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C’est la faute à l’euro

Publié le 28 décembre 2011 par Alex75

En cette fin d’année 2011, tous les regards sont braqués sur les dirigeants des trois grandes économies de la zone euro, Angela Merkel pour l’Allemagne, Nicolas Sarkozy pour la France et désormais Mario Monti pour l’Italie. Il s’agit d’accélérer le plan de sauvetage de la zone euro. Tout le monde regarde désormais, ce que l’on appelle le spred, c’est-à-dire l’écart entre les taux d’intérêts. Le stred n’est pas bon. Cela va dire, que l’on emprunte de plus en plus cher par rapport aux Allemands.  « L’euro nous protège, l’euro nous a protégé, l’euro nous protégera« . C’est notre sainte trinité, on est prié de psalmodier, chaque jour, cette parole d’évangile, de peur d’être excommunié par le tribunal médiatique.

L’euro nous a protégé. Pendant une dizaine d’années, après la création de la monnaie unique, nous avons emprunté au même taux que les Allemands, même les Grecs ont eu ce privilège, ils se sont joyeusement gobergés, empruntant à tout va, nous aussi. Mais la fête est finie. Les Grecs n’ont plus les moyens d’aller sur les marchés, les Italiens empruntent à 7 %, quand les Allemands , eux, se refinancent à moins de 2 %. C’est le fameux parti du spred, qui a fait sauter Berlusconi. Mais son remplacement par Mario Monti n’a rien changé. Les Espagnols ne sont pas mieux lotis, et depuis quelques jours, les Français empruntent eux, à 4 %. Le spred, le fameux spred s’élargit avec l’Allemagne. Les marchés, insensiblement, nous font passer de la zone de l’Allemagne à celle de l’Italie et de l’Espagne. Aucun pays n’est désormais sorti de l’euro, mais tout se passe comme si la zone euro n’existait plus. Comme si nous avions déjà perdu notre triple AAA. Comme si les marchés étaient en train de réinventer des monnaies nationales, puisqu’ils traitent chaque pays, selon ses mérites et selon ses besoins.

Le Japon est beaucoup plus endetté que l’Italie ou la France mais il emprunte à un taux inférieur à celui de l’Allemagne. L’euro ne nous protège plus. Le budget de l’Angleterre est beaucoup moins bien géré, que celui de l’Espagne, mais les Britanniques empruntent à 2 %, tandis que les Ibériques le font à 6 %. Perfide Albion. Notre Etat-providence français est certes obèse, mais celui de la Suède n’est pas moins généreux, mais se porte comme un charme. Comme l’explique lumineusement, le prix Nobel d’économie américain, Paul Krugmann, en adoptant l’euro, l’Espagne et l’Italie se sont en fait, réduites au stade de pays du tiers-monde, obligées d’emprunter en devises étrangères, le sombre diagnostic, hélas, valant aussi pour la France. Pour recouvrer cette souveraineté monétaire, inconsidérément abandonnée, les Français proposent que la BCE ressorte des placards, la planche à billets. Les fourmis allemandes refusent, exigent d’abord de mettre sous tutelle budgétaire, les cigales méditerranées. Les deux ont raison et les deux ont tort. Tous, ils continuent de croire que les décisions institutionnelles peuvent briser les logiques économiques, Tous, ils ne veulent pas voir, qu’une union monétaire réussie, entraîne toujours un accroissement des inégalités régionales, au profit des régions les mieux dotées, les plus riches. La redistribution alors, est faite par l’Etat. Dans un Etat unitaire, en France, la région parisienne paye pour la Corrèze ou les Antilles. En Allemagne, l’ouest continue de payer pour les länders de l’est, mais refusent de payer pour le sud de l’Europe.

Les Français s’obstinent à ne pas comprendre, que la logique de l’euro,  c’est une France écartelée entre une France du Nord et une Alsace aspirée par le dynamisme rhénan, et une France de l’ouest et du sud devenue des déserts industriels. Ce serait alors la fin, d’une certaine forme d’égalité républicaine, établie sur notre territoire, depuis le XIXe siècle. Mais répétez après moi :  »l’euro nous protège, l’euro nous a protégé, l’euro nous protègera« . 

   J. D.


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