L'année est proche de son terme et la publicité de ce blog est loin d'être assurée. La faute aux blogeurs qui ne prennent même plus la peine de s'en prendre à leurs condisciples. Et nous sommes les premiers à en souffrir. Les feuilles de papier journal servaient hier à emballer votre poisson. Pourquoi ne pas leur redonner cette vocation l'année qui vient, vous qui souhaitez tout faire pour sauver la planète ?
Nous n'allons pas rattraper le travail de critique des dérives de la catéchèse dans l'Italie du Sud en exhumant un 30 décembre un 400 coups calabrais dont l'héroïne serait une jeune fille aux prises avec le martyre occasionné à une portée de chatons et qui se demande ce que veut dire "Eli Eli lama sabachthani". Corpo celeste de Alice Rohrwacher est un film très subtil, bien plus intelligent que ce qu'un spectateur est capable de comprendre, aussi nous vous conseillons d'y aller à plusieurs, en procession. Pour assurer votre coup, emmenez-y Dorham qui nous a cette année prodigué magistralement une formation permanente indispensable pour notre catéchèse. Lui pourrait peut-être vous aider à comprendre comment arrimer un christ en croix sur le toit de votre voiture de manière à ce qu'il ne verse pas dans la Méditerranée au premier virage.
Nous n'allons pas nous lancer dans la critique cinéphilique, ni nous indigner, la patience du lecteur a ses limites. Une fois de plus cette année, on aura lancé des louanges à l'intention du CNR. Qui peut dire que Jean Moulin a rêvé de ce CNR ? Jean Moulin a décidé de créer le CNR uniquement pour concurrencer une initiative qu'il désapprouvait mais qu'il préférait lui-même prendre à son compte pour éviter de voir son pouvoir et sa mission compromise. Il me semble que c'est ce que dit Daniel Cordier dans ses mémoires. Il était bien placé pour cela. Le noyautage du CNR par les communistes ou leurs faux-nez est une chose qu'il n'aurait sans doute pas acceptée. Et le plus drôle est de voir que certains ont voulu faire de Jean Moulin un crypto-communiste ! On attache aujourd'hui Jean Moulin et "l'oeuvre du CNR" dans le même mouvement et c'est troublant. Croyez bien que nous louons les bienfaits de l'Etat-Providence et Jean Moulin n'aurait rien eu contre. Soyez sûrs que nous sommes conscients de ce que nous devons à ceux qui ont lutté pour nous.
"Nombre de chefs de mouvement, en particulier de zone nord, n'avaient accepté qu'à contrecœur la participation de partis politiques au Conseil national de la Résistance."* C'est ce CNR que Jean Moulin laisse en héritage à la Résistance en 1943. Par souci d'efficacité, il a accepté que les anciens partis politiques siègent au CNR. ... Autrement dit, le CNR a été à deux moments de son histoire l'émanation de deux politiques très différentes. Il n'a pas été à la fois gaulliste et communiste. La différence entre le CNR de Moulin (en mai 43) et celui de Bidault (en août 43) est aussi structurelle : "si Charles de Gaulle et Jean Moulin avaient surtout vu le CNR comme un embryon de représentation nationale, les chefs des mouvements participant au Conseil le considérèrent de plus en plus comme un organe exécutif dont le Bureau était le directoire de la Résistance."*
De fait, le général de Gaulle s'activa à la Libération pour priver le CNR de tout pouvoir. Ce même CNR qui mentionnait dans son programme le général de Gaulle pour en faire l'apôtre de l'insurrection nationale... Extrait [Merci à Ladyapolline de l'avoir mis en lien] :
"En conséquence, les représentants des organisations de RÉSISTANCE, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R.
Déclarent que c'est seulement par l'organisation, l'intensification de la lutte menée par les forces armées, par les organisations constituées, par les masses, que pourra être réalisée l'union véritable de toutes les forces patriotiques pour la réalisation de la libération nationale inséparable, comme l'a dit le Général De Gaulle, de l'insurrection nationale qui, ainsi préparée, sera dirigée par le C.N.R, sous l'autorité du C.F.L.N, dès que les circonstances politiques et militaires permettront d'assurer, même au prix de lourds sacrifices, son succès.")
Finalement, la Libération terminée, l'insurrection n'était plus à l'ordre du jour. A propos, qu'en est-il vraiment de cette coutume de l'évêque de gifler le communiant ? Est-ce pour se souvenir de Saint-Nicolas, lui-même giflé pour s'être opposé à un évêque hérétique ? Je vous le dis, il faut bien arrimer les christs en croix sur le toit de votre voiture sinon très vite, tout le monde oublie comment le programme n'est pas respecté.* Guillaume Piketty, Le CNR après Caluire, Espoir n°135, juin 2003
photo : Life, soldats américains devant le Vésuve, mars 1944. La meilleure photo de l'année pour répondre au tag de Dada lancé par Corto et ses disciples
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