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Mercredi - Le tueur en série : le nom

Publié le 20 février 2008 par Khazee
Oui, l'Esprit Symbian est sanguinaire, sans aucun doute. Il tue (ou Kill) tellement de ressources, de processus que je me demande pourquoi je n'y ai pas pensé plutôt : l'Esprit Symbian serait-il un tueur en série ? Plus encore, nous demanderait-il d'en être un ? Oui, mais pas n'importe comment.
On ne devient pas un tueur en série, ou serial killer, comme on fabrique un saucisson (au porc). Nous devons tout d'abord nous interroger sur ce qu'est un tueur en série.
Tout d'abord, d'où vient cette expression ? Ce terme nous vient de serial killer, expression inventé par un ancien élève du Michigan State University (l'université de l'état du Michigan...) et de l'agent du FBI, Robert Ressler dans les années 70 ; et puis, il faut le dire, de la publicité qu'ont engendré les crimes des tristement célèbres Ted Bundy ou David Berkowitz au milieu de cette décennie.
Pourquoi une telle expression ? Parce que tueur en série de télévision. Le nombre n'est pas important (même si officiellement, il faut au moins 3 victimes), mais plutôt l'état d'esprit de la personne. Observez les gens attirés par toutes ces séries américaines ou non qui envahissent actuellement notre télévision : une fois un épisode terminé, même s'il était nul, provoque l'envie de voir le suivant, pensant souvent à tort, que le dénouement va s'y jouer et pourront ainsi avoir une pleine satisfaction. Le tueur en série est attiré par cette même motivation : après le crime accomplit, n'étant pas souvent à la hauteur de ce qu'il attendait, envisage déjà son futur projet macabre, espérant cette fois en retirer une pleine et entière satisfaction. Voilà pourquoi Robert ressler parle de serail killer, notion qui a pu nous échapper dans notre traduction française.
En plus de la motivation vient s'ajouter le fantasme : l'assurance que la souffrance et la mort infligées à la victime permettent de se sentir tout-puissant. Et le tueur en série aime jouer avec ça. Et dans sa quête, il va souvent plus loin, sélectionnant, échaffaudant des scénarios dans un ordre bien précis. Il peut vouloir tuer toutes les femmes de même race qui vendent leur corps pour s'acheter de la drogue (cf. février 1989, Southside Slayer à Los Angeles).
Et cette toute-puissance est renforcée par les médias. Y avait-il avant les médias des serial killer ? On est en droit de se poser la question. Car le sentiment de toute puissance explose bel et bien quand les journalistes s'emparent de l'affaire. Et les gros titres y vont bon train : "Le tueur d’enfants d’Atlanta", "L’étrangleur au collant", "Les étrangleurs des coteaux", "L’égorgeur du dimanche matin", "l’Etrangleur de Boston", "Jack l'éventreur"... trouver l'erreur. Qui a décidé de ces noms ? Le tueur en série, par une sacro-sainte application à utiliser toujours la même arme, le même endroit, la même procédure ? Le tueur en série qui souhaite entrer dans l'Histoire ? Ou plutôt les journalistes qui trouvent dans ces crimes extraordinaires et étranges le besoin de rationnaliser le tout, présentant ainsi un meurtrier ingénieux plutôt que psychologiquement malade. Des gros titres. Pourquoi des gros titres ? Parce que les gens ont, semble-t-il, un besoin morbide de savoir ce qui s'est passé et de quelle manière ça s'est passé. Arme du crime, lieu et motivation. Ouf, les voilà rassurés, ce n'était qu'un serial killer.
Ce qui me choque le plus, c'est que ce pauvre malheureux assassin n'a pas le choix de son nom dans les gros titres. Il a pu vouloir laisser des touches de clavier trainés par terre et se faire appelé "l'informaticien", il est probable que les journalistes ne s'attacheront qu'à son mode opératoire et l'appelleront "l'empoisonneur". Remarquons toutefois que les journalistes enjolivent la situation. Ainsi, d'un meurtrier empoignant toujours ses victimes dans le dos ne se verra pas attribuer le nom "Le lâche", mais plutôt "Le sournois". C'est diaboliquement plus vendeur.
Le tueur en série lui, rêverait peut-être d'autres noms. Le Marquis du crime, le chimiste (plutôt qu'empoisonneur...), ou encore pour les plus trash, le boucher. Les plus fins apprécieront peut-être d'être nommé "le cuisinier", parce qu'il prend plaisir au cannibalisme rafiné. Et pourquoi pas le "Soudeur Fou" ? "Le meutrier à l'échiquier" ? Ce dernier est déjà pris, lui avait déjà compris comment se servir de ses victimes pour faire passer son nom de scène.
Ainsi, un tueur en série, ça n'existe pas vraiment. A l'heure des médias quasi-omniprésent, des films réveillant les fantasmes morbides des télespectateurs, nous remarquons que ce personnage est créé de toutes pièces, le mystifiant et lui donnant des caractéristiques auxquelles il n'était lui-même pas famillier. Notre tueur en série télévisée, une fois mis en scène dans l'imaginaire macabre de la foule, ne peut que se contenter de sa notorioté dans un monde finalement insensiblement insensé.

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