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Angry Birds, la maison en pain d'épices

Publié le 29 décembre 2011 par Didier Vincent

Le jeu comme symbole du monde

 

Métier : concepteur de niveaux pour Angry Birds. Un métier d'ingénieur des ponts et chaussées un peu concassé, genre celui qui a raté le concours. Construire pour détruire, un art d'orfèvre à la Derrida. Ce fameux concept à jamais inachevé de la  déconstruction. C'est d'époque, car nos friches industrielles ont largement anticipé la déclinologie capitaliste ambiante. Déconstruire donc, pour que d'autres trouvent la jouissance de démolir, c'est cette idée qui trame les maisons à cochons de Angry Birds. C'est vous le loup du coup, enfin, l'oiseau qui va court-circuicuiter le décor en rentrant dedans et en y laissant des plumes.

Ici, c'est de la confiserie, mais c'est tout comme. Démontage de pièce montée, coupage de tarte, épiautage de glaces, le consommateur est un oiseau goulu qui charcute plus ou moins aisément sa proie sucrée avec, en guise de pépites, ces petites gimauves vertes en forme de cochons. La pâtisserie est derridienne, en somme : s'arranger pour que le saccage n'ait pas un air par trop barbare tout en étant une tuerie artistique, style lacérer la Joconde, découper Guernica ou éventrer un Vermeer. D'où, symboliquementy, les petites bougies sur le gâteau, et on les souffle comme le loup la maison de paille des cochons. Ensuite vient la nuit des long couteaux chocolatés.

Mais on s'en moque, ce n'est qu'un jeu, comme ce monde, une tour penchée qui ne tombera jamais. A moins que...oui, c'est ça, à moins qu'on ne passe à un autre niveau, mais sans doute plus chiadé, plus dur et encore meilleur au fond.


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