Récemment, c’était tout un pataquès écolo-socialiste : Mogs, Areva, train de déchet. Les débats ont été recentrés sur la question du nucléaire, qui sera à l’évidence au cœur de la présidentielle. Car après Fukushima et la décision allemande de sortir du nucléaire, cette question que l’on pensait pourtant tranchée en France, recommence à diviser. Pour ou contre, moderne ou ringard, responsable ou irresponsable, droite ou gauche, technocrate ou idéologue, secret des lobbies ou transparence démocratique.
La vie politique française s’est offerte une actualité, dont elle a le secret, pleine de bruits et de fureurs, d’invectives et de simplismes, de chiffres et de bons mots, de grands principes et de marchandages républicains, un psychodrame. Aussitôt, les adversaires ont retrouvé leurs réflexes, vieux de quarante ans. Avec d’un côté, les gaullistes alliés aux communistes de la CGT, et de l’autre, les écologistes libertaires, anciens combattants du Larzac, et adversaires de cette religion du progrès scientiste qui porte la République depuis le XIXe siècle. D’un côté, on vénère l’Etat colbertiste et le social, de l’autre, l’individu et la nature. Les socialistes font l’essuie-glace. Dans l’opposition, ils font des risettes aux écolos. Au pouvoir, ils poursuivent l’œuvre de leurs prédécesseurs. Le nucléaire a toujours été en France, l’objet d’un très large consensus national. Seul l’accident japonais de Fukushima aura fait légèrement bouger les sondages. Les écologistes qui avaient mis la question en sourdine, se sont rués sur l’occasion, « comme la petite vérole sur le bas clergé ». Ils croient tenir leur revanche historique. Ils donnent en exemple, l’Allemagne qui est ressorti du nucléaire ; mais oublient seulement de noter qu’Angela Merkel a remis en route ses vieilles mines de charbon, et s’est empressée de garantir auprès des Russes ses livraisons de gaz. Charbon, gaz : énergies vertes bien connues !… La France serait guettée selon les verts, par « le syndrome Minitel », grand succès hexagonal qui avait dissimulé aux industriels français l’essor d’internet.
Mais si c’était pour une fois, l’inverse. Si les Allemands abandonnaient le terrain, faute de le dominer, faute d’avoir réussi l’Opa sur Areva qu’avait tenté Siemens. Et si le nucléaire était un de ses ultimes secteurs, où la France conservait un avantage comparatif sur son grand voisin. En Allemagne même, les nouvelles énergies sont loin de répondre à l’ensemble de ses besoins énergétiques et elles coûtent chères, très chères, plus chères que le nucléaire. La note d’électricité des Allemands grimpera très sérieusement, dans les prochains mois. Au fond, c’est ce que désirent les verts, qui veulent obliger les ménages à réduire, sous la contrainte, leurs consommations. Vaste débat, certes. Mais l’industrie française peut-elle vraiment se permettre une hausse de ses coûts ? Sur le prix aussi, les discussions sont sans fin et empreintes de mauvaise foi, de tous les côtés. On s’étripe à couts de centaines de milliards d’euro. C’est paraît-il, le prix à payer pour sortir du nucléaire… et pour y rester aussi.
Les centrales françaises font de la résistance. Elles durent plus longtemps que prévu. C’est bon pour la rentabilité des investissements, disent les experts, c’est mauvais pour la sécurité, disent les écologistes. Sauf que les centrales nucléaires, sont à l’instar des cathédrales rénovées sans cesse, par petits bouts. Les plus vieilles centrales n’ont donc pas l’âge de leur naissance. Et le fameux EPR est la technologie la plus sûre du monde. C’est même pour cela, qu’il ne se vend pas.
J. D.