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ouverture blessure pansement

Publié le 23 janvier 2008 par Jjplm5

 

   (Je suis persuadé qu'il est de loin préférable de lire préalablement le "billet" précédent bien que celui-ci puisse être lu indépendamment. Un mot ou deux encore. Il va de soi qu'un seul texte de Kafka a été cité et qu'il se réfère à un moment unique dans le vie et l'oeuvre de Kafka. "Le verdict" est - avec, mais dans une moindre mesure, "Un médecin de campagne" - la seule oeuvre qu'il n'a jamais reniée, qui lui a apporté bonheur et satisfaction. Quant au travail de l'écrivain, j'ai simplement voulu faire allusion au fait qu'il est couramment considéré comme strictement intellectuel - comme si quelque chose de tel existait. Ces remarques se rapportent bien au "billet" précédent)

   Il s'agira de "Roger Laporte". Ce que je citerai est extrait de "Codicille", paru initialement dans "Fugue 3", sans - malheureusement - mention sur la couverture - "erreur" qui sera inévitablement corrigée sur la couverture d'"Une vie". Je me bornerai à ajouter que "Codicille" ( mot qui n'est pas emprunté au lexique de la musique) est un texte très important. Il opère le passage entre "Fugue" et ces textes admirables que sont "Suite" et, tout particulièrement, "Moriendo".

   "Ecrire provoque en effet une reviviscence du complexe de castration, mais si le signataire est de sexe masculin, le Biographe est-il bien du même genre? - (...) Mais si je continuais de me demander comment un tissage sans défaut en vient à être dérangé, comment le Texte est pris en écharpe par un accroc furtif, je resterais sourd à ce que j'ai découvert, je poserais un faux problème : celui de l'origine de la coupure, et ainsi je l'aurais déjà travestie. Si le biographe est femme, il faut en effet questionner tout autrement : "Comment le texte est-il résorbé au profit du Texte? La fente dissimulée? La blessure pansée?", tel est le seul problème qui, pris selon son autre face, devient : "Comment le pansement est-il arraché? La blessure r(edéc)ouverte? Le texte retrouvé?" (...) Bref, est-il possible d'accepter que la blessure ne se cicatrise pas et même s'avive?"

   Il n'est pas question ici de parler de Roger Laporte. Mais uniquement de "Roger Laporte". La problématique soulevée par le texte cité est d'une difficulté redoutable et elle me paraît centrale dans ce qui constitue le plus remarquable et le plus inoubliable de l'oeuvre de "Roger Laporte". Je ne veux ici nullement en quelque manière porter atteinte à son "expérience" d'écrivain, à ce qu'il a vécu en s'engouffrant dans la littérature comme il l'a fait. Mais force est de constater que le schéma théorique de la problématique abordée est on ne peut plus classique quand une réélaboration et réévaluation s'imposaient. C'est, du moins, mon sentiment. Comme j'ai le sentiment que l'une et l'autre auraient conduit à une autre expérience, à un autre "vécu". Je n'entends évidemment pas dire que ce vécu aurait été plus vivable. Je souligne au passage à quel point le théorique, ce que l'on considère comme tel, façonne notre vécu. A quel point le théorique c'est de la vie. Je pense une fois de plus qu'il faut détruire la pensée binaire chaque fois que c'est possible. Je ne suis pas capable sans un important travail de procéder à la réélaboration de la problématique qui guide la main de "Roger Laporte" dans le passage cité. Je le regrette car elle me paraît un préalable nécessaire à la lecture de "Roger Laporte", à la compréhension correcte d'une dimension essentielle de son oeuvre. Je ne peux qu'indiquer brièvement, grossièrement... Il faut encore que je précise que ce que j'indique n'est indiqué que de mémoire et implique très certainement une lecture superficielle de Freud (mais cette lecture ou une lecture de ce type a dominé et domine encore largement, il me semble). Selon Freud, il n'y a, au fond, qu'un sexe. Le travail freudien  est phallocentrique, strictement. La femme - ou ce qui est féminin - ne peut donc être définie que par des moins et, donc, par exemple, que par une coupure ou blessure. C'est en ce point que le travail de réélaboration et de réévaluation s'impose. Bien sûr tout particulièrement en ce qui concerne le complexe de castration. Mais pas uniquement, loin de là.

   S'il faut donner une piste de réfexion, eh bien, ne pouvant faire davantage, j'inscris sans plus deux "mots" de Jacques Derrida : espacement, différance. Or Roger Laporte a lu Jacques Derrida...


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