Dernière modification le 27-12-2011
Estelle Vereeck, Docteur en chirurgie-dentaire, auteur d'ouvrages sur les dents parus aux éditions Luigi Castelli
Si l’extraction systématique fut pendant des siècles l’unique remède au mal de dent, on pensait cette pratique barbare à jamais
révolue grâce aux progrès de la dentisterie. Et pourtant, des prémolaires extraites pour raisons orthodontiques aux dents de sagesse extraites systématiquement au stade de germe, nombre de dents
sont aujourd’hui extraites sans justification médicale réelle. Pire, certains dentistes n'hésitent pas à justifier cette pratique au nom de la dentisterie holistique et à l'appliquer systématique aux dents
dévitalisées.
Nous relatons ici l'histoire vraie d'un patient, appelons-le André, qui s'est vu proposer l'extraction d'une dent par ailleurs
parfaitement conservable.
Le dentiste arracheur : mésaventure d’André
André consulte son dentiste pour de légères douleurs au fond de la bouche. Le praticien diagnostique une carie sur la dent de sagesse
et préconise l’extraction pour laquelle il adresse André chez un stomatologue.
André prend donc rendez-vous. Pourtant, perdre une dent supplémentaire, même de sagesse (ou justement de sagesse !) le chagrine. Sans
réfléchir, il décide de solliciter notre avis. On ne sait jamais…
Et là, surprise! La radio montre qu’il s’agit d’une banale carie qui peut être traitée d'une manière simple et rapide, probablement
en conservant la vitalité de la dent.
La radio montre que la dent de sagesse est bien en place, peu abîmée et qu'elle est utile à la mastication et au calage de
l'occlusion grace à la présence d'une dent de sagesse antagoniste (en haut).
André décide de conserver sa dent de sagesse, s’épargnant une intervention désagréable et sans doute des conséquences négatives à
plus long terme (déséquilibre de l'occlusion).
En effet, privée d’antagoniste par l’extraction, la dent de sagesse du haut se serait égressée par le phénomène de poussée continue
avec pour conséquence des troubles de l’occlusion.
Conclusion : le dentiste est-il encore un arracheur ?
La morale de cette histoire est qu'avant de procéder à une extraction, acte irréversible, il est sage de prendre plusieurs avis. Dans
le cas d'André, son dentiste a préconisé l'extraction car il ne voulait pas prendre le temps de soigner une dent située au fond de la bouche, donc plus difficile d'accès. En effet, les dentistes
sont rémunérés à l'acte et non au temps passé.
Aujourd'hui encore, le dentiste reste trop souvent un arracheur.
Autres cas où des extractions sont préconisées, souvent de manière abusive :
- Extractions de dents dévitalisées au nom d’une vision
extrémiste de la dentisterie holistique.
- Extractions des dents de sagesse ou germectomies en
prévention des récidives de traitement d’orthodontie.
- Extractions orthodontiques (prémolaires saines)
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