ne vous contentez pas faire quelque chose – rester ici! »
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Traduction : JATW pour Contrepoints.