Depuis le 31 décembre 2011, une vague de protestation a envahi le net, notamment sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter. La presse ivoirienne a cherché palabre là ou il n'y en avait pas!
Carlalie, jeune photographe en herbe, découvre avec stupeur le premier jour de l'an, la parution de certaines de ses photos, qu'elle avait publié sur son profil Facebook, en page de couverture dans la presse locale. Non seulement elle dit ne pas avoir été contactée par un seul de ces journalistes, mais en plus elle se rend compte que la source n'est même pas citée. Pis, elle remarque que sa signature, habituellement inscrite au bas de chacun de ses clichés, est maladroitement camouflée ou même modifiée sur certains d'entre eux.Ces journalistes, par leur imprudence, ont non seulement usurpé le travail de cette jeune pouce, mais ont en plus dévoilé leur capacité à falsifier des éléments dans le but d'étayer leurs écrits au prétexte que tout ce qui se trouve sur le net, spécifiquement sur Facebook, peut s'utiliser librement.
Carlalie fait alors mention de son amertume sur son profil Facebook et voici qu'une mobilisation se forme pour faire bloc autour de la jeune photographe.
Edith Brou, Community Manager et blogueuse, publie un article sur le sujet: "Des journaux ivoiriens "piquent" le travail de la photographe Carlalie". Elle raconte ainsi comment l'histoire a débuté et s'indigne devant de telles méthodes. Ensuite, c'est au tour de la blogueuse Yehni Djidji qui relate la bataille juridique dans laquelle Carlalie s'est lancée pour obtenir compensation "La bataille de Carlalie Okou... La bataille de tous les créatifs". Le ton du billet montre bien la colère et la détermination de ceux qui publient des oeuvres de l'esprit sur le net et qui soutiennent la jeune photographe, victime de son talent.
Une FanPage Facebook a été immédiatement créée: Rendez ses droits d'auteur à Carlalie. Au moment où j'écris ces lignes, la FanPage compte déjà 417 Like!
Un hashtag a également vu le jour sur Twitter, #Carlaliegate, pour suivre au fur et à mesure les avancées dans ce bras de fer inédit.
Certains journaux incriminés se sont prononcés sur la question tandis que d'autres ont préféré garder le silence, attendant sans doute que la vague s'étouffe.
Depuis hier, la déception se lit dans de nombreux commentaires au sujet des journalistes de la presse écrite ivoirienne. Ces professionnels, qui crient au scandale à la moindre atteinte à leur profession, n'hésitent visiblement pas à jouer de raccourcis pour s'accaparer d'une manière bien moins honorable le travail d'autrui.
Après des scandales de photos anti-datées - certains journalistes osaient réécrire l'histoire en associant des photos anciennes qui ne correspondaient pas du tout aux faits relatés pour appuyer leurs textes, dans le but de susciter une vive émotion - aujourd'hui, une certaine presse s'illustre en commettant ce triste forfait.
Photo de profil de la Fan Page Facebook "Rendez ses droits d'auteur à Carlalie"
"C'est le début du commencement", comme disent les ivoiriens. Un faux pas qui attire notre attention, ouvre les discussions, engage des actions pour mieux organiser la défense des oeuvres intellectuelles et artistiques publiées sur l'espace d'expression de millions de personnes. Cet espace qui construit et qui détruit parfois des réputations, des causes, des faits. Cet espace qui révèle des libertés mais qui condamnent les dérives et les manquements. Cet espace où tout se trouve mais également, où tout se sait.