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L’ASN réclame une meilleure robustesse des centrales nucléaires françaises

Publié le 04 janvier 2012 par Sequovia

L’ASN réclame une meilleure robustesse des centrales nucléaires françaisesL’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) a remis hier son rapport d’audit sur la sûreté des centrales nucléaires françaises. Le niveau de sûreté est estimé suffisant, mais l’ASN réclame des mesures d’amélioration de la robustesse à présenter d’ici Juin 2012. Ces mesures demandent un investissement de plusieurs dizaines de milliards d’Euros.

  • Remise du rapport d’audit de l’ASN

L’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) a remis hier son rapport d’audit sur la sûreté des centrales nucléaires françaises au Premier ministre, demandé suite à la catastrophe de Fukushima le 11 mars dernier.

Dans ce rapport, l’ASN estime que les centrales françaises ont un niveau de sûreté « suffisant », et elle ne demande la fermeture d’aucune d’entre elles. Mais elle impose tout de même d’investir dans l’amélioration  de la robustesse des centrales en cas de catastrophe.

Les centrales ont donc jusqu’au 30 juin 2012 pour présenter leurs mesures : locaux et moyens matériels de gestion de crise,  moyens de communication et d’alerte, groupe électrogène protégé et alimentation en eau d’ultime secours. L’objectif est d’être préparé en cas de catastrophe naturelle comme un séisme ou une inondation.

Selon André-Claude Lacoste, président de l’ASN, cet investissement pourrait représenter plusieurs dizaines de milliards d’Euros. Il ajoute : «Nous imposons des mesures qui se traduisent par des investissements massifs. Si des exploitants, EDF ou un autre, jugent que ce qu’on demande est tellement onéreux, à eux de voir si l’exploitation en vaut encore la peine».

François Fillon a assuré que le gouvernement veillerait à ce que toutes les demandes de l’ASN soient respectées par les exploitants dans le calendrier imposé. De son côté, Eric Besson a l’intention de réunir les gros exploitants de centrales nucléaires (EDF, Areva, CEA) le 9 janvier prochain, pour discuter des exigences de l’ASN.

  • Exigences de l’ASN pour les centrales françaises

Plus précisément, pour répondre aux exigences de l’ASN, les centrales devront mettre en place une salle de commande abritée dans un bunker et dotée de moyens de communication indépendants et des machines diesel assurant une alimentation électrique à la moindre coupure. A terme, ces appareils diesel devront être installés non plus par site uniquement mais par réacteur.

Chaque réacteur devra aussi être équipé d’un système pour éviter que les piscines d’entreposage contenant les barres d’uranium ne se vident, comme à Fukushima. Concernant l’environnement, l’exploitant devra aussi veiller à protéger les eaux souterraines et de surface.

L’ASN demande également la mise en place progressive d’une «force d’action rapide nucléaire» qui permettrait d’envoyer des équipes et du matériel spécialisé sur des sites accidentés en moins de 24h. Ce dispositif devra être opérationnel d’ici 2014.

Enfin, l’ASN demande aux centrales de ne pas sous-traiter des questions importantes comme la sûreté.

  • Réaction de Greenpeace

Greenpeace ne s’estime pas totalement satisfaite de cet audit, pour deux raisons principales : un cahier des charges trop restreint et la nécessité de travaux très onéreux pour répondre aux exigences de l’ASN.

En Mars dernier, le gouvernement a demandé à l’ASN un audit de sécurité en cas de catastrophe naturelle. Mais Greenpeace estime que ce ne sont pas les seuls risques, elle mentionne aussi l’intrusion humaine, le risque de virus informatique ou la chute d’avion. Pour démontrer son propos, l’association a mis en place une action d’intrusion dans plusieurs centrales françaises il y a quelques semaines. Suite à cette action, le gouvernement aurait demandé le 19 décembre dernier un nouvel audit de sécurité aux ministères de l’Ecologie, de l’Intérieur et de l’Industrie.

Comme le précise l’ASN, les améliorations demandées nécessiteront un investissement colossal. Cet investissement est largement supérieur aux sommes prévues par les exploitants pour prolonger la durée de vie de leur parc nucléaire. Cela devrait donc aboutir à des hausses du tarif de l’électricité, qui est déjà supposée augmenter de 20 à 30% dans les années à venir.

Selon Greenpeace, ce sera aux responsables politiques de décider si ces milliards d’Euros doivent bien être investis dans les centrales ou plutôt dans la transition énergétique, comme le souligne Sophie Majnoni, chargée du dossier nucléaire pour Greenpeace : «La vraie question maintenant c’est: Est-ce que nos politiques sont prêts à investir ces dizaines de milliards d’euros dans la technologie nucléaire alors qu’on sait que le risque zéro n’existera jamais (…) Est-ce qu’il ne faut pas les investir dans la transition énergétique pour changer de modèle?»

Elle ajoute cependant : «Le gouvernement en place semble déjà avoir fait son choix : le ministre de l’Industrie vient d’annoncer une réunion avec les exploitants nucléaires lundi prochain pour définir concrètement le déroulement des travaux. L’État continue ainsi à développer sa politique énergétique rétrograde sans prendre en compte l’avis des Français. La France est en train de rater une opportunité industrielle et économique unique : la transition énergétique, créatrice de croissance et d’emplois».

Greenpeace a demandé une analyse indépendante auprès de deux experts afin d’apporter une lecture critique de cet audit. Les résultats de cette analyse devraient être rendus publics le 16 janvier prochain lors d’une conférence de presse.

  • Avis Sequovia

La sûreté nucléaire est une question primordiale qui ne cesse d’alimenter les débats, réactivés par la catastrophe de Fukushima en mars dernier. Mais cette question ne date pourtant pas d’hier, et le rapport de l’ASN a au moins le mérite d’imposer des investissements importants dans la sécurité et la robustesse des centrales.

Cet audit et la réaction de Greenpeace permettent aussi de se poser à nouveau la question de la transition énergétique. En effet, les énergies renouvelables représentent une opportunité qui nécessite bien sûr des investissements mais qui pourrait permettre la création d’emploi dans une optique de gestion plus durable de l’énergie. Comme le précise Sophie Majnoni, les investissements nécessaires aux exigences de l’ASN pourraient être investis de manière plus judicieuse.


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