Facebook ou Twitter ?

Face à l’interrogation, je suis d’abord resté un moment sans voix. « Et toi, m’a lancé un ami, toi qui t’y connais, t’es plutôt Facebook, ou plutôt Twitter ? Lequel est le mieux ? » Puisqu’il avait eu l’obligeance de me consulter, vous pensez bien que je ne pouvais pas le laisser comme ça, au milieu de la rue et des affres de l’ignorance. Alors j’ai balbutié quelques phrases mécaniques sur la pertinence de la question, l’intérêt majeur du débat, l’importance de bien cerner les enjeux, et d’avoir finalement le courage de trancher en fonction de ses propres aspirations sans se laisser dicter ses choix.

Thèse, antithèse, synthèse, j’ai conclu sur une ode à la tolérance, au respect d’autrui, à l’oecuménisme, en soulignant avec un peu d’emphase, je l’admets, que « l’un n’empêche pas l’autre et que de toute manière ils sont tous les deux gratuits ». J’aurais dû ajouter que l’on peut de surcroît fusionner maintenant les deux comptes (http://goo.gl/449×0), que ce que l’on écrit sur le mur de l’un est publié sur le fil de l’autre et réciproquement, mais sur le moment je n’y ai pas pensé. J’ai cru voir briller dans le regard de mon ami une lueur de gratitude.

Mais forcément, la question m’est revenue comme un boomerang un peu plus tard. Tout cela n’était sûrement pas anodin. Pourquoi donc ai-je fait de Facebook et non de Twitter la page d’accueil de mon navigateur ? Pourquoi me confiais-je plus volontiers à mes amis du premier qu’à mes followers du second ? La limite des 140 caractères de Twitter n’explique pas tout. Ici, http://goo.gl/xfHs, là http://goo.gl/0KFJO, ou encore ici, http://goo.gl/72Z21, j’ai cherché l’interprétation. Pas les raisons pratiques. Les ressorts inconscients, intimes, profonds qui me conduisent vers l’un plutôt que vers l’autre. Seul, face à la psyché de mon écran, je n’ai trouvé que cela : le reflet de moi-même que me retourne chacun des réseaux a dû guider mon choix. Confidences pour confidences : et vous alors, vous êtes plutôt Facebook ou plutôt Twitter ?

(Publié dans Le Monde daté du 4 novembre 2011)

Olivier Zilbertin