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Sarkozy: des voeux narcissiques au recul sur la TVA Sociale

Publié le 05 janvier 2012 par Juan
Sarkozy: des voeux narcissiques au recul sur la TVA Sociale Mardi, Nicolas Sarkozy adressait ses voeux aux Armées. Un moment qu'il voulait très grand dans son agenda présidentiel, après une année 2011 marquée les opérations en Côte d'Ivoire et en Libye, et la mise en oeuvre du retrait d'Afghanistan.
Pour un président qui veut dépasser son bilan, un candidat qui veut enfin paraître présidentiel, les voeux aux Armées sont un exercice de choix, une étape indispensable. A chacune de ces occasions depuis cinq ans, aggravées par quelques hommages funèbres aux nombreux soldats tués en Afghanistan depuis 2007, Nicolas Sarkozy nous refait le même coup et le même discours. Il évoque « la nation française » si « fière » de ses soldats, la « patrie », « l'honneur », la « discipline », le « courage », le « sacrifice ultime ».
Des voeux endeuillés
Il fallait simplement rappeler - ce que Nicolas Sarkozy ne fit pas -  que près de 80% des 78 soldats français tués sur place depuis 2001 l'ont été depuis que cette décision absurde de rester en Afghanistan et d'y renforcer le contingent français.
A Lanvéoc-Poulmic dans le Finistère, le Monarque visitait une école navale. Plus tard, devant des élèves-officiers, sur son estrade, devant sa grande bâche bleue, il avait le teint gris, le visage crispé et le ton grave. Son épaule gauche était toujours prise de soubresauts de temps à autre.
Il débuta par un hommage inévitable et nécessaire à deux légionnaires français tués juste après Noël en Afghanistan. Les voeux commençaient par une oraison funèbre, donc mal. « Au moment de prendre la parole devant vous, je veux avoir une pensée émue pour vos deux aînés tombés au combat en Kapisa il y a quelques jours, et qui, eux, ne connaîtront plus jamais les promesses d'une nouvelle année. (...). Ils sont tombés loin de chez eux pour défendre l'idée que la France se fait d'un monde libre. (...) Ils sont morts en servant la Légion Etrangère, ce modèle d'intégration dans les valeurs de la République Française. »
La référence était curieuse. La Légion a été créée en 1831 par ... Louis-Philippe. Nicolas Sarkozy a l'histoire défaillante. Ce discours fut donc l'occasion de défendre, comme à chaque homélie funèbre de soldats français tués là-bas, l'intervention française en Afghanistan contre le « pire des fanatisme religieux ». Les années passent, les morts s'accumulent, la situation empire au point que Barack Obama a accéléré le retrait américain de la zone depuis la mort d'Oussama Ben Laden, mais Nicolas Sarkozy ne change pas d'argument ni de posture. Il nous présente toujours la guerre en Afghanistan comme le combat caricatural du Bien contre le Mal, de la Liberté contre l'Obscurantisme.
En Afghanistan, le président Armid Karzaï, soutenu par les Etats-Unis et l'OTAN malgré des accusations de corruption et de trafic de drogue, s'est pourtant rapproché des Talibans, au point d'autoriser l'ouverture d'un bureau taliban au Qatar pour faciliter les négociations.
Peut-être serait-il tant que Nicolas Sarkozy change de vocable ?
Sarkozy sans retenue
« N'oubliez jamais ces deux soldats, ces deux camarades ». Au bout de 5 minutes à peine d'un discours qui paraissait trop long, Nicolas Sarkozy devait dériver sur sa propre grandeur personnelle. Et le paragraphe qui suivit ce rapide hommage aux deux soldats tués fut proprement hallucinant de narcissisme et d'auto-satisfaction. Alors qu'il évoquait le sacrifice ultime des morts, et le sens du devoir des personnels militaires, le voici qu'il dérailla sur lui:
« Croyez bien qu'en tant que chef des armées, je connais la valeur de ces mots. Ils me reviennent chaque fois que mon chef d'état-major vient m'annoncer la mort d'un de nos soldats. Chaque fois que je prend la décision d'engager nos forces, je sais que malgré nos efforts, que malgré nos moyens, il se peut que certains ne reviennent pas vivants. 


Ce poids de la décision, je le porte... comme vous porterez vous-même l'angoisse du combat. C'est peut-être là le poids le plus lourd de la responsabilité confiée au chef de l'Etat. Mais croyez-moi, le poids de la démission, ou le poids du déshonneur de la France serait plus lourd encore. »
On ne pouvait percevoir si ses mollets, cachés par l'estrade, enflaient à mesure de ces propos.
En fait, il n'avait rien à dire, sauf à se mettre en scène. Il eut beau rappeler sa Grande Décision de consacrer les cérémonies du 11 novembre à tous les soldats morts pour la France; faire l'éloge des valeurs militaires (« plus que jamais la France a besoin de l'exemple d'unité, de solidarité et de courage que vous démontrez quotidiennement ») qu'il veut modèles pour notre République (« la France aura besoin d'une audace pareille à la vôtre ! »), ou féliciter les soldats de l'opération Licorne et, évidemment le succès militaire en Libye.
Nicolas Sarkozy n'annonça rien. Quelle déception ! On nous avait promis une salve de « mesures fortes » à l'occasion de cette tournée des voeux. Mais là, rien.
Il se garda même de préciser le calendrier du retrait français d'Afghanistan. L'an dernier, il avait été pris de court par la décision de Barack Obama de retirer les troupes américaines d'Afghanistan sitôt Oussama Ben Laden exécuté. Ce mardi, le président français botta en touche. Il confia qu'il attendrait fin janvier, et une rencontre avec le trouble président Karzaï à Paris.
Le discours fut finalement bref, 29 minutes. Sarkozy voulait simplement paraître solide comme roc, déterminé comme un chef, et au-dessus des intérêts partisans comme un de Gaulle en 1940.
Ce fut raté.
Sarkozy enragé mais indécis
Car, en coulisses, toujours en coulisses, le discours était différent. Nicolas Sarkozy reste enragé et indécis.
Nicolas Sarkozy demandait à ses proches de se déchainer contre le candidat socialiste. Mercredi, la nouvelle publiée par le Parisien, démentie par le même journal quelques heures plus tard, que François Hollande aurait traité Nicolas Sarkozy de « sale mec » avait enragé encore davantage les sbires élyséens. Laurent Wauquiez, Nadine Morano, Thierry Mariani, Valérie Pécresse, Jean-François Copé, et consorts, tous perdirent un à un leurs nerfs. Pas moins de 6 communiqués furent lancés par l'UMP dans la matinée de mercredi... Avant que le chef du service politique du Parisien ne précise les propos entendus: François Hollande n'avait pas traité Nicolas Sarkozy de sale mec.
Combien de ministres UMP s'étaient ridiculisés en si peu de temps ?
Plus grave encore, quelques ministres étaient surpris en plein rétro-pédalage sémantique sur la TVA sociale. Mardi, on croyait que la décision d'augmenter ma TVA pour compenser une baisse des cotisations patronales était prises. Xavier Bertrand, ministre du Travail, nous l'avait promise avant la présidentielle, Valérie Pécresse l'avait confirmé («La TVA sociale pour créer de l'emploi en France et pour éviter que des produits importés ne soient vendus chez nous à bas coûts, nous allons la faire et nous allons la faire avant l'élection présidentielle»).
Mercredi, arrière toute ! 
Sur France info, le ministre de l'Economie François Baroin précisa: «aucun arbitrage n'est rendu, aucun arbitrage n'est rendu, il y a un objectif qui a été fixé par le Président de la République » sur le sujet. Il faut, selon lui, «réfléchir avant l'élection présidentielle, dans le cadre de la perspective du sommet social (le 18 janvier) qui est un rendez-vous important, qui ne rassemble pas les leaders syndicaux pour ne rien leur dire, pour ne pas les écouter». Deuxième élément de langage, les ministres tentèrent de requalifier la mesure: «c'est pas un projet politique la TVA sociale, c'est un mauvais terme d'ailleurs » expliqua Baroin. Quant à la TVA sociale, ce serait « peut-être avant la présidentielle ». L'assurance était parti.
Sur France Inter, Nadine Morano, sa collègue apprentie, marmonna une autre expression : « je préfère parler de participation pour la compétitivité de la France »... Quelle imagination ! Sur Canal+, Valérie Pécresse bafouillait devant la journaliste Caroline Roux: «

Nous n’avons pas encore dit de combien nous augmenterions la TVA. Donc, ne dites pas encore comment, de combien.

»
Un malheur n'arrivant jamais seul en Sarkofrance, les porteurs du projet de SCOP pour la reprise de Seafrance refusèrent, dans une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, le piège tendu hier par le Monarque. Dans leur courrier, très poli, ils expliquèrent: « nous devons d'ores et déjà vous indiquer que la solution esquissée dans votre correspondance du 2 janvier 2012 ne peut être envisagée en raison de l'insécurité juridique qu'elle engendre, par l'incertitude pour la SNCF de récupérer les navires, par la perte du fonds de commerce, du nom commercial, des systèmes de réservation fret et passager, et donc de l'accès à la clientèle ainsi que les logiciels nécessaires au fonctionnement de la compagnie. (...) Une liquidation pourrait compromettre le projet de reprise par la perte de compétences clés, notamment commerciales, informatiques... »
Et paf !


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