j’avoue humblement – et benoîtement (bien que je ne me prénomme point Benoît) pour glisser un clin d’œil lexical aux amateurs de mots inusités, ceci afin de participer à la préservation de la langue française en tragique voie de disparition – que je ne connaissais pas le blog de Didier Specq, chez Nord Eclair.
je ne savais d’ailleurs même pas que des journaux locaux abritaient des blogueurs. je vais de ce pas aller demander au mien de m’héberger. Ou pas. L’est Rép, ça pue. j’ai connu une fille de journaliste qui l’appelait l’Est Répu…gnant.
Mais cessons donc de bifurquer ainsi sans cesse au risque d’égarer et d’irriter subséquemment (one point !) le lecteur. L’histoire que narre Didier me semble intéressante et symbolique d’une certaine idée de la France. Celle que tend à propager le sarkozysme. Cela me fait penser à cette jeune femme toujours au chômage trois mois après avoir osé railler Nadine Morano. Même acabit.
L’histoire se passe sur un parking de supermarché. Ebrahim et une adjointe au maire d’Halluin (Nord Pas de Calais, près de Tourcoing) se disputent pour une place de parking. Les cons. Laissons à Didier ses mots :
“Toujours est-il que l’altercation (c’est le jeune homme qui cède finalement la place à l’adjointe) se solde par des injures et un doigt d’honneur. Pas de témoin. Le jeune homme dit qu’il a été injurié tout autant. L’adjointe ne dit pas qu’elle a été injuriée en tant qu’adjointe ou que sa fonction municipale a été mentionnée par l’auteur présumé des injures. De toutes façons, le jeune homme avoue le doigt d’honneur.”
Et qui croyez-vous qui l’emporta, dans ce bel et noble tournoi ?
Le jeune homme bénéficia généreusement de 48h de garde à vue. “A l’audience, la procureure demande cinq mois de prison ferme contre ce qu’il est convenu d’appeler le jeune de banlieue! Cinq mois assortis d’un mandat de dépôt!”
Mais rassurez-vous, chers lecteurs, l’histoire se termine plutôt bien et la morale est sauve :
“Après avoir écouté la plaidoirie scandalisée de Me Jessy Lelong, le président Hoc Pheng Chhay a prononcé un jugement courageux, très peu en rapport avec les réquisitions étonnantes du parquet : 38 euros d’amende pour injures non publiques.”
Mais si, qu’il y a une justice, les manants, vous voyez bien ! C’était la réponse du berger à la bergère… Et la mienne à La Fontaine :
Le Loup et l’Agneau

Nous l’allons montrer tout à l’heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure.
Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
- Sire, répond l’Agneau, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu’elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d’Elle,
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l’an passé.
- Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?
Reprit l’Agneau, je tette encor ma mère.
- Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
- Je n’en ai point. – C’est donc quelqu’un des tiens :
Car vous ne m’épargnez guère,
Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l’a dit : il faut que je me venge.
Là-dessus, au fond des forêts
Le Loup l’emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.