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Sommet pour l'emploi: la dernière carte de Sarkozy

Publié le 26 décembre 2011 par Juan
Sommet pour l'emploi: la dernière carte de Sarkozy Le 18 janvier prochain, Nicolas Sarkozy a promis d'organiser un sommet pour l'emploi à l'Elysée. En 2009 déjà, il avait été contraint par les manifestations monstres du 29 janvier précédent à un exercice similaire. En étaient sortis de nombreux cadeaux et allègements, comme la suppression du second tiers provisionnel d'impôt sur le revenu pour les classes moyennes, l'octroi de chèques emploi-service pour quelques milliers de familles modestes, ou le report de TVA pour les PME.
En janvier 2012, Nicolas Sarkozy vise deux objectifs: meubler le temps avant sa déclaration officielle de candidature, et préempter quelques thèmes de l'agenda électoral.
Maîtriser l'agenda politique
Cela fait des mois qu'il cherche ses thèmes de campagne pour le scrutin de 2012. Faute de formule magique, de slogan aussi simple et fédérateur que le «Travailler plus pour gagner plus » et autres « Ruptures » de 2007, il craint devoir répliquer à un tombereau de critiques sur son horrible bilan. Or Nicolas Sarkozy n'aime pas faire le bilan de ses actions. Il donne des leçons autant qu'il refuse d'en recevoir. Cela fait partie de son ADN politique. En 2007, il réclamait le temps de l'action avant d'être jugé. En 2011, il feint l'action pour éviter d'être jugé. L'année 2011, qu'il promettait « utile aux Français » se termine sur une curieuse impression. La Sarkofrance a fait du sur-place. L'Elysée s'est démené pour conserver son Triple A. Aucune réforme significative n'est venue habiller les derniers mois de cette mandature gâchée.
Nicolas Sarkozy cherche à occuper l'agenda politico-médiatique et trouver des diversions. Jusqu'à maintenant, ses tentatives ont fait chou blanc. En juillet 2010, le discours de Grenoble eut un effet calamiteux. Sarkozy le paye sans doute encore dans l'étonnante résistance du centre droit à son encontre. Plus récemment, le second discours de Toulon fut un flop, de l'avis même de quelques proches, déçu par le manque de visions et de propositions. 
A Toulon, pour ce second discours qu'il voulait historique le 1er décembre dernier, on retint qu'il voulait organiser un sommet social en janvier: «Ce n'est pas parce qu'il y a une élection présidentielle qu'il faut attendre ». La date du 18 janvier fut ensuite confirmée.  Sarkozy convoque patronat et syndicats. Pas question de laisser ses opposants politiques s'exprimer. Mais nous avions été prévenus à Toulon:  «J'inviterai en janvier prochain tous les partenaires sociaux à faire des propositions sur l'emploi. Il faudra alors avoir «le courage de lever les tabous pour lever les freins à la compétitivité français».
Pour Sarkozy, ce sommet est l'occasion de récupérer à son profit le thème de l'emploi, puisque le chômage, contrairement à ses promesses, ne cesse de dépasser des records historiques.
Quelques jours plus tard, quelques confidences fusèrent ici ou là dans la presse. Nicolas Sarkozy préparerait un « gros coup ». C'est toujours pareil. Quand il prévient d'une quelconque abstinence médiatique pour cause de vacances, le Monarque finit par lâcher des confidences en tous genres pour entretenir l'attention sur lui. Une démarche puérile mais habituelle.
Quelles mesures fortes ?
En guise de « mesures fortes », voici quelques-unes propositions « étonnantes » fuitées ici ou là dans la presse.
La TVA Sociale est de retour, et porte bien mal son nom. 
La TVA est un impôt injuste, tout le monde le sait. Elle ne distingue pas les revenus du consommateur. Mais c'est l'une des pistes évoquées pour pérenniser le financement de notre assurance sociale. Dans quelques jours, un Haut Conseil du Financement de la Protection Sociale sera installé. Sarkozy nous l'avait promis le 15 novembre dernier lors d'un déplacement à Bordeaux. Ce machin administratif devra réfléchir à un financement de la Sécu « favorable au développement et à la compétitivité de l'économie française, compatible avec les impératifs de solidarité et d'équilibre des finances sociales ». (dixit le projet de décret). Le Monarque a déjà prévenu qu'une hausse de la TVA était une piste à explorer pour financer la Sécu. Que les pauvres payent pour les pauvres ? A Toulon, le Monarque avait surenchérit: « On ne peut pas financer notre protection sociale comme hier en prélevant uniquement sur les salaires quand les frontières sont plus ouvertes et qu’il faut faire face à la concurrence de pays à bas salaires. La réforme du financement de notre modèle social est devenue urgente ».
La flexibilité du travail, jusqu'où ?
On le sait. La Sarkofrance lorgne du côté de ses voisins allemands, où le travail partiel occupe un quart des actifs. En France, on ne sait pas vraiment ce qu'on admire du modèle allemand.
1. En 2009, Nicolas Sarkozy avait été contraint de défendre le chômage partiel plutôt que le licenciement tout court. Il dût maintenir les contrats aidés qu'il voulait supprimer, appliquant ainsi les exactes mêmes solutions que ses prédécesseurs. C'est maintenant l'un de ses dadas. Le temps partiel plutôt que le chômage ! Pour 2012, Sarkozy a confié à des sénateurs UMP qu'il dégagerait même des « moyens supplémentaires » en matière d'indemnisation du chômage partiel. On se souvient qu'il avait sabré les crédits de la politique de l'emploi dès 2011. Les syndicats aimeraient qu'on simplifie les différents dispositifs.
2. En 2009, le gouvernement Fillon adoubait la rupture conventionnelle du contrat de travail. Cette formule a bien servi, surtout comme une pré-retraite déguisée.
3. La flexibilité du travail, version UMP, ce serait aussi la fin des 35 heures. Le sujet, pour Sarkozy, est délicat. Plus personne ne croit encore à l'idée que les 35 heures est encore un carcan imposé à tous. Les heures supplémentaires ont été déplafonnées, le rythme hebdomadaire moyen pour ceux qui ont la chance de travailler à temps plein est de 36 heures, et les Français travaillent annuellement plus longtemps que les Allemands.
La vraie question est ailleurs: Nicolas Sarkozy aimerait en fait supprimer toute référence légale de temps de travail. Nul besoin alors de calculer des heures supplémentaires ! La belle affaire !
4. Dernière idée en date, les contrats compétitivité /emploi, à la mode en Allemagne: les salariés concèdent sur leurs rémunérations et/ou leur durée de travail, les employeurs lâchent des garanties sur l'emploi. Sarkozy voudrait du « travail moins cher ». Le Monde explique: « En échange d'une flexibilité accrue des salariés, ceux-ci obtiendraient des garanties pour leur emploi ou des investissements. Ces accords s'imposeraient automatiquement aux salariés, sans nécessité de signer des avenants individuels au contrat de travail comme actuellement. »

Travailler moins et moins cher pour travailler tous ? On dirait une caricature sarkozyenne du passage aux 35 heures...


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