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Docteur Renaud, j’ai mal à l’âme.

Publié le 30 décembre 2011 par Legraoully @LeGraoullyOff

Début de semaine, fatigué par les excès gastro-éthyliques de la veille et de l’avant veille, je traine ma carcasse et mon mal de crâne de pièces en pièces, cherchant vainement le repos, ma boite d’aspirines et mes chaussons que mon facétieux clébard planque sans cesse dans des endroits plus étonnants les uns que les autres.

Putain de fêtes de Noël, obligé de boire pour oublier l’enfance envolée.

Docteur Renaud, j’ai mal à l’âme.
Hier, je m’extasiais, ému aux larmes, trépignant comme une petite pucelle au concert de Christophe Mae, je m’enchantais devant une boite de Playmobil. Aujourd’hui, c’est la vue du Gevrey-Chambertin 1er cru, amené par Tonton qui me file la gaule, et aussi celle de la cousine (ben quoi l’inceste est interdit ?)

Ravagé donc par une soudaine bouffée de nostalgie, encouragé également par la lecture de l’excellent ouvrage, amené par le papa Noël, consacré à Renaud, je me cale sur mon canapé Ikéa.

Le livre écrit par Alain Wodrascka et David Séchan (le frère) a pour titre: « Et sil n’en restait qu’un … » et traverse de manière chronologique, à travers ses albums, la carrière de l’artiste.

Hugues Aufray se charge de la préface et bien entendu en profite pour parler plus de lui que de Renaud, pour lequel il est quand même censé faire le texte liminaire du livre. Le chanteur de Santiano s’aime tellement qu’il parvient dans une préface de 2 pages sur Renaud à se vanter, une fois de plus, d’avoir découvert Dylan, Renaud, les renards, le vaccin contre la rage…. Bref, Papy a du vent dans les voiles de son fameux trois mâts; il parle de sa chambre de bonne, de l’Espagne, de ses débuts, de sa vie de star … il divague sevère pèpère. On sent qu’à la fin, y a un type qui a du lui dire: « Dis donc Hugues, c’est bien beau tes 34 paragraphes sur ta pomme, mais n’oublie pas que tu es censé parler de Renaud … ». Bon du coup, il nous torche vite fait une fin minable, je cite « …Prends soin de toi, Renaud… et appelle moi sur mon mobile !!! »

Le coup du mobile, je pense que c’est pour faire jeune et dans le coup … parce que sinon, je comprends pas.

Mais ensuite, quelle bonheur de se plonger dans les chansons du poête, celui qui comme le disait Frédéric Dard:  «  Fait le boulot de Verlaine avec des mots de bistrots ».

Retracer le parcours d’un tel artiste, mettant en parallèle sa vie, son expérience et les chansons issues de cette expérience est vraiement fascinant, si on aime un tant soi peu le Renard bien sur… ben oui, si tu préfère Yannick Noah ou Calogero , tu as du te tromper de livre et je suis d’ailleurs étonné que tu sois arrivé dans cet article. Casse toi tu pues et marche à l’ombre !

Je vais pas en faire des pages, mais un type capable de sortir à vingt piges et des poussières une chansons tendre, amoureuse et déjà désabusée avec un titre beau à faire pleurer tel que: “J’ai la vie qui m’pique les yeux” ne pouvait que devenir ce qu’il est devenu, un des plus grands paroliers de la chanson française, à ranger à coté de Brassens.

Pour finir, je ne peux me retenir de citer un sublime texte du maître, sur la necessité de garder une âme enfantine, parce que les grands, ben c’est rien que des méchants.

Vas y, dis leur Renaud:

“Tâche ma colombe, de pas mettre un pied

Sur les lignes sombres, entre les pavés

Sinon c’est l’enfer, archi assuré

Sinon c’est galère, pour l’éternité

C’est pas des histoires, c’est pas du pipeau

Fais gaffe à l’abîme, près du caniveau

Y a que les enfants, qui savent éviter

Ces sacrées rayures, qui nous font tomber”

Pis voilà, c’est tout.

Docteur Renaud, j’ai mal à l’âme.

'Fichus, soleillados, robes de chez Lacroix / Les pétasses au soleil des longs étés framboises / Posent leur cul bronzé qu’un con honorera / Sur la pierre fatiguée des arènes Nimoises / Et puis pour une fiotte, en balerines noires / Qui arrose bientôt le sable d’un sang bovin / Elles se pâment sur l’épaule de leur maque d’un soir / Et mouillent la soie fine de leur dessous coquins." (Renaud, "Olé !")


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