Petit à petit, l'oiseau fait son nid.

Publié le 23 décembre 2011 par Stev


Il n'y a rien à faire, à la rédaction, on kiffe House of Holland, la griffe de Henry (Holland, donc). Et pour une fois, on ne peut pas dire qu'on ait envie de le crier sur tous les toits… Disons que c'est un peu léger pour un créateur qui a une place au soleil. Il n'a pas inventé la coupe en biais et est loin d'être un précurseur, ça c'est sûr. Pire, des fois, il pourrait faire penser à un ersatz de Jeremy ScottEn plus, Henry en fait un peu des tonnes : un peu trop people, un peu trop meilleur ami de Gareth Pugh et d'Agyness Deyn sur les bords, un peu trop à TOUTES les soirées branchées ne lésinant pas sur les poses pour les photographes… Mais bon, mis à part qu'il en fait des caisses comme toute princesse de la "fashionasse" qui se respecte , il faut quand même reconnaître que petit à petit, petit Henry fait son nid. Et si aujourd'hui, la rédaction ose exposer au grand jour ses petits secrets inavouables, c'est parce que ça fait deux collections qu'on s'excite volontiers sur le style "deglingos" british de monsieur Holland. Il réussit maintenant à se démarquer de cette image de faux (Jeremy) Scott pour créer son propre univers : subtilement hystérique, un brin acidulé, limite sirupeux, en tout cas au bord du précipice de l'ironie et ça, on aime. OK, il a carrément abusé du rouleau de tartan pour le printemps / été prochain mais par contre, on acquiesce totalement les jeans nuages ou le traitement néo 90's du tie and die, les imprimés vaches sur des dégradés de couleurs douces ou encore l'utilisation bicolore des pastels + la transparence bien placée + les peaux genre python incongrues dans cette situation, ben tout ça égale forcément une fille over cool. Le problème réside peut-être encore là : oui, Henry, on a compris ! Tu veux être hip à mort, tu veux habiller toutes celles qui comptent dans la mini-sphère de l'underground mais justement, pour t'en attirer les faveurs, tu devrais peut-être y aller mollo sur le destroy. Attention, il nous avait pondu bien plus dégueu avant ! À ses débuts, la femme Holland ne portait que des T-shirts robes avec des phrases soi-disant chocs, le tout sur des espèces d'immondes bas de rétention… Alors croyez-nous, on peut dire qu'il a fait du chemin, le petiot. Nous, on a commencé à se régaler à partir de la saison dernière parce qu'utiliser le crochet pour faire des robes tout en éliminant le côté grand-mère mais justement en le rendant complètement ridicool, il fallait oser, tout en sachant que c'était pas gagné d'avance. C'est là qu'on s'est dit qu'il ne pouvait pas être complètement abruti non plus, il fallait avoir les couilles pour lancer sur le podium ce genre de souffle sans avoir peur du qu'en-dira-t-on. Nous, on soutient les mecs qui en ont dans le pantalon avec un sens singulier de la créativité, même si des fois ça peut paraître légèrement creux. De toute manière, on ne peut que constater une évidente amélioration au fil des années… Pis, il a un autre avantage le loulou, c'est que sa marque n'est pas complètement hors d'accès. Quand on va sur son E-shop, on trouve de quoi se satisfaire sans être obligé non plus de bouffer des coquillettes pendant quatre mois. Abstraction faite de sa lingerie et de ses chaussettes qui n'ont franchement pas grand intérêt, on vous l'accorde. Bref, Henry Holland, au risque de se cramer chez certains, on y croit. Ce petit chenapan de la mode montre qu'il évolue du bon côté obscur de la force. Il a cette aptitude au bout des doigts, il se montre de plus en plus concis chaque saison, et surtout de plus en plus efficace. Il lui manque encore quelques degrés de crédibilité et il faudrait qu'il se calme sur son obsession de la « branchitude », mais la maturité a l'air de montrer le bout de son nez… Et puis, en même temps, cette obsession pour le branché ne lui a pas valu que de la merde ! Ses musiques de défilés créées par les Misshapes (pré Leigh Lezark chez Chanel, on tient à préciser) étaient à tomber… Alors, affaire à suivre, en espérant des "Oh mon dieu!" plutôt que des éternels "oh là, là ! Too much, Henry !".  Bien à vous.