On aurait pu croire que la démocratie est un acquis. Une de ces notions qu'on ne peut remettre en question, tant elle a fait la preuve qu'elle est incontournable, et que chacun y aspire.
Et 2011 a montré, à certains égards, combien l'aspiration à la démocratie est forte dans le monde. Avec le printemps arabe, ou les mouvements d'indignés à travers le monde, les occupations pacifiques de places par des citoyens qui entendent bien qu'on les considère comme des citoyens, donc comme des acteurs de la vie politique, le besoin de démocratie s'est exprimé clairement et fortement tout au long de l'année. Et pour cause : à côté des peuples qui devaient conquérir leur liberté, il y a ceux qui subissent l'effritement démocratique. En Europe, le poids des marchés financiers ou des agences de notation a montré combien la souveraineté des peuples se heurte aux prescriptions des pouvoirs financiers. Des gouvernements tombent, non pas parce que leurs citoyens les défient, mais bien parce qu'ils ne conviennent plus aux puissances qui surplombent les Etats. Et combien de commentateurs mettent en doute la capacité des électeurs à prendre les " bonnes décisions ", comme si celles-ci étaient une vérité universelle, assise sur des vérités intangibles. Venant de ceux qui n'ont rien prévu de la crise terrible que nous vivons, c'est particulièrement ironique, c'est un affront à l'intelligence collective. La démocratie n'est donc malheureusement pas un acquis, c'est une conquête qu'il faut sans cesse défendre.
En 2012, je suis convaincu que la victoire appartiendra à ceux qui sauront faire pleinement confiance à la démocratie, et la réhabiliter en tant que seul système politique viable. Lors de la campagne de la primaire citoyenne, Arnaud Montebourg a créé la surprise par son score. Pour moi qui l'ai accompagné avec plaisir et enthousiasme dans cette campagne, les raisons de ce succès sont d'un côté un projet politique qui tient tête aux pseudos-évidences qu'on nous assène à longueur de journée pour diminuer la possiblité d'un autre choix politique (la méthode TINA, " There Is No Alternative " chère à Mrs Thatcher), de l'autre une campagne au plus près des gens, avec les stand-ups qui ont rassemblé parfois des centaines de personnes. A la fin de ces meetings improvisés, les gens nous disaient combien ils étaient heureux d'avoir pu parler politique, simplement et directement, avec quelqu'un qui les écoutait et les respectait, loin des plans com' et des organisations millimétrées qui empêchent toute spontanéité.
Dans l'enseignement supérieur et la recherche aussi, la démocratie a régressé depuis quelques années, avec un pouvoir central qui contrôle de plus en plus les universités et les laboratoires, en organisant la restriction budgétaire pour mieux les tenir, et en concentrant les pouvoirs entre les mains de quelques-uns notamment par les financements du grand emprunt qui contournent les universités et laboratoires et les mettent ainsi en péril dans leur forme démocratique. Là aussi, il faut défendre inlassablement l 'importance de la démocratie, et du respect de chaque membre de la communauté scientifique, qui apporte sa pierre à l'édifice collectif. Là aussi, il faut combattre les dérives d'un pouvoir prêt à faire la politique de l'extrême-droite, dont une terrible expression est la circulaire Guéant. Si vous ne l'avez pas encore fait, merci de signer l'appel que j'ai lancé avec Jean-Pierre Mignard et Fabienne Servan-Schreiber, qui a déjà été signé par plus de 25 000 personnes.
2012 doit donc être l'année du renouveau de la démocratie, et du changement politique autour de François Hollande, que nous allons accompagner vers une victoire nécessaire.
Bonne année 2012 à tous, je forme l'espoir qu'en cette année la démocratie ressorte plus forte, et qu'elle donne à la France un nouveau Président qui la respectera, enfin.