Dans une société du tout médiatique, les règles du jeu journalistique semble brouillées et les repères éclatés entre les nouveaux médias et les nouveaux concurrents...
Alors que Reporters sans Frontières publie son rapport 2007 et dresse un bilan plutôt sombre de la situation des journalistes dans le monde, la profession est en proie à ce qui s'apparente par
bien des aspects à une crise sans précédent. Dans un contexte de baisse sensible des ventes de presse face à la concurrence des nouveaux médias et nouveaux médiateurs, la redéfinition des
enjeux et des pratiques se fait de plus en plus pressante. Et les journalistes défendent avec d'autant plus d'ardeur les droits octroyés par leur carte que les attaques se multiplient. La
question des sources par exemple. La déontologie exige que tout bon journaliste en conserve le secret et cette pratique pourrait d'ici peu faire son entrée dans la législation. Et pourtant, en
décembre 2007, un journaliste du monde, Guillaume Dasquié, était mis en examen et a été contraint de donner ses sources. En cause: un article qui révélerait des informations classées secret
défense...Autre exemple qui focalise la colère des journalistes, l'arrestation de Yann Arthus Bertrand en Argentine alors qu'il réalisait un reportage sur le barrage controversé de Yacineta...On
pourrait également citer la grève des journalistes du secteur audiovisuel public (14 février 2008) qui craignaient pour la pérennité du service public suite au projet de Nicolas Sarkozy de
supprimer la publicité sur la radio et la télévision publique. L'exemple enfin de la grève menée par la rédaction des Echos pour protester contre une éventuelle vente du journal à B. Arnault
(juin 2007)...Autant d'occasions de dénoncer les atteintes à la liberté de la presse et de mobiliser l'opinion sur la nécessité d'une pratique journalistique libre et indépendante.
La tentation du sensationnalisme
S'ils mettent en garde contre les nouvelles règles médiatiques, les journalistes n'en font pas moins le jeu sous couvert d'une concurrence accrue des blogueurs et autres citoyens-reporters.
Pour garder leur primauté, certains cèdent parfois à la tentation du sensationnalisme et contribuent à entache le crédit de la presse, déjà accusée de "pipolisation". L'affaire du SMS par
exemple...Un journaliste du Nouvel Observateur publie sur le site du magazine une information relevant de la vie privée du chef de l'Etat qui met aussitôt en cause le journal et porte plainte
au pénal contre le journaliste en question. Cette procédure exceptionnelle correspond à ce que nombre de journalistes qualifient de dérive et le magazine reconnait qu'une telle information
n'aurait pas trouvé sa place dans sa version vendue en kiosk. La presse écrite fait elle aussi les frais de ces attaques et ressent de plus en plus souvent le besoin de justifier ces choix face
à la suspicion et aux accusations de "mélange de genre" ou de proximité aux personnalités politiques. En témoigne le débat autour des corrections apportées par l'Elysée et publiées par le
Parisien à l'interview du président Nicolas Sarkozy par les lecteurs du journal. Face à la controverse, le Parisien publie dès le lendemain, (28 février) la version originale et revient
longuement sur sa démarche.
Souvent mis en cause et régulièrement critiqué, le journalisme doit aujourd'hui redéfinir ses codes et ses pratiques pour s'adapter aux enjeux de "l'ère de l'information" selon l'expression de
M. Castells.
Transparence et Autocritique semble donc devoir être les mots d'ordre d'une profession qui doit désormais relever le défi du journalisme 3 g...
Gaëlle F