Qu’en est-il de l’expérience Biblio bato ? Fin octobre, la ville ouvrait sur le pont supérieur de l’I.Boat (ferry dédié aux musiques électroniques et cultures digitales installé dans les Bassins à flot) une bibliothèque expérimentale destinée spécifiquement au public jeune (mais pas trop : 15-35 ans).
Dans les rayonnages du mobilier street art de cette bibliothèque à l’ambiance volontairement décalée, se côtoient livres, BD, mangas, DVD ou jeux vidéo à emprunter ou utiliser sur place (des consoles de jeu sont en libre accès). Objectifs : enrichir l’offre culturelle dans ce quartier en mutation, séduire un public jeune sur une offre loisirs (et non études), offrir un rapport à la culture plus détendu et convivial que dans les bibliothèques classiques. La période test de 3 mois arrivera à échéance fin janvier, mais déjà les grandes lignes du bilan se dessinent. S’il n’est pas flamboyant, il est assez positif pour qu’une reconduction du dispositif soit fort probable.
Public plus jeune que prévu
Sur les deux mois et demi d’expérimentation, Biblio bato a attiré quelques 350 visiteurs spontanés (hors groupes), soit autant que les «fans» de sa page Facebook. Ce n’est pas mal, compte tenu des créneaux d’ouverture resserrés, de la nouveauté du lieu et d’une signalétique limitée. Mais ces visiteurs sont plus jeunes qu’attendu (des pré-ados plus que des jeunes adultes) et viennent en particulier pour l’offre en jeux vidéo. Si le lieu n’affiche jamais complet, les visiteurs y passent du temps pour consulter, lire ou jouer sur place. La bibliothèque enregistre ainsi peu d’emprunts. «Au final, cela fonctionne plutôt pas mal, nous n’avons d’ailleurs pas de retours négatifs», estime Serge Bouffange, directeur de la bibliothèque municipale de Bordeaux, qui insiste sur le caractère novateur de cette «bibliothèque éphémère». Si rien n’est encore acté, il considère donc que l’expérience devrait aboutir à une reconduction du dispositif pour quelques mois de plus.
Multiples usages du lieu
«Mais il est peu probable que nous puissions aller au delà, estime Serge Bouffange, car avec les beaux jours les difficultés d’usage du lieu vont s’intensifier». La bibliothèque, qui occupe une partie du pont supérieur de l’ancien ferry, est en effet accueillie par les propriétaires à titre gracieux. L’I.Boat, qui a ouvert ses portes en septembre, y trouvait un moyen de se faire connaître et d’asseoir son identité de centre culturel. Or le voisinage de la bibliothèque avec les autres activités du bateau (restaurant, ateliers, séminaires, bar, club etc...) n’est pas toujours simple. Celles-ci étant amenées à se développer, la bibliothèque expérimentale a peu de chance de passer le cap du printemps. «Mais ça n’est pas un problème», souligne Serge Bouffange, qui rappelle que le lieu avait de toute façon une vocation éphémère. «Nous avons d’autres idées pour rapprocher les bibliothèques du public».• Sophie Lemaire