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Le capitalisme: Libéral? Ultralibéral? Régulé?

Publié le 04 janvier 2012 par Copeau @Contrepoints

Près d’un demi-siècle de chômage de masse sans rémission met à nouveau en cause le capitalisme. Des flots d’exposés contradictoires et d’invectives ont conditionné les esprits de beaucoup, une brève réflexion objective est tentée ici.

Par Roland Verhille (*)

L’économie est faite des activités de l’humain visant à produire les biens et services désirés. Le capitalisme est l’ensemble des mécanismes spontanés commandant ces activités fondés sur la propriété privée et la liberté individuelle. C’est la volonté de l’humain d’améliorer sans cesse ses conditions matérielles d’existence qui est la source de son énergie.

L’organisation des activités économiques (systèmes économiques)

Le capitalisme: Libéral? Ultralibéral? Régulé?
Le capitalisme, c’est une organisation des activités économiques humaines dans laquelle les biens et services consommés sont issus d’unités de production librement créées. La spécialisation est le moyen recherché d’améliorer leur productivité. Cela nécessite de créer les équipements nécessaires (outil de production), et de se procurer les divers moyens de production (dits « facteurs de production ») auprès d’autres unités de production et de la population voulant travailler. Cela nécessite en même temps de disposer des ressources au moyen desquelles acquérir ces divers moyens de production. Il s’écoule un temps plus ou moins long entre l’acquisition des moyens de production et l’achèvement des produits pendant lequel l’entreprise doit disposer d’un capital financier pour payer ses acquisitions. Par la suite, l’échange des produits contre  remise de ressources nouvelles reconstitue les ressources précédemment employées. Les unités de production visent à une activité permanente, et sont ainsi le siège de cycles de production se répétant sans cesse, alimentés en ressources nouvelles compensant celles dépensées par la cession des produits échangés contre la fourniture de nouvelles ressources. Ces innombrables transactions encore appelées « échanges » constituent « les marchés ».

Ce processus s’est progressivement développé depuis que l’humain a voulu ne plus dépendre de la cueillette, de la chasse et de la pêche pour subvenir à ses besoins. Il s’est d’abord lancé dans l’agriculture et l’élevage, accompagnés d’un développement de l’artisanat, le tout générant des échanges de plus en plus fournis. C’est seulement depuis l’invention de la monnaie par Crésus (vers 680 av. J.-C.) que ces échanges ont été énormément facilités. Le capitalisme est, depuis, devenu pleinement et de plus en plus une économie d’échanges où la monnaie circule. Il y a compétition entre les producteurs entre eux pour leurs acquisitions et l’écoulement de leurs produits, les consommateurs bénéficiant du libre choix de leurs achats. C’est la concurrence. La réunion des ressources monétaires nécessaires de plus en plus importantes pour assurer le fonctionnement des centres de production a suscité l’intervention d’intermédiaires, les banques, qui les recherchent et les fournissent aux centres de production. La pure spéculation financière jonglant avec de la monnaie est étrangère au capitalisme.

Le statut de l’humain s’activant dans ces centres de production a beaucoup évolué. On sait avec certitude que chez les Sumériens, à partir de 4 000 Av. J-.C., ces centres étaient formés par des familles qui s’établissaient en villages pour cultiver la terre aux alentours. L’activité et l’autorité y étaient familiales. Des artisans indépendants se sont de plus en plus agglutinés autour de ces villages. À partir de 3 000 Av. J-.C. où l’État est apparu (les royautés) ayant dit que la terre appartenait aux Dieux qui auraient chargé les Rois de l’administrer, l’esclavage est apparu. Les Romains l’ont aussi pratiqué. Faute d’efficacité suffisante, l’esclavage a progressivement laissé place au servage au moyen âge. Puis, surtout avec la naissance de la grande industrie, le salariat est devenu prédominant.

Ce capitalisme repoussé par endroits par certains a été remplacé par un capitalisme d’État (communiste, socialiste, ou autre). Il n’est pas d’exemple où il ait pu prospérer.

Le capitalisme contesté

Les débuts de l’industrialisation en Angleterre, aux États-Unis et en Europe ont soumis les salariés à de pénibles conditions de travail. De plus, la nécessité de dégager d’importantes ressources pour financer les énormes indispensables investissements a fort limité la croissance des revenus des employés. Le tout a suscité de vives réprobations, des conflits, et toute une culture contestant ce capitalisme dit exploiter les salariés. La vive croissance économique et l’élévation du niveau de vie n’ont pas suffi à surmonter pareilles réactions. D’une acquisition des revenus issus de la production opérée automatiquement par les « forces du marché », on en est venu à la régler par le jeu des « forces sociales » mêlées aux « forces politiques ». De plus en plus, les « forces du marché » subissent des contraintes publiques menant progressivement au réglage du fonctionnement de l’économie par l’autorité publique, marché et régulation publique coexistant. S’y ajoute l’effet d’un prélèvement étatique croissant sur les revenus d’activité pour financer autre chose que de la production, dont lors de conflits entre États de massives destructions. Le capitalisme est ainsi dénaturé.

Et encore, de nos jours, les énormes écarts de niveau de développement entre les populations des différentes régions du monde, qui ont existé de tout temps, causent des déséquilibres économiques générateurs d’instabilité. Dans la course au développement, l’élimination des obstacles aux échanges entreprise de longue date laisse croire à une croissance des pays en cours de développement s’opérant au détriment des pays développés. Il en découle une vive contestation de « la mondialisation ».

Une surabondante littérature analyse cette situation, délivre ses appréciations et ses conseils, et inspire plus ou moins la « classe politique ». Les vues divergentes ou même opposées relatives aux politiques appliquées sont plus marquées d’idéologie que de connaissance objective. Presque toutes celles les plus répandues persistent à imputer au système capitaliste des maux rédhibitoires et à en appeler à sa meilleure régulation. Le remarquable est pourtant l’échec évident du foisonnement de régulations depuis pas loin d’un demi-siècle caractérisé par un chômage de masse sans rémission au pays le plus régulé, la France, et par la succession de crises financières dévastatrices s’abattant sur telle ou telle partie du monde et maintenant sur le monde entier. Ces charges ont plus trait à tout ce qui dénature le capitalisme qu’à ce système.

Il est également évident que toute régulation vise à restreindre la liberté des individus d’agir selon leur propre volonté. Comme il est évident que toute allocation de ressources par la puissance publique réduit l’autonomie des individus devenant dépendants de décisions étatiques quant à la conduite de leur existence. Il y a bien dans cette accusation du capitalisme peu de considération pour la liberté individuelle acquise et maintenue par tant de sang versé, ainsi que pour les mérites des uns et des autres, sous couvert d’une justice et d’une égalité de moins en moins réalisées. Prévaut là-dessus la place sans cesse grandissante de la puissance publique nécessitant le prélèvement d’une part grandissante des revenus de tous. La conséquence est la limitation croissante des possibilités d’action des individus découlant de la privation d’une part croissante de leurs ressources anesthésiant ainsi le dynamisme des individus.


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