Chahamata : marabout des formes et des couleurs

Publié le 02 janvier 2012 par Yasida

Marabout des formes et des couleurs
Ecrire que le peintre touareg  Chahamata est un « marabout des formes et des couleurs » n’est qu’une image pour dire que son art est empreint de magie et de spiritualité ; il est, en quelque sorte, un médium, un intermédiaire au travers duquel passent certaines forces souterraines puisées dans l’exploration de son inconscient et dans la vie de tous les jours.
L’homme est simple, profondément humain, et, comme beaucoup, dans cette région désertique d’Agadez, vit de peu, de presque rien. Que vient donc faire la peinture ici, où, pour la plupart de ses habitants, la vie c’est la survie ?
C’est que la culture et sa modernité sont importantes pour un peuple, tout comme l’est une langue. Et la peinture de Chahamata est bien une forme de modernité qui prend ses bases sur la tradition. C’est une peinture non alignée à la pensée dominante et au marché de l’art occidental avec sa notion du beau, son mode de pensée et son histoire de l’art. Mais elle n’est pas plus pétrifiée dans les ornements artisanaux de sa culture ancestrale.
Le tour de force de Chahamata est d’avoir su créer une fusion entre diverses formes de l’art moderne et d’un autre art bien plus ancien, du temps où le Sahara était vert.
La plupart de ses œuvres sont composées dans une trame géométrique dans laquelle fourmille en un pointillisme quasi impressionniste, une multitude de symboles et de signes, voire des figures qui paraissent composer une société autonome, la société du tableau dont seul le peintre connaît l’histoire, sa genèse, avec ses labyrinthes.
Car il y a des histoires sous-jacentes qui sont les points de départ de chaque œuvre mais qui ne supplantent jamais le véritable sujet : la peinture.
Peinture abstraite ? Symbolique ? Initiatique ? Médiumnique ? Spirituelle ? Elle est tout à la fois. De plus elle est décorative, comme pu l’être l’art des cultures islamistes du passé.
Chahamata est le seul artiste touareg dont l’art peut se confronter avec l’international.
Michel Batlle