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242ème semaine de Sarkofrance: le chômage s'impose à Sarkozy

Publié le 31 décembre 2011 par Juan
242ème semaine de Sarkofrance: le chômage s'impose à Sarkozy Dernière semaine de l'année, dernière semaine de vacances avant la Grande Campagne. Nicolas Sarkozy a disparu des écrans médiatiques depuis quelques jours, avant de réapparaître ce 31 décembre pour ses traditionnels voeux de bonne année.
La grève des agents de sûreté dans quelques aéroports français s'est essoufflée, après la dramatisation grotesque du gouvernement. Des attentats ont frappé l'Irak et le Nigéria, comme un triste bruit de fond. Deux légionnaires français ont été tués en Afghanistan, portant à 26 le nombre de morts au combat dans la zone. Les agences de notation ont accordé un peu de répit à la Sarkofrance, lui laissant terminer l'année avec son Triple A. Mais l'emploi, ou plutôt le chômage, s'est brutalement imposé à la faveur d'une publication statistique détestable.
A l'UMP, on masque mal la panique.
Une bombe qui s'appelle chômage
Au gouvernement et à l'Elysée, on préparait le sommet pour l'emploi du 18 janvier prochain. Mais les derniers chiffres du chômage, publiés le 26 décembre, sont pires que prévu. Tous les indicateurs sont mauvais: 5,2 millions de chômeurs, un nombre en hausse dans tous les âges, toutes les catégories. La durée moyenne d'inscription est de 250 jours, contre 222 jours un an avant. Les cessations d'inscription pour défaut d'actualisation ont bondi de 9% en un mois. Le nombre de plus de 50 ans inscrits à pôle emploi a explosé de +15% de décembre 2010 à novembre 2011. Les femmes sont plus particulièrement touchées: +17% versus +14% pour les hommes cinquantenaires et plus. On se souvient que l'âge légal de retraite a été reporté de 4 mois dès juillet dernier.
Nicolas Sarkozy ne voulait pas se laisser embarquer sur ce terrain glissant sans réagir. Le chômage officiel devrait franchir les 10% de la population active en mai prochain, un record depuis 1999. D'où son sommet du 18 janvier. Aux médias, on glisse déjà quelques idées. D'abord, la crise n'est pas que chez nous: « Le chômage n'est pas un problème franco-français » (Xavier Bertrand). L'excuse est facile.
Roger Karoutchi, fidèle grognard des Hauts-de-Seine, aimerait que Sarkozy soit encore porteur de « ruptures ». Notez le pluriel.  A Toulon, le Monarque avait évoqué la TVA sociale, sans la nommer bien sûr. Il voulait croire « qu'on n'avait pas tout essayé » pour lutter contre le chômage. Il faut avouer que sa politique nous a coûté cher en emplois: sa défiscalisation des heures supplémentaires a détruit l'emploi intérimaire et en CDD, puis découragé l'embauche. Comment expliquer autrement que le volume d'heures sup' progresse autant ... que le chômage ? A cause de la réforme des retraites, le nombre de retraités a déjà chuté d'un tiers en un trimestre.
En Sarkofrance, ça sent désormais la panique. Xavier Bertrand veut des «solutions rapides» pour lutter contre le chômage. L'UMP toute entière semble convaincue aux vertus du partage du temps de travail, qu'elle préfère baptisé chômage partiel. Attention, ce n'est pas qu'une affaire de dénomination politicienne. Notez la nuance, elle est crucial. A droite, on partage... le chômage ! Les ténors de Sarkofrance aimeraient imposer une plus large flexibilité. Chacun y va de sa proposition farfelue. Le MEDEF aimerait un CDD de 30 mois, les libéraux de l'UMP, Jean-François Copé en tête, voudraient supprimer toute durée légale hebdomadaire de travail afin de supprimer... les heures supplémentaires elles-mêmes... On attend les 34 heures de Sarkozy.
En 5 ans, se plaît à rappeler l'opposition de gauche comme de droite, Nicolas Sarkozy aura vu le nombre de chômeurs progresser d'un millions. Qui dit chômage de masse, dit précarisation massive.
Pauvreté oubliée
Il lui ont offert un kit de survie pour SDF. Une association nordiste d'aide aux sans-abris, le Groupe de secours catastrophe français (GSCF), a envoyé le kit qu'elle a conçu pour aider les SDF à passer l'hiver. En décembre 2006, le candidat Sarkozy promettait qu'il n'y aurait plus un sans-abri mort d'ici deux ans. En 2011, environ 360 sans-abris sont décédés dans la rue.
Les Restos du Coeurs ont quelque difficulté à satisfaire une demande qui explose. Il leur manque 5 millions d'euros. L'ont-ils réclamé au Monarque quand ce dernier est venu les voir le 22 décembre dernier ? Interrogé sur France 2 jeudi 29 décembre sur ce que le gouvernement comptait faire, le secrétaire d'Etat au commerce Frédéric Lefebvre a bafouillé une réponse incomplète: « il faut qu’on atteigne ce dont ils ont besoin, donc c’est l’objectif. » Ah... Et comment ? Lefebvre a provoqué une « réunion à Bercy », évoquée dès le lendemain midi au journal de 13 heures de TF1... Ouf! Nous sommes rassurés...
A Paris, la Mairie a informé que l'Etat avait coupé dans les vivres du Samu Social: 28 millions d'euros de moins en 2012 ! L'essentiel du budget de l'association est couvert par l'Etat: ces 115 millions d'euros de dotations en 2011 tomberont à 89 millions l'an prochain. En fin d'année, le gouvernement a aussi annulé quelques 153 millions d'euros de crédits pour la lutte contre la pauvreté, soit 10% des économies supplémentaires pour tenir l'objectif de réduction des déficits.
Au premier janvier prochain, toute une salve d'augmentations diverses viendront pénaliser les ménages les plus modestes. Le Conseil constitutionnel a validé cette semaine la loi de finances pour 2012. La TVA à 5,5% passera donc bien à 7%. Les sodas seront taxés d'une contribution particulière. De son côté, la SNCF a décidé d'augmenter les tarifs de ses TGV. Bien sûr, les plus riches paieront proportionnellement un peu plus: 3% de contribution provisoire par part fiscale dépassant les 500.000 euros, et un point d'impôt sur le revenu supplémentaire sur la dernière tranche du barème. Côté revenu, le RSA augmentera de 7 euros par mois (pour une personne seule). Laurent Wauquiez, le chantre de la Droite Sociale, en est tout retourné.


Electoralisme minable
On digère mal la loi sur les génocides, adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale. Une députée UMP, Valérie Boyer, a même reçu des menaces de mort. La réélection de Nicolas Sarkozy serait-elle à ce prix ?
La cote de Sarkozy remonte chez les bookmakers anglais, paraît-il. En Sarkofrance, la cote reste basse et le trouillomètre remonte. Sarkozy est candidat, mais il n'ose toujours pas se présenter. Il n'aime pas que ses interventions et nombreux déplacements puissent être comptabilisés au titre de sa campagne. Juste avant une gigantesque tournée des voeux, cela ferait tâche... Pour le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, pourtant, Nicolas Sarkozy est davantage candidat que président.
Un ancien prestataire de la campagne Web de Nicolas Sarkozy en 2007, Arnaud Dassier, a quitté l'UMP. Le parti présidentiel ne veut pas de primaires pour désigner ses candidats aux prochaines législatives et Dassier lorgnait sur une circonscription en Val de Loire. Claude Guéant, lui, s'est trouvé une jolie circonscription pour les prochaines législatives. L'homme aime le combat, il sera député à Boulogne-Billancourt, 67% pour Sarkozy en 2007. Après François Fillon qui s'est choisi l'ultra-bourgeois 7ème arrondissement de Paris, voici un second ténor de Sarkofrance qui livre une belle leçon de courage !
Pour le reste, Nicolas Sarkozy accélère le placement de ses proches. Libération en a fait sa couverture, mercredi 28 décembre, en citant une dizaine de nominations récentes dans la magistrature, comme celle d'André Ride, décidée le 20 décembre, au parquet de Bordeaux où s'instruisent les affaires Woerth et Bettencourt. Plus visible, l'actuel secrétaire général de l'Elysée, Xavier Musca serait pressenti pour diriger la Caisse des Dépôts et Consignations...
Dette hors contrôle ?
La dette publique française a bondi d'une grosse centaine de milliards d'euros l'an dernier. Au troisième trimestre 2011, elle se chiffrait à 1.689 milliards d'euros. Trois ans avant, elle était inférieure de 400 milliards d'euros. Sur le trimestre, la dette a baissé de 3,6 milliards d'euros, « moins rapidement que prévu » s'inquiète le Monde. N'y voyez aucun effet de la rigueur gouvernementale du moment, l'évolution n'est que comptable.
Les bourses flanchent en fin d'année. La BCE, que l'on croyait avare de prêts aux établissements financiers européens, vient de lâcher quelque 459 milliards d'euros de prêts en quelques jours.  L'euro termine l'exercice à son plus bas niveau depuis 10 ans. Est-ce d'ailleurs si grave ?
Il était temps que cette année 2011 se termine.
Ami sarkozyste, je te souhaite une exécrable année 2012.

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